Création de trois triplex dans un rural
Thierry de Pourtalès a acquis une Propriété à Concise (VD) ainsi que sa ferme adjacente. La restauration de la maison de maître est achevée, reste à transformer le rural.


Le Président de la Section Neuchâteloise de l’association Domus Antiqua Helvetica nous avait donné rendez-vous dans le petit village de Concise, ultime bourgade avant d’arriver en terres neuchâteloises. C’est pourtant bien là que, lui et son épouse, ont eu un coup de coeur voici quatre ans en rachetant la Propriété Du Pasquier et sa ferme adjacente à un promoteur.
Ce promoteur avait prévu de ne mettre en vente que la maison de maître datant du début du XVIIe siècle. Thierry Pourtalès, par ailleurs architecte EPFL de métier, a néanmoins réussi à le convaincre de lui céder aussi la ferme et les communs afin de préserver l’unité du domaine. «Ce promoteur avait initialement prévu de transformer la maison de maître en trois appartements et de créer six appartements dans la ferme. Cela aurait complètement dénaturé l’esprit de ce lieu» nous confie Thierry de Pourtalès. Son but: «préserver la propriété, restaurer la maison de maître et créer trois «triplex de qualité» qui respectent le bâtiment agricole et permettront de dégager un revenu pour permettre une préservation dans la durée».

Dans son jus
«Tout était dans son jus et de qualité, ce qui donnait beaucoup de charme à cet endroit: dans la cuisine, le four à pain, la grande cheminée, l’évier en pierre. Les boiseries, les parquets et le sol en pierre d’Hauterive sont tous également d’origine. Nous avons pu les rénover nous-mêmes», observe celui qui préside aussi la Fondation de l’Hôpital de Pourtalès (lire plus loin la présentation de cette célèbre famille). Un travail minutieux de préservation et restauration a également été effectué dans l’ensemble de la maison par une remise en état des boiseries d’origine, des parquets et planchers, cela même en récupérant
d’anciens matériaux de la même période comme des anciennes planches en vieux chêne pour les seuils et/ou des parties de parquet détruit ou manquant.
«La maison était foncièrement saine, même si la toiture était complètement à refaire. Nous avons enlevé des faux plafonds et également le plancher stratifié qui avait été posé sur le vieux plancher d’origine, ce qui l’avait heureusement préservé. Les étages, y compris les chambres de bonnes situées sous les combles, étaient utilisées par les anciens propriétaires comme des logements secondaires semi-privatifs et nous avons pu rétablir l’unité de la maison à travers tous ses niveaux.»

Les travaux de restauration sont intervenus sans changer la typologie. Il s’est agi d’une restauration simple. «Tout a été fait dans les règles de l’art: les façades à la chaux, l’huilage des parquets, l’ensemble avec uniquement des matériaux naturels et utilisés à l’époque».
Prochain démarrage du chantier
L’architecte nous informe que les plans pour la transformation de la ferme seront déposés cet automne, dans l’espoir de pouvoir entamer ce second chantier d’ici à l’été prochain. «Il existe déjà un petit appartement de service qui est conservé dans la ferme, ainsi qu’un autre logement au sud et deux grands garages à bateau. «Nous allons créer trois triplex en respectant la structure du bâtiment. Ce seront des logements traversants et s’ouvrant en direction du lac. La toiture côté sud sera largement ouverte sur le lac et les Alpes. Ce choix a été opéré en raison de l’architecture structurelle du bâtiment. Cela va permettre de respecter et mettre en valeur la structure originale et une division simple et rationnelle à la fois d’un point de vue structurel, phonique et permettant également de répondre aux problématiques de prévention des incendies.

Une famille célèbre
L’histoire des Comtes de Pourtalès démarre en 1300 dans les Cévennes. Jérémie, réfugié huguenot, s’installe en 1720 dans la Principauté de Neuchâtel. Son fils Jacques-Louis de Pourtalès (1722-1814), après une carrière exceptionnelle, se réinstalle à Neuchâtel et décide de remercier la principauté en finançant la création d’un hôpital pour les habitants, de 30 à 40 lits et avec des soins gratuits pour les indigents. Auparavant, celui qui sera surnommé «le roi des négociants» a fait fortune principalement dans la fabrication et le commerce des indiennes, ces fameuses toiles peintes vendues à travers toute l’Europe.
En 1811, l’inauguration de l’hôpital Pourtalès a lieu. Ce dernier va rester en mains privées jusqu’au décès du grand-père de Thierry de Pourtalès et a été remis à la ville puis au canton en 1981. Thierry de Pourtalès, Président de la Fondation de l’Hôpital de Pourtalès, gère avec son Conseil les biens de la Fondation, dont les profits bénéficient toujours à l’hôpital, pour le bien des patients. C’est grâce à cela que, par exemple, les nouveaux lits électriques ont été financés pour le nouvel hôpital Pourtalès. Elle a également contribué significativement au regroupement du secteur mère-enfant à Neuchâtel en offrant divers équipements
médicaux et, plus tard, une salle à manger pour accueillir les nouvelles mères. Elle a réalisé la crèche des hôpitaux à Neuchâtel et soutenu la rénovation des chambres de l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds et l’installation de téléviseurs dans l’ensemble de ces chambres.
Actuellement, la Fondation soutient, par exemple, un projet pour la cardiologie à l’Hôpital Pourtalès, le développement de groupe d’entraide aux patients et l’association Fleur de Coton qui aide les enfants à pouvoir suivre le programme scolaire pendant leur hospitalisation. Tout ceci a pu être financé grâce aux revenus de la Fondation et du Domaine agricole de 12,5 hectares situé à Cressier. Ses fameux vins, essentiellement du chasselas, du pinot noir et du chardonnay, font l’objet d’une vente aux enchères annuelle. Leur 200e vente a eu lieu en février dernier.

Aujourd’hui, la Fondation de l’Hôpital Pourtalès poursuit encore le but de son fondateur et verse son bénéfice annuel au profit du bien-être des patients de l’Hôpital Pourtalès, selon les volontés de Jacques-Louis de Pourtalès et de ses descendants.
