Conseils pratiques pour sécuriser son bien
Si fin d’année rime souvent avec repas longuets, cadeaux ratés et congés bien mérités, le minimum serait au moins de se sentir en sécurité. C’est pourquoi, en cette période privilégiée des cambrioleurs, trois professionnels romands passent en revue tout ce qu’il faut savoir pour éviter les visites d’intrus à domicile.

Qu’on le veuille ou non, personne n’est à l’abri d’un cambriolage. Avec une moyenne journalière de 63 habitations faisant l’objet d’une effraction et 24 d’un vol par introduction clandestine, les Helvètes l’apprennent quotidiennement à leurs dépens. Davantage touchés par ce phénomène que leurs voisins, les cantons de Genève ou Vaud (respectivement 3000 et 3569 cambriolages en 2021) sont d’ailleurs des territoires appréciés des voleurs par rapport à ceux de Fribourg (889 cas) et du Jura (255 cas), bien moins touchés. Une situation qui tend à s’améliorer depuis quelques années, notamment grâce à la pandémie et la présence accrue des habitants chez eux, mais qui reste préoccupante, surtout en fin d’année.
En effet, dès le passage à l’heure d’hiver, rien ne va plus dans nos rues, les cambrioleurs se frottent les mains et tout un chacun devient nettement moins serein. Et pour cause: ces cambriolages dits «du crépuscule» sont ainsi favorisés par la tombée de la nuit avancée et les fêtes de fin d’année qui offrent à loisir des biens inoccupés. Heureusement, des solutions existent pour pallier ce problème récurrent et trois experts romands, Matthias Angehrn, gérant de SecureTech à Neuchâtel, Jonathan Turmel, cofondateur d’ABS group, et Marco Da Silva, directeur adjoint de l’entreprise vaudoise Sedelec, vous les exposent.

Ne pas attendre, agir plutôt que réagir
Matthias Angehrn: Le problème c’est que la majorité des personnes attendent la première infraction pour s’équiper et sécuriser leur bien. Rares sont celles qui s’y prennent à l’avance alors qu’il faudrait penser inversement.
Jonathan Turmel: Même si la population s’est rendu compte que nous ne vivions pas dans un monde de bisounours et qu’il fallait fermer sa porte à clé, il faudrait une prise de conscience plus poussée en matière de sécurisation. Il s’agirait de favoriser la sécurité à la base de tout mais on préfère souvent mettre la priorité et le budget sur la cuisine ou le jardin, alors qu’en matière de confort, c’est tout aussi important.
Simuler pour mieux se protéger
Matthias Angehrn: Tout comme le conseillent les polices cantonales, simuler une présence chez soi est le moindre effort à mettre en œuvre pour sécuriser son bien, donc le premier geste à envisager. On peut avoir une lampe LED automatisée qui s’allume toutes les heures ou alors un téléviseur illuminé par une lumière déclenchée à distance. Au niveau écologique, cette solution n’est pas idéale mais l’effet est plutôt dissuasif. Du moins jusqu’à un certain point puisque les cambrioleurs professionnels prennent le temps d’observer sur la durée le logement et s’aperçoivent assez vite du subterfuge.
La mécanique, c'est quasi-automatique
Matthias Angehrn: Incontournable, la sécurité mécanique comme installer du triple vitrage, des vitres anti-bris de glace, des poignées de portes-fenêtres avec serrures verrouillées, des protections de saut-de-loup ou encore des verrous de portes avec fermeture multipoints… Tous ces éléments mécaniques n’empêchent pas l’effraction mais retiennent le cambrioleur durant quelques minutes décisives pour lui. Dans la plupart des cas, si la résistance est trop importante, le malfaiteur passe à une autre maison.
De la technologie mais pas trop
Matthias Angehrn: Il peut être intéressant d’investir dans un système anti-effraction, ou appelé communément alarme qui, lorsqu’il y a une intrusion, provoque une intervention ou vous alerte en autogestion (moins cher). Des procédés de plus en plus connectés (domotique…) qui peuvent néanmoins favoriser les failles de sécurité lorsque le cambrioleur est doué en informatique.
Marco Da Silva: De plus en plus efficientes et stables, les technologies peuvent reconnaître le propriétaire afin que l’alarme s’enclenche malgré sa présence ou par exemple être munies d’un détecteur de vibration sur les fenêtres. Des connecteurs intelligents qui offrent une levée de doute instantanée et salvatrice, d’autant plus lorsqu’il faut appeler les autorités à se déplacer.
Des fourchettes de prix floues
Matthias Angehrn: La fourchette de prix n’est pas simple à évaluer car il faut effectuer du cas par cas mais elle peut varier de CHF 1’500.- à une facture illimitée.
Jonathan Turmel: Sans être précis, je dirais que pour une maison individuelle, où une alarme simple suffira, pour une sécurisation basique on part sur du CHF 2’000.-/CHF 3’000.-. Alors que pour un appartement, en partant également sur une alarme sans vidéo, sans porte blindée etc., on part sur du CHF 1’500.-/CHF 2’000.-, une facture moins élevée car moins de surface à couvrir.
Marco Da Silva: Avant de parler de chiffres, il faut réaliser un concept de sécurité adapté au client, spécifique aux volumes à protéger, ce qui fait varier totalement la facture d’un bien à l’autre. Le montant peut d’ailleurs être tout à fait raisonnable grâce au bon nombre de détecteurs placés exactement au bon endroit.
Comparer et favoriser le sur-mesure
Matthias Angehrn: Comme abordé dans le point précédent, par rapport au prix, chaque système de protection est personnalisé, car tout dépendra du nombre de pièces, de l’agencement du bien, du nombre d’ouvrants (portes, fenêtres…), de la présence d’un sous-sol ou d’un balcon… Tout cela demande des connaissances qu’un spécialiste est censé apporter à son client.
Jonathan Turmel: Il est important de comparer les prix entre professionnels, demander des devis car on peut voir de tout et de rien sur le marché et surtout ne pas acheter son alarme sur internet, via des sites bon marché, car le risque de fausses alertes et de bugs est inévitable et à long terme ingérable. D’autant plus que le spécialiste saura vous aiguiller pour faire le bon choix car typiquement, pour un appartement en attique, uniquement accessible par la porte palière, l’installation d’une alarme n’est pas forcément justifiée, on peut se suffire d’une porte blindée. A contrario, pour une maison de plain-pied avec une verrière, investir dans des stores de sécurité ou une porte blindée fera moins de sens que de la vidéosurveillance ou une surveillance périmétrique du jardin qui détecte les présences non autorisées avant qu’elles n’atteignent le bien.
Des délais d'attente variables
Matthias Angehrn: Notre secteur étant dépendant de nombreux composants électroniques et les alarmes suisses n’étant pas légion, les importations sont ralenties depuis le Covid et peuvent rallonger à deux semaines les délais d’installation à compter de la demande. Il est donc préférable de ne pas se décider à équiper son bien trois jours avant son départ en vacances.
Marco Da Silva: Tout dépend des éléments. Pour une détection de base, une protection des portes et fenêtres, il est encore possible d’obtenir rapidement son système mais pour les contrôles d’accès et le matériel plus spécifique, l’attente peut se rallonger nettement.

L’esthétique n'est pas la priorité
Matthias Angehrn: Rares sont encore les cas d’installation d’alarme dans les constructions neuves, alors que ce sont des cibles toutes trouvées. Le fait est que les propriétaires n’y pensent pas toujours ou sont mal informés. Les architectes, qui sont leur interlocuteur principal, ne sont pas enclin à ce type d’installation car pas esthétique. Or, c’est un élément qu’il faudrait intégrer dès le départ dans l’enveloppe du budget, et pas seulement après coup.
Marco Da Silva: Les gens veulent la plupart du temps que leur système de sécurité soit esthétique et discret, intégré dans la maison ou l’appartement, sauf qu’au contraire, pour être efficace, la sécurité doit être fortement visible pour dissuader la menace. Il ne faut surtout pas la cacher.
LA PIQÛRE DE RAPPEL:
10 CONSEILS BASIQUES MAIS UTILES
- Ne pas cacher de double des clés (sous le paillasson, dans un pot de fleur…)
- Vérifier l’état des serrures de vos portes (d’entrée, de garage…)
- Investir dans un coffre-fort pour vos valeurs
- Contracter une assurance ménage
- Installer des lumières automatiques aux points clés (entrée, jardin, verrière…)
- Ne pas laisser d’objets facilitant l’intrusion aux abords du bien (échelle, marteau…)
- Ne pas annoncer son départ sur les réseaux sociaux
- Se faire enlever le courrier ou le faire détourner lors d’une absence prolongée
- Planter des haies pour que l’on ne puisse pas observer votre logement
- Verrouiller son cabanon de jardin pour éviter l’accès à divers outils