CCHE, entre tradition et avant-garde
Acteur majeur et reconnu dans le monde de la construction régionale, le bureau d’architectes CCHE multiplie les collaborations internationales ambitieuses. Zoom sur deux d’entre elles.
Avec ses 16 associés et ses 350 collaborateurs, le bureau d’architecture CCHE conçoit et réalise des lieux de vie innovants et durables, pensés pour façonner l’avenir. De ses origines en 1905 avec l’architecte vaudois Charles Brugger à sa création en 1955, CCHE n’a cessé d’innover, d’être à l’amont des tendances et surtout d’adapter ses ouvrages à l’air du temps. Une envie de se dépasser qui se concrétise par un fort engagement dans différentes collaborations internationales.
Un pavillon porté par un vitrage incurvé
Ainsi, le célèbre pavillon en forme de Spirale du Musée Atelier Audemars Piguet (MAAP) est le fruit d’une coopération fructueuse avec les «starchitectes» danois BIG (Bjarke Ingels Group). Niché dans le paysage féerique et vallonné du Brassus, ce tourbillon futuriste complète l’atelier historique de la manufacture créée en 1875 par Jules Louis Audemars et Edward Auguste Piguet. «D’une extrême complexité technique, il a nécessité six années de développement, menés main dans la main avec la marque horlogère, le bureau BIG et nous-mêmes» commente Hannes Ehrensperger, architecte associé du bureau CCHE. Surplombant le parking souterrain, la double spirale végétalisée est connectée à deux bâtiments existants: le siège administratif et le bâtiment historique qui accueille aujourd’hui des salles d’exposition, un atelier horloger, des salles de conférence et des bureaux. Une fois franchie l’entrée principale, les visiteurs pénètrent dans le Hall des Fondateurs, un espace baigné de lumière zénithale. L’itinéraire muséal se prolonge en pente douce – les sols suivent différentes inclinaisons afin de s’adapter à la pente naturelle du terrain - en direction du centre de la Spirale. Fait remarquable: le vitrage incurvé des différentes baies soutient entièrement le toit en acier. «Une première mondiale à cette altitude!».
Toujours dans la vallée de Joux, CCHE a réalisé le nouvel Hôtel des Horlogers également conçu par BIG. Ce bâtiment à l’archi-tecture avant-gardiste suit la topographie naturelle du terrain grâce à des dalles disposées en zigzags qui s’avancent progressivement vers la prairie.
Conçu comme un enchevêtrement de rampes de six étages, il compte cinquante chambres, deux restaurants, un lobby, des salles de séminaires, un spa et un parking souterrain. Les toitures en rampe sont végétalisées. L’ouvrage est entièrement construit en béton armé, à l’exception des toitures des chambres qui sont des dalles mixtes bois-béton. Chauffé au bois et doté de 126 panneaux photovoltaïques qui assurent une partie de l’apport en énergie nécessaire à l’établissement, il répond aux normes éco-responsables les plus exigeantes.
Une icône japonaise à l'EPFL
Autre collaboration de taille, celle que le bureau a mené avec l’iconique bureau japonais Kengo Kuma and Associates sur le projet EPFL Pavilions. «En tant que partenaire local, nous avons été en charge de la coordination et des négociations avec les autorités locales, les ingénieurs et les différents intervenants, poursuit Hannes Ehrensperger. CCHE s’est également occupé de la gestion et de l’établissement des dossiers d’exécution ainsi que des études de détails pour garantir la bonne exécution du bâtiment selon l’esprit voulu par Kengo Kuma.» Le résultat est spectaculaire.
En arrivant depuis l’Esplanade, l’oeil embrasse d’un seul regard ce bâtiment pensé pour instituer un dialogue entre la science et l’art. Tout en longueur – 230 mètres – l’ensemble se présente sous la forme d’un polygone qui pourrait s’inscrire dans un triangle. La toiture en ardoise noire forme une vague torsadée qui recouvre trois pavillons en bois ouverts au public. Deux d’entre eux constituent l’espace d’expérimentation muséale et accueillent les expositions. Le troisième abrite le Montreux Jazz Café. La structure porteuse est, quant à elle, composée de simples lames. «Chaque lame a une forme distincte en raison des divers pans inclinés de la toiture mais aussi parce que la largeur des pavillons varie entre 6 et 16 mètres.» Les façades sont habillées selon les besoins, de vitrages ou de panneaux de bois gris, alors que les avant-toits sont garnis de bois clair de provenance indigène. En 2017, les deux bureaux ayant appréciés leur collaboration, CCHE a annoncé le démarrage d’une nouvelle aventure commune: le développement et la mise en œuvre de la Rési-dence étudiante du Grand Morillon, qui accueille les étudiants de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID). «Nous avons non seulement appuyé le bureau Kengo Kuma dans le développe-ment du projet et l’avons accompagné dans la mise en œuvre du bâtiment, mais avons également développé l’identité visuelle du site et sa signalétique» détaille Hannes Ehrensperger. Situé dans le quartier des Nations, au Petit-Saconnex, quatre éléments architecturaux forts définissent cet ouvrage: une balade graduelle taillée dans la façade qui lie les bâtiments et leurs activités de bas en haut, une passerelle réunissant les deux corps du bâtiment, une façade métallique avec ouvrants coulissants et des espaces intérieurs esthétiques et fonctionnels. Les espaces intérieurs, qui utilisent la chaleur du bois en contraste avec des coloris gris et blanc, mixent des zones publiques et privées. Ce projet, d’une surface de 24’000 m2, accueille désormais près de 750 étudiants ainsi que des activités liées à l’institut.