68e BRAFA Art Fair

Bruxelles brille par l'Art nouveau

01.03.2023 à 07:23/Prestige immobilier

Quelque 65’000 visiteurs ont afflué dans la capitale de l’Art nouveau du 29 janvier au 5 février à la 68e BRAFA Art Fair, une des foires d’art et d’antiquités les plus réputées du monde. Sismographe du marché, c’est aussi l’une des plus conviviales, avec 130 exposants issus de 15 pays. Coup de projecteur sur quelques œuvres de galeries genevoises venues en force à Bruxelles.

Bernar Venet (Château-Arnoux- Saint-Auban, 1941), « Deux arcs penchés », 2008, acier laminé à patine noire.
Bernar Venet (Château-Arnoux- Saint-Auban, 1941), « Deux arcs penchés », 2008, acier laminé à patine noire.
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Le ton est donné dès l’entrée : le tapis sur lequel nous marchons n’est pas un tapis rouge, mais un élégant tapis noir et blanc dont les arabesques florales trouvent leur inspiration dans des dessins originaux de l’architecte belge Victor Horta, un des pères fondateurs du mouvement de l’Art nouveau. Ce courant artistique né à Bruxelles en 1893 a essaimé par la suite dans le monde entier. Il se voulait être une réaction à la « laideur » des bâtiments de la Révolution industrielle et de leurs lignes droites. À l’opposé, Victor Horta se faisait le défenseur de la ligne courbe qui, selon lui, reflète la beauté et la spontanéité de la nature.

Nicolas de Liederkerke et Daniel Culot, qui ont designé l’espace occupé par la BRAFA cette année, ont repris certaines idées de Horta. Du tapis à la sculpture moderne placée au centre de l’exposition faisant allusion au puits de lumière naturelle zénithale, les deux architectes sont restés fidèles à l’esprit du père fondateur de ce mouvement tout en assumant pleinement leur modernité. Ainsi, ils ont su créer un univers raffiné où alternent peintures anciennes et art contemporain, verrerie, joaillerie, mobilier, sculpture, arts premiers, dessins, textiles et tapis, sans oublier livres rares, gravures et planches originales de BD. Près de 15’000 objets ont été exposés sur une surface de 21’200 m2.

Plusieurs galeries genevoises ont fait le déplacement à Bruxelles car la BRAFA est non seulement un lieu de prédilection des collectionneurs et des passionnés, mais on peut aussi y faire des affaires. Fidèles au rendez-vous, acheteurs et exposants ont coutume de s’y rencontrer dans une ambiance conviviale. Une centaine d’experts vérifient pendant deux jours l’authenticité, la qualité et l’état de conservation des différentes pièces.

  • GALERIE SCHIFFERLI, GENÈVE

Dirigée par Patrick Pouchot-Lermans, la galerie Schifferli est spécialisée dans les peintures du XXe siècle: Picasso, Braque, Kandinsky, mais aussi Miró, Dalí, Magritte, Nicolas de Staël…

Bernar Venet (Château-Arnoux- Saint-Auban, 1941), « Deux arcs penchés », 2008, acier laminé à patine noire.

Né dans les Alpes-de-Haute-Provence, Bernar Venet s’est fait connaître par ses sculptures en acier et ses œuvres conceptuelles.

  • GALERIE DE JONCKHEERE, GENÈVE ET PARIS
Pieter Huys (Anvers, 1591-1584): « La tentation de Saint-Antoine ».diaporama
Pieter Huys (Anvers, 1591-1584): « La tentation de Saint-Antoine ».

La galerie de Georges et François De Jonckheere fait autorité dans l’étude et la vente de tableaux flamands des XVe, XVIe et XVIIe siècles.

Pieter Huys (Anvers, 1591-1584) : «La tentation de Saint-Antoine».

Peintre flamand d’allégories morales fantastiques dans l’esprit du « Jardin des délices » de Jérôme Bosch, Pieter Huys a aussi produit des tableaux dans le style de Brueghel et des caricatures anti-catholiques.

  • GALERIE GRAND-RUE, GENÈVE
«Gouache de Camille de Vito, actif à Naples entre 1790 et 1835.» «Eruption du Vésuve de 1812».diaporama
«Gouache de Camille de Vito, actif à Naples entre 1790 et 1835.» «Eruption du Vésuve de 1812».

Active depuis plus de 30 ans à Genève, Marie-Laure Rondeau a acquis une expertise toute particulière sur les gouaches napolitaines, les artistes suisses, G.B. Piranesi, David Roberts et les livres de montagne.

«Gouache de Camille de Vito, actif à Naples entre 1790 et 1835.» «Eruption du Vésuve de 1812».

Camille de Vito est un des rares artistes de Naples à signer ses gouaches. Fasciné par les contrastes, c’est un maître des représentations nocturnes des éruptions du Vésuve.

La Bruxelles secrète de Kate Milie.diaporama
La Bruxelles secrète de Kate Milie.

La Bruxelles secrète de Kate Milie

Si la BRAFA a fermé ses portes, le parcours des ouvrages bruxellois de l’Art nouveau se visite néanmoins tout au long de l’année. Il y a aussi la possi-bilité d’explorer la ville avec l’autrice Kate Milie, experte de l’Art déco et de l’Art nouveau. Pour accompagner les non-initiés sur un itinéraire, parfois trop balisé, des monuments bruxellois incontournables de l’Art déco, elle partage de manière ludique sa passion pour ce courant architectural des années 1920. Kate Milie a ciselé un polar qui fait aussi office de guide d’une Bruxelles insolite. « C’est devant ce vieil ascenseur de Victor Horta, le pape de l’Art nouveau, que j’ai eu le flash », se souvient Kate Milie, attablée au café Bozar, à côté du Palais des Beaux-Arts. « Il fallait que la victime meurt d’un incendie dans cet ascenseur. J’ai songé aux quatre éléments associés aux quatre as du jeu de cartes déposés sur quatre lieux de crime par un assassin féru d’Art nouveau et d’Art déco. »

La première victime est jetée dans les airs depuis la basilique de Koekelberg, la deuxième noyée dans la baignoire de l’ancien hôtel de passe L’Espérance, et la troisième périt dans l’ascenseur du Bozar. Ne disons rien sur la quatrième… Suivez les indications géographiques de son polar qui vous feront découvrir ces quatre lieux emblématiques de l’exubérance des Années folles. Et sous la plume humoristique, poétique et un rien déjantée de Kate Milie, ne manquez pas «Bruxelles LOVE», 60 balades secrètes pour amoureux.
« Bruxelles LOVE », par Kate Milie, Éditions 180 degrés, 122 p., dont 18 illustrations en quadrichromie de Quentin Heroguer, 2022.