Liqueur d’Or - Les Ponts-de-Martel

Des nectars précieux élaborés avec passion

Aux Ponts-de-Martel, Yannick Widmer produit des liqueurs à partir de produits bio et de saison. Dans une ancienne menuiserie transformée de ses mains, il accueille curieux et gourmands et livre déjà une dizaine d'épiceries dans le canton.

Yannick Widmer a repris un poste d’éducateur – à 60% – mais envisage d’engager un à deux employés
Yannick Widmer a repris un poste d’éducateur – à 60% – mais envisage d’engager un à deux employés - Copyright (c) Guillaume Perret/Lundi13
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C’est après avoir conçu des liqueurs de fruits dans sa cuisine pendant treize ans, écoulant alors sa production auprès de sa famille et de ses amis, que Yannick Widmer décide de se lancer professionnellement en décembre 2019. «J’avais développé quinze recettes, et donc accumulé pas mal de matériel. En gros, mon épouse m’a dit: soit tu te lances, soit tu arrêtes.» La marque Liqueur d’Or était née. Mais l’épidémie de Covid-19 vient retarder les projets de l’entrepreneur. Son lancement se fait réellement à l’été 2020, quand il participe au marché artisanal de La Sagne et vend 30 bouteilles en une journée. «Je me suis rendu compte que mes produits intéressaient plus largement que mon cercle social proche.» Entre septembre et décembre de la même année, il écoule 400 bouteilles, lui confirmant que la demande était là.

Un tournant obligé

Des liqueurs fabriquées selon trois procédés différents: zestes macérés, fruits macérés et thés ou fruits secs infusésdiaporama
Des liqueurs fabriquées selon trois procédés différents: zestes macérés, fruits macérés et thés ou fruits secs infusés

A côté de son activité de distillateur amateur, cependant bien appuyée par une formation initiale de caviste, Yannick Widmer travaille à l’époque comme assistant social. Après un changement de poste à l’intérieur de son entreprise, il commence à connaître d’importantes crises d’angoisse et du surmenage. «J’avais toujours travaillé sur le terrain et je me suis retrouvé assis huit heures par jour derrière un bureau, pour la première fois de ma vie.» Au printemps 2021, il «touche le fond», n’arrivant plus à se rendre au travail. Un signe qui lui indique la voie: tenter de vivre de sa passion pour les liqueurs de fruits. L’entrepreneur s’installe dans une arcade aux Ponts-de-Martel, occupée dans les années 1970 par une boucherie, puis plus récemment par une menuiserie. D’importants travaux sont menés pour remettre le lieu aux normes d’hygiène. «J’ai voulu donner à l’espace de vente un style industriel, en vieillissant et en brûlant des meubles moi-même.» Le lieu qui accueille les visiteurs donne sur un local de production séparé par de grandes baies vitrées, pour permettre d’observer les processus de fabrication.

Et du soin à la fabrication, Yannick Widmer en donne. Ses liqueurs répondent à trois procédés différents: des zestes macérés (pour les liqueurs d’agrumes), des fruits macérés (fraise-basilic, framboise, mûre, cerise, mirabelle) et des thés ou fruits secs infusés. Ce dernier procédé est d’ailleurs unique en Suisse, et peut-être même dans le monde. Tous les composants, de l’alcool aux fruits en passant par le sucre, doivent être issus de l’agriculture biologique ou, en fonction des produits, au moins sans traitement. Et les fruits, de saison. «Les liqueurs aux agrumes se font entre janvier et mars. Quand il n’y en a plus, il faut attendre l’année suivante. Cela peut déranger certains clients, mais cela fait partie de mon identité. J’ai gardé certaines habitudes du milieu du vin, d’où je viens: on ne récolte le raisin qu’une fois par année.»

Redonner autant que l’on reçoit

Une sélection de bouteilles de Liqueur d’Or peut être assemblée, pour un cadeau par exemple, sur une petite planchette en bois. Ces dernières sont fabriquées par le menuisier qui occupait les locaux juste avant, et sont gravées par des jeunes de la fondation Sandoz, où Yannick Widmer a travaillé pendant dix ans comme éducateur. «C’est une manière de boucler la boucle: je fournis du travail à ceux qui m’en ont donné.» Une manière de faire qui lui tient très à cœur. Dans la même logique, Yannick Widmer vend également du vin de la cave où il a travaillé il y a une vingtaine d’années, juste après son apprentissage. Outre la vente en direct dans sa boutique, notamment pendant des soirées dégustation où les liqueurs s’accompagnent de produits de la région – viande de Neuchâtel, fromage de la vallée –, ou encore de soirées «liqueurware» (dégustation et vente de liqueurs chez des groupes d’amis à domicile, à l’instar des soirées tupperware), Yannick Widmer livre plusieurs restaurants et une dizaine d’épiceries dans le canton de Neuchâtel. Pour les commandes venant de plus loin en Suisse, les bouteilles sont envoyées par la poste. «J’aimerais démarcher des restaurateurs en dehors du canton, mais le temps me manque: je produis les liqueurs la semaine pour les vendre sur les marchés le week-end.» Car l’entrepreneur a repris un poste d’éducateur – sur le terrain – à 60% au début de l’année. Déjà accompagné de l’aide précieuse de son beau-père, retraité, pour l’embouteillage et l’étiquetage, Yannick Widmer envisage, dès que la situation le permettra, d’engager un à deux employés. Il a d’ailleurs toujours rêvé d’être patron. Pour cela, l’entrepreneur est assez confiant: ses ventes et son chiffre d’affaires ont quintuplé en un an et demi.