Pratique

Le b.a.-ba d’une toiture en bon état

Quand? Quoi? Pourquoi? Un expert vous donne les clés pour comprendre ce qu’implique l’entretien de votre toit et assurer sa pérennité. Explications.

Entre les impacts de grêle en avril et les orages estivaux, il n’y a plus de période idéale pour effectuer l’entretien.
Entre les impacts de grêle en avril et les orages estivaux, il n’y a plus de période idéale pour effectuer l’entretien. - Copyright (c) Cime Toitures SA
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Élément principal d’un bâtiment, la toiture n’a pas qu’une simple vocation esthétique. Équipé comme il se doit, le toit protège la maison des écarts de températures, des intempéries, de l’humidité, du gel, des fortes chaleurs… et des factures salées. Sa durée de vie moyenne se situe entre 30 et 50 ans (selon les matériaux choisis pour sa réalisation) mais le but pour tout propriétaire est, bien entendu, d’atteindre la partie haute de cette fourchette. Or, le meilleur moyen d’y arriver est également le moins usité de nos jours: effectuer un entretien régulier. Alex Chabod, directeur de Cime Toitures, détaille avec nous cette pratique.

Pourquoi?

Trois raisons démontrent l’importance de réaliser, aujourd’hui plus que jamais, un entretien régulier de sa toiture. Premièrement, car les toitures se sont complexifiées. «Elles protègent beaucoup plus de choses qu’avant, elles sont soumises à davantage de normes, d’objectifs durables et les choses se surajoutent sur le toit, notamment les fonctions (végétalisation, captation météorologique, solaire…), il faut donc s’assurer fréquemment que tout fonctionne», commente le spécialiste. Deuxièmement, les toitures sont de plus en plus mises à rude épreuve lors d’intempéries climatiques qui, par ailleurs, sont de moins en moins prévisibles. Ce qui provoque des micro-dégâts menant à de gros endommagements s’ils ne sont pas détectés/traités à temps.

Enfin, tout coûte de plus en plus cher, notamment les matériaux. «Les propriétaires sont donc incités à faire durer leur toiture le plus longtemps possible pour éviter des rénovations onéreuses», assure Alex Chabod. C’est pourquoi, un entretien régulier est fortement recommandé, et ce, même sur une toiture neuve. Sa durée de vie pouvant ainsi se voir rallongée de 10 à 20 ans (selon le type de couverture).

La durée de vie moyenne d’une toiture se situe entre 30 et 50 ans (selon les matériaux choisis pour sa réalisation).diaporama
La durée de vie moyenne d’une toiture se situe entre 30 et 50 ans (selon les matériaux choisis pour sa réalisation).

Quoi?

Entretenir un toit signifie contrôler, nettoyer et réparer les éléments qui assurent son fonctionnement. De manière générale, il s’agit d’inspecter l’état global de la toiture, sa ferblanterie, sa couverture, sa végétalisation ou encore la saleté de ses installations, les panneaux solaires notamment (on estime entre 10 et 20% de pertes annuelles d’efficacité pour des panneaux non nettoyés). Dans un deuxième temps, il faut essayer d’identifier des signes d’infiltration d’eau. Toutes les pièces exposées aux variations de températures et aux intempéries sont dès lors sujettes à des changements, des dilatations et donc de potentielles fissures.

L’entretien consiste aussi à vérifier la présence ou non de mousse qui, avec le temps, aura tendance à se développer sur le revêtement de la couverture. Cette mousse peut devenir problématique car elle maintient constamment de l’humidité contre le toit et peut alors provoquer des dégâts en hiver lors de gel. L’état des lieux se fait également au niveau des chéneaux qui permettent de canaliser l’eau de pluie et de la mener dans les canalisations d’eaux claires. Ces voies d’évacuation devant toujours être libres, il est important de les vider et d’en sortir les feuilles 1 à 2 fois par année.

Pour finir, les larmiers, virevents, sous-lattes, lambrissages et berceaux sont des éléments qui peuvent former les corniches d’un toit. Dans la plupart des cas en épicéa raboté, peint d’usine ou par le peintre, des retouches sont régulièrement requises afin d’empêcher l’eau d’entrer dans le bois, surtout pour les éléments les plus exposés aux intempéries (larmiers et virevents).

Quand?

Tandis que pour les bâtiments professionnels, un entretien saisonnier est recommandé (2 à 4 fois par an), pour les particuliers, une visite annuelle s’avère suffisante. Le tout étant de ne pas laisser son toit sans vérification durant deux à trois ans, ce qui laisse le temps à la mousse et autres désagréments de s’installer. En effet, deux jours de dégâts causés par une accumulation de non-entretien peuvent coûter par la suite des dizaines de milliers de francs de réparations.

En ce qui concerne la période à privilégier pour l’entretien annuel de sa maison, «autrefois, cela se faisait plutôt après l’hiver, car c’est à ce moment-là que les toits sont le plus sollicités. À présent, c’est toute l’année. Entre les impacts de grêle en avril et les orages estivaux, sans cesse plus fréquents, il n’y a plus vraiment de période adéquate», souligne Alex Chabod. Avant d’ajouter: «en réalité, tout dépend de l’environnement. Par exemple, là où les maisons sont en basse altitude avec une forêt de feuillus qui va laisser tomber beaucoup de branches et feuilles, nous aurons tendance à passer juste après l’automne pour avoir des chéneaux prêts à évacuer l’eau qui s’écoule durant l’hiver. Il est néanmoins difficile d’établir des règles absolues.»

Entretenir c’est inspecter la ferblanterie, la couverture, la végétalisation ou encore la saleté des panneaux solaires.diaporama
Entretenir c’est inspecter la ferblanterie, la couverture, la végétalisation ou encore la saleté des panneaux solaires.

Pour quels toits?

Certaines toitures méritent plus d’attention que d’autres. À commencer par celles dotées d’installations complexes. À l’instar de la toiture végétale qui demande le plus de contrôles (2 à 4 fois par an) pour vérifier que la couche de végétaux soit toujours étanche et que l’évacuation des eaux de pluie soit bien dégagée, mais le solaire peut également poser problème. «Nous constatons une augmentation des dégâts liés au photovoltaïque. Trop de panneaux sont encore installés sur des toits et des supports inadéquats», indique l’expert.

Ces cas particuliers mis à part, les toitures les plus sensibles, nécessitant davantage d’entretien que les autres, sont les toits plats. En général plus exposés à des problèmes d’infiltration d’eau, un contrôle sera alors nécessaire avec plus de régularité qu’un toit en pente couvert d’ardoises (matériau lourd et naturel offrant une grande protection/ résistance dans le temps mais qui est cher). Bien que la toiture magique sans aucun entretien n’existe pas, Alex Chabod pointe du doigt une pesée des intérêts systématique à faire: «comme souvent, ce qui va être cher à l’installation, va à priori durer plus longtemps. Donc un toit plat qui ne coûte pas cher au m2 devra la plupart du temps être changé avant qu’il ne pose des problèmes. Au contraire, des toits en ardoise vont tenir nettement plus longtemps mais tablent sur des prix 2 à 3 fois plus élevés à l’installation.»

Par qui?

Souvent tenté d’effectuer cet entretien tout seul, le propriétaire doit cependant prendre garde. Pour commencer, au-delà d’une maison de 2 mètres, la règle est d’être deux pour toucher au toit, être équipé d’harnais, sur une ligne de vie, et cela vaut tant pour les professionnels que les privés. Un accident étant vite arrivé...

Alors lorsqu’un propriétaire souhaite malgré tout nettoyer sa toiture, il est important de ne jamais être seul, de porter un équipement de sécurité et de ne pas se servir d’un jet haute pression (type Kärcher) puisque celui-ci rendra poreux les revêtements. En outre, sur les immeubles à toit plat, dont l’accès est pourtant aisé, l’expert recommande quand même un entretien annuel réalisé par un professionnel. «En terme de connaissances, il faut contrôler certains aspects qui relèvent du détail, certains défauts qu’un concierge par exemple ne saurait déceler», conclut-il.