Chronique chez soi

Au lit !

On y passe un tiers de sa vie. Où ça? Dans son lit bien sûr! De la taille à la literie, en passant par le matelas, il faut donc y accorder la plus grande importance.

«La literie, on vous dit régulièrement qu’il faut des tons clairs, apaisants et bla bla bla. Sur la mienne il y a des jolies têtes de mort.»
«La literie, on vous dit régulièrement qu’il faut des tons clairs, apaisants et bla bla bla. Sur la mienne il y a des jolies têtes de mort.» - Copyright (c) LDD
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Comme on fait son lit, on se couche dit-on. Métaphoriquement cela veut dire qu’il faut assumer les conséquences de ses actes. Au premier degré, cela signifie qu’il faut prendre soin de son lit si l’on veut espérer dormir correctement. Le lit, c’est l’un des éléments les plus importants de la maison. Avec la table de la cuisine. Le canapé du salon. Et la baignoire. C’est quand même un endroit où l’on passe un tiers de notre vie. Si si! Calculez 8 heures par nuit, sur 80 ans d’existence, cela représente 233’600 heures de sommeil, à savoir l’équivalent de 26 ans! Bon, moi je ne dors pas 8 heures, hélas, Dieu sait si j’aimerais, mais quand on vieillit on redevient bébé, on ne fait plus ses nuits. En revanche, j’adore mon lit pour y faire tout un tas d’autres choses. Et pas seulement ce que vous croyez.

La taille compte

Déjà, la question de base est: quelle taille? Vous me rétorquerez que cela dépend de la grandeur de la chambre. Oui, j’adorerais un lit à baldaquin, mais nous sommes assez peu nombreux à disposer de pièces qui ressemblent à des salles de bal. C’est pour ça que le 140 centimètres se vend bien. Personnellement, je trouve trop petit. Que je dorme seule ou à deux, j’ai le côté «table de nuit» pour: la lampe, le réveil, les livres, les médicaments, le verre d’eau, les crèmes diverses, le chargeur et les lunettes de lecture, (non je n’ai pas encore le dentier). Et le côté «bordel sur le lit» pour entreposer les autres livres, les journaux, l’ordinateur, le téléphone, le chat, le chocolat noir, voire un monsieur si ça se présente. Donc 160 cm. c’est bien. 180, ça commence à faire King Size d’hôtel américain et vous risquez de perdre le monsieur et le chat au cours de la nuit, mais c’est de plus en plus demandé, y compris le 200 x 200. Cela correspond à la tendance du moment, accentuée par la pandémie, du bed-in, tout faire au lit, même recevoir ses potes pour papoter, se faire les ongles ensemble, regarder une série, manger des sushis. Pour les 16-25 ans, le lit, c’est le nouveau salon. Et cela se vérifie dans la mode, car les gens vivent, bossent et sortent désormais en survêtement ou en style pyjama.

Le dilemme du matelas

La tendance du moment, accentuée par la pandémie, du «bed-in», tout faire au lit.

Ensuite se pose le problème du matelas. Oui, vous croyez que c’est simple, on trouve la bonne taille, et hop, on embarque. Eh bien non, il y a ressort ou mousse, il y a ferme, mi-ferme ou souple, il y a 13, 20, 24, 26 centimètres d’épaisseur, il y a le matelas «normal» et le matelas «à mémoire de forme, qui épouse parfaitement la morphologie du dormeur en reprenant la forme exacte de son corps», il y a le matelas avec côté hiver et côté été, il y a le matelas à 150 francs et le matelas à 3000 francs. J’ai fait l’exercice récemment avec mon nouveau compagnon, exit le matelas vieux de vingt-cinq ans dans lequel j’ai tout vécu, les plaisirs, les nuits avec ou sans sommeil, les gastros des enfants ainsi que les miennes, il était aussi ramolli que moi, changement de mec, changement de matelas! Et donc nous voilà, avec mon chéri, dans le magasin. Nous n’aurons pas d’enfant ensemble, la nursery étant fermée depuis un moment, mais acheter un matelas est un geste intime qui marque un engagement. Et c’est un grand moment de poésie que de se coucher tout habillés devant la vendeuse «Alors, c’est trop dur tu trouves? Pour ton dos ça va aller? Ah tu préfères la mousse? C’est bien qu’il soit haut, c’est plus facile pour descendre du lit après...». Un exercice qui teste la solidité du matelas et celle du couple!

Enfin, il y a la literie. On vous dit régulièrement qu’il faut des tons clairs, apaisants et bla bla bla. Sur la mienne il y a des jolies têtes de mort que j’aime beaucoup. Par contre, le duvet ne convenait plus non plus. Trop léger. Une bonne couette doit avoir un certain poids. Sans vouloir faire du docteur Freud de supermarché, ça pourrait être lié au sentiment de sécurité ressenti par le petit humain dans l’utérus de sa mère. On emmaillote les bébés, mais après, les grands, pouf ils se retrouvent exposés à la fureur du monde et c’est pour ça qu’ils se pelotonnent tous les soirs en position fœtale dans un duvet douillet. Il existe même désormais des couvertures lestées pour adultes, qui pèsent entre 6 et 8 kilos et aident justement à lutter contre l’anxiété et le stress. Je vous jure que c’est vrai.

Voilà! Mon lit est paré et c’est probablement mon endroit préféré sur la Terre. Mais je n’oublie pas qu’il s’agit d’un objet très, très dangereux. Car comme le disait l’écrivain américain Mark Twain, «99% des gens y meurent».