Energie

Contrôler pour mieux économiser

Réguler soir-même ou automatiquement les dépenses énergétiques d'un logement est bel et bien une réalité technique aujourd'hui. Encore méconnue, cette solution pourrait malgré tout s'avérer une alliée de plus dans la course à la neutralité carbone.

Le monitorage d'E-nno optimise les dépenses énergétiques
Le monitorage d'E-nno optimise les dépenses énergétiques - Copyright (c) DR
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Tandis que les délais d’attente pour installer sa pompe à chaleur ou ses panneaux solaires s’allongent à vue d’œil, d’autres mécanismes d’économies d’énergie sortent peu à peu de l’ombre pour accélérer la transition du pays. Parmi eux, le boîtier d’optimisation lancé par la société lausannoise E-nno. Fondée en 2018 par l’entrepreneur Maël Perret, cette Prop-Tech désormais bien installée dans les rangs des acteurs de la révolution énergétique propose de moduler la production de chaleur d’un immeuble en temps réel. Pour cela, une première étude de potentiel d’optimisation est effectuée sur la base de données publiques, ensuite E-nno installe son boîtier (sur n’importe quel système de chauffage) et collecte trois mois de data en direct, concernant les variations climatiques et le comportement thermique du bâtiment. Une masse d’information à gérer qui est par la suite prise en charge par les algorithmes d’E-nno qui ajustera alors la consommation d’énergie du lieu toutes les quinze minutes en fonction des besoins réels calculés. En moyenne 17% d’économies seraient assurées de cette façon sur la consommation annuelle, en priorité dans les immeubles et grands ensembles. Un autre acteur du domaine, Enastra, mise également sur les parcs de bâtiments pour une optimisation énergétique significative. «La transparence des flux ainsi que des coûts est fondamentale pour la gestion immobilière et nécessite de savoir où, quand et combien d’énergies ont été consommées», décrit Sandra Klinke, porte-parole d’Enastra. Cette fois-ci, les données ne sont pas analysées en simultané mais enregistrées dans un compteur d’énergie et d’eau afin de les étudier quotidiennement à l’aide d’un logiciel en ligne, rendu accessible pour le client. «Contrôler en permanence donne ainsi la possibilité de détecter les dérives et d'en traiter la cause rapidement», souligne Sandra Klinke.

Une maison éco-intelligente

A moindre échelle, des solutions axées «particuliers» permettent elles aussi de mieux contrôler les dépenses énergétiques d’un bien immobilier. A l’image de la société eSMART, installée à Renens, dont l’outil intelligent se déploie dans une maison ou un appartement et monitore l’habitat depuis un écran tactile ou via le smartphone. Gestion du chauffage, de l’eau ou encore de l’électricité, tout est pilotable à portée de doigt et incite à la sobriété. «C’est un gain de temps car tout se coupe et se redémarre à distance si vous partez en week-end par exemple. Une étude faite par Losinger Marazzi sur l’écoquartier Eikenøtt démontre que les économies générées sont en moyenne de 13,2%, à savoir jusqu’à 250 CHF/an pour une famille», précise Dea Bllaca, digital marketing manager chez eSMART. Ce spin-off de l’EPFL qui affiche au compteur plus de 10’000 habitations équipées en Europe, a donc réussi à s’imposer comme leader de ces systèmes connectés et participe à leur démocratisation.

La sobriété seule ne suffira pas

Mais alors, devant toutes ces économies d’énergies potentielles, accessibles en quelques clics, pourquoi ne pas tous adopter ces outils pour avancer vers l’objectif 2050? «Cela fait des années que SuisseEnergie (le programme d’encouragement de la Confédération) pro- pose dans ses brochures des solutions intelligentes pour la population mais ce n’est pas un sujet qui intéresse tous les publics. C’est un thème bien spécifique qui concerne en premier lieu les propriétaires», constate Fabien Lüthi, porte- parole de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). L’offre étant bien présente mais pas encore la demande, l’expert rappelle l’utilité de ce monitorage: «La surveillance de la consommation d’énergie est essentielle pour déterminer où se trouvent les potentiels d’amélioration dans un bâti- ment. Elle informe et sensibilise.» Toutefois, seule, cette mesure ne serait pas suffisante. «Il n’y a pas de solution unique pour relever les défis énergétiques et climatiques, il faut avant tout combiner développement du renouvelable, une enveloppe de bâtiments adaptée, des techniques intelligentes, etc.», conclut Fabien Lüthi.