Distribution - Valais

L'hyperproximité selon Edelweiss

A l'époque des (très) grandes surfaces, l'enseigne valaisanne, détenue par le groupe 13 étoiles Pam Valais depuis 2019, a réinventé le concept d'épicerie de quartier. Et ça marche!

Cinq magasins Edelweiss ont été inaugurés en 2020
Cinq magasins Edelweiss ont été inaugurés en 2020 - Copyright (c) LDD
diaporama

En Valais, plusieurs chaînes avaient exploité le modèle du point de vente au coin de la rue. La plupart avaient renoncé, ce qui avait instauré un sérieux doute quant à la viabilité de cette approche. En 2008, Sébastien Bruchez avait décidé, contre toute évidence, de ressusciter cette formule en créant Edelweiss. Son groupe indépendant allait connaître une croissance rapide. Les deux premières années déjà, pas moins de six magasins avaient été ouverts. L’une des particularités de ces surfaces de vente est qu’elles présentent un écosystème mixte qui relève à la fois à la fois du supermarché et d’un lieu de rencontre proposant plusieurs services à la population.

Prime au local

«Notre stratégie consiste à acheter local chaque fois que cela est possible et si cela fait sens pour nos clientsdiaporama
«Notre stratégie consiste à acheter local chaque fois que cela est possible et si cela fait sens pour nos clients

De facto, Edelweiss rassemble sous un même toit une multitude d’offres et de prestations agrégées qui vont des opérations postales à la fromagerie en passant par des cafés. Plus surprenant, les taxiscourses. Disponible à Nax et Vollèges, ce service de voiturage des clients vient les chercher chez eux, les amène faire leurs courses, puis les raccompagne à leur domicile, tout ceci gratuitement. Les personnes à mobilité réduites et celles résidant dans un rayon de dix minutes autour du magasin y ont accès. L’autre idée forte d’Edelweiss tient au recours à des fournisseurs de proximité pour réduire les coûts de transport. Pas moins de 30% de l’assortiment est de cette nature. «Notre stratégie consiste à acheter local chaque fois que cela est possible et si cela fait sens pour nos clients. Les marges sur ces produits sont plus intéressantes, car il y a moins d’intervenants entre le producteur et la mise en rayon», confirme Albert Asanovic, l’un des membres de la direction. La plupart des collaborateurs engagés habitent dans les environs du magasin afin de privilégier des contacts personnalisés avec la clientèle.

Un plus un

En 2019, Sébastien Bruchez avait décidé de vendre son groupe, alors qu’il possédait 29 magasins. Il avait expliqué dans les médias que cette option avait été motivée par la nécessité de pérenniser les emplois dans la perspective des fortes pressions à venir du marché. Sébastien Bruchez (qui avait initialement fait carrière dans l’agroalimentaire) était toutefois resté un temps directeur de l’enseigne. Le repreneur de l’intégralité de ses actions a été Alain Claret. Cet entrepreneur de Saxon détient le groupe 13 étoiles Pam Valais, l’un des opérateurs historiques sur ce créneau de l’hyperproximité. L’ensemble des emplois et des points de vente avaient pu être préservés à l’issue de cette acquisition. En réalité, les deux sociétés n’étaient en concurrence quasiment nulle part. De toute manière, l’objectif d’Alain Claret (qui possède également plusieurs stations-service dotées de shops) consistait à développer et non pas à fermer des magasins. Le succès a été au rendez-vous.

Une expansion soutenue

Nous sommes le dernier acteur privé en dehors des grands groupes. Nous voulons vraiment devenir une alternative de consommation

Albert Asanovic, membre de la direction d'Edelweiss

Pour ne prendre que l’année 2020, cinq nouveaux Edelweiss ont été inaugurés. Mi-mai une boucherie artisanale a été inaugurée à Fully. Début juin, un magasin a ouvert ses portes à Champex-Lac. Fin juillet, un autre point de vente accompagné d’un café a vu le jour à Chippis. Vérossaz a suivi à la fin de l’automne et Orsières en décembre. Désormais, 13 étoiles Pam Valais, propriétaire d’Edelweiss, emploie 450 collaborateurs et contrôle 63 commerces. Sur le plan de la gestion, cette taille critique permet d’utiliser un levier plus important lors des négociations avec les fournisseurs. «Nous avons un objectif de développement à 100 points de vente d’ici à 2035. Nous sommes le dernier acteur privé en dehors des grands groupes. Nous voulons vraiment devenir une alternative de consommation», avance Albert Asanovic. En parallèle, une intensification de la collaboration avec les sociétés à but non lucratif et les associations proches de nos magasins est prévue, tout comme la poursuite de la lutte contre le gaspillage alimentaire. François Praz

L’effet positif de la pandémie

«Le mot proximité n’a jamais aussi bien porté son nom! Le Covid-19 a redistribué le chiffre d’affaires de l’ensemble du tourisme d’achat à l’intérieur du pays, en particulier lors des confinements. Nos clients ont constaté qu’ils pouvaient compter sur nous», précise Albert Asanovic, membre de la direction d’Edelweiss. Dans ce contexte, des défis se sont présentés à plusieurs niveaux: tout d’abord, l’approvisionnement, puis l’introduction et le respect des mesures sanitaires qui changeaient quasi toutes les semaines et, enfin, la logistique avec l’organisation de livraisons à domicile à destination des aînés et des personnes à mobilité réduite. Dans ce registre, Edelweiss a collaboré intensivement avec les communes et les associations qui l’ont aidée à mettre en place un système de ce type, ce que d’autres acteurs du marché avaient refusé de faire. «Au final, le bilan reste positif, mais d’un point de vue métier uniquement, puisqu’il y a eu un effet d’apprentissage. En cas de reconfinement, nous serons mieux outillés pour répondre aux attentes des clients», ajoute Albert Asanovic.