Phonak Communications

Comment avoir chaud sans chauffer ?

Il fait moins 2 degrés ce matin sur les bords du lac de Morat. La température idéale pour visiter le nouveau centre R&D, vente et marketing de Phonak Communications, bâtiment conçu pour fonctionner sans chauffage.

L’escalier magistral multi-entrées se convertit à souhait en aula et est fabriqué en épicéa suisse.
L’escalier magistral multi-entrées se convertit à souhait en aula et est fabriqué en épicéa suisse.
diaporama

Inauguré en avril 2021 lors d’une présentation virtuelle, cet écrin pouvant accueillir 180 collaborateurs vise le zéro carbone. Dès lors, comment atteindre 22 degrés dedans alors que dehors les fontaines gèlent ?

« Chaque être humain rayonne de 100 Watts au minimum, comme une ampoule qui chauffe. Vous ajoutez à cela des ordinateurs et des serveurs et vous obtenez de la chaleur. Si on peut garder cette énergie présente à l’intérieur, on peut chauffer », explique Evert Dijkstra, CEO fraichement retraité de Phonak Communications, société du groupe Sonova. L’édifice de 4100 m2 bénéficie donc d’une enveloppe isolante de haute qualité. Ses murs épais sont construits en briques rouges remplies de perlites, une pierre volcanique fonctionnant comme un isolant minéral dont la conductivité thermique ou lambda est de 0,08 W/m. Mais ce n’est pas tout.

« Nous avons aussi mis en place un système de redistribution de la chaleur entre les deux étages, par le sol et le plafond», note-t-il en montrant la dalle active et une hauteur de pièce très confortable permettant d’optimiser l’échange thermique. « Comme tout le concept était nouveau, nous avons dû beaucoup simuler en amont, ajoute-t-il. Le résultat est conforme aux prévisions. Nous sommes une des premières entreprises de Suisse conçue de la sorte. »

La peinture blanche des murs extérieurs réfléchit la lumière.diaporama
La peinture blanche des murs extérieurs réfléchit la lumière.

Aération naturelle

Et l’été ? Une aération régulière par clapets automatisés situés vers les fenêtres triple vitrage permet une ventilation naturelle, utile aussi bien en hiver qu’en été lors de canicules. Par ailleurs, toutes les fenêtres sont orientées de manière à ne pas recevoir le rayonnement solaire en direct, afin d’éviter la surchauffe. Nul besoin de climatisation donc. Un plan B existe tout de même, avec des pompes à chaleur. Elles se mettent en marche si la température intérieure n’est plus comprise entre 21 et 26 degrés. C’est le cas par exemple lors des congés de Noël, mais pas fin janvier par -2°.

Lampes anti-bruit

Les lampes de la cafétéria absorbent les sons.diaporama
Les lampes de la cafétéria absorbent les sons.

En toute logique pour une société experte dans la technologie auditive, l’acoustique du lieu revêt une importance particulière. Les lampes de la cafétéria absorbent les sons. C’est le cas également des panneaux acoustiques discrets qui cloisonnent les pièces et notamment les 30 salles de conférences. « La plupart sont pour quatre personnes, afin de faire des micro-séances ou de relire un brevet au calme », observe celui qui a passé plus de 20 ans à la tête de Phonak. Enfin, outil indispensable pour l’entreprise, plusieurs chambres acoustiques sans son ou salle RF sans écho permettent de tester leurs derniers développements.

Energie grise

Tout a été soigneusement pensé. La peinture blanche des murs extérieurs réfléchit la lumière. L’escalier magistral multi-entrées se convertit à souhait en aula et est fabriqué en épicéa suisse. L’électricité produite avec des panneaux PV couvre les besoins de l’entreprise, l’excédent étant redistribué. Même le bloc WC, un ilot central unique, est positionné pour pousser les collaborateurs à bouger et se rencontrer. L’équipe de projet s’est fixé une autre contrainte ; celle liée à l’énergie grise. « Plus de 90% des matériaux devaient être réutilisables. C’est donc naturellement que le bois a pris une place importante dans le bâtiment », pointe-t-il.

Coûts souverains

« La démarche globale est écologique, mais également économique, précise Evert Dijkstra. Nous économisons plusieurs centaines de milliers de francs, entre l’électricité et le chauffage. Ces coûts revenaient chaque année.» Un autre levier d’économie est apparu lors de la planification du bâtiment. «Généralement, les infrastructures techniques représentent 30% du coût de construction. Or ici, la proportion est de 10 % seulement, puisque la machinerie est très fortement réduite. Ce gain se retrouve dans l’espace occupé traditionnellement par des chaudières et autres vecteurs d’énergie. « Actuellement, moins de 2% de la surface du bâtiment est occupé par notre local technique. On peut donc en faire quelque chose de plus intéressant», souligne l’ingénieur en micro-électronique.

Phonak Communications et le bureau d’architectes zurichois OOS ont ainsi revisité des codes de construction pas si récents, finalement. « En effet, sous certains aspects, notre bâtiment high-tech possède des principes d’il y a trois siècles, proche d’une cathédrale, avec des murs épais, des espaces plus petits et de rencontres, s’amuse le passionné de technologie. Mais le budget de 20 millions de francs et les délais ont été respectés, à un mois prêt. »