Littérature

Domaine Hauteville: du château au campus

Construit en 1734, ce château a vu se succéder onze générations d’une même famille, avant d’être cédé en 2019 à Pepperdine University. Un ouvrage collectif revient sur ce lieu magnifique à l’occasion de sa restauration.

Ce vaste domaine domine Vevey et le Lac Léman.
Ce vaste domaine domine Vevey et le Lac Léman. - Copyright (c) Hdwiki Wikimedia
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Notre magazine trimestriel Prestige avait consacré un dossier en septembre dernier à cet ambitieux chantier de restauration de ce domaine situé sur les hauts de Vevey, plus précisément à Blonay – Saint-Légier. Béatrice Lovis et Isabelle Roland ont dirigé un livre collectif consacré au Domaine d’Hauteville pour le compte de la section vaudoise de Patrimoine suisse. «Quoi de plus naturel de vouloir marquer la fin de ce chantier d’exception et fêter la renaissance de ce remarquable ensemble d’architecture nobiliaire du XVIIIe siècle avec un ouvrage collectif qui permet d’en renouveler les connaissances», relèvent Béatrice Lovis et Isabelle Roland dans la préface. Il faut se souvenir que lorsque Pepperdine se porte acquéreur du Domaine d’Hauteville, l’état de conservation du château était préoccupant et la famille Grand d’Hauteville avait au préalable mis en vente aux enchères l’ensemble du contenu.

Divers chercheurs se sont penchés sur le château et son domaine: des origines à sa dernière restauration (avec notamment l’histoire et l’archéologie du château, le rôle de l’architecte François II Franque, les fresques du grand salon et de l’escalier, ou encore les dessins préparatoires de Joseph Ignaz Appiani), mais aussi sur la vie de château au temps des Cannac et des Grand d’Hauteville. En 1760, ce domaine est acquis par Pierre-Philippe Cannac, ancien directeur des coches à Lyon. A la fin du XVIIIe siècle, il passe aux mains des Grand, une famille de banquiers vaudois anoblis par le roi de France.

L’un des chapitres est consacré au temple grec, surnommé par la suite «temple de l’Amour», une des rares constructions à vocation ornementale située sur le domaine. «Allégorie antique, allusion maçonnique ou belvédère raffiné », interroge le chercheur Paul Bissegger, qui rappelle que Daniel et Eric Grand d’Hauteville étaient membres de la Loge de la Caroline à Lausanne. Un autre chapitre revient sur les fresques du Grand Salon et de l’escalier pour relever que celles-ci sont rarissimes en Suisse. «Certains châteaux présentent un salon haut de deux niveaux, mais seulement quelques-uns affichent un décor peint en trompe-l'œil. C’est le cas du château de Dardagny (GE) qui offre, dans la région lémanique, un pendant intéressant à Hauteville, bien qu’il soit plus tardif», observe Thibault Hugentobler. Richement illustré, cet ouvrage vise aussi bien les professionnels qu’un public non spécialisé, mais intéressé par l’histoire et l’architecture de Suisse romande.

Le Domaine d’Hauteville. Du château au campus universitaire.
Béatrice Lovis & Isabelle Roland. Patrimoine suisse, section vaudoise.
Slatkine, 2023, 344 pages.