Restauration post-crise sanitaire

Femmes d'affaires

Elles sont jeunes et sont les patronnes de restaurants à succès dans le quartier des Eaux-Vives. Rencontre avec quatre femmes intrépides qui tiennent leurs affaires d'une main de fer dans un gant de velours.

Camille Grange, Ariane Boada, Alexandra Vialettes et Femke Pivin sont les actrices d'une nouvelle forme de restauration
Camille Grange, Ariane Boada, Alexandra Vialettes et Femke Pivin sont les actrices d'une nouvelle forme de restauration - Copyright (c) LDD
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Les voir ensemble le temps d’un aparté journalistique est un moment de franche camaraderie entre professionnelles du secteur. Femke Pivin et Ariane Boada tiennent le très célèbre restaurant Marcel, Alexandra Vialettes est la propriétaire de l’incontournable brasserie Max et Camille Grange officie dans les établissements Gigi et La Micheline. Leurs points communs? Un amour sans faille de la restauration, le culte du service irréprochable et une détermination affirmée dans un secteur récemment malmené par la crise sanitaire. Découverte de ces drôles de dames de la restauration qui résistent et prouvent qu’elles existent.

Retour de flamme

Le restaurant La Michelinediaporama
Le restaurant La Micheline

Chacune possède son style de décoration et ses plats de prédilection. Dans une optique de soutien mutuel et dans une ambiance bienveillante, elles se retrouvent régulièrement autour d’un café après leur service de midi. «Ces réunions sont plus que jamais nécessaires; surtout après ces deux dernières années. Ensemble nous sommes plus fortes que séparément», souligne Femke Pivin. Très indépendantes, elles commencent enfin à entrevoir une éclaircie au bout de ce long et sombre tunnel lié au Covid-19. Comme pour bon nombre de leurs confrères, l’attente fut longue avant de pouvoir espérer une levée complète des restrictions sanitaires.

C’est enfin chose faite mais les conséquences d’un tel bouleversement mondial se font sentir dans leur quotidien. «Cela nous montre que nous ne sommes pas à l’abri. J’ai eu plus de 40 soirées d’entreprise qui ont été annulées au mois de décembre. Même si nous avons accusé le coup sur le moment, nous repartons maintenant à zéro», déclare Camille Grange.

Le restaurant Marceldiaporama
Le restaurant Marcel

Pour ces entrepreneuses dans l’âme, la main d’œuvre demeure une préoccupation de tous les instants. La responsabilité leur incombe de remotiver toute une génération peu disposée à supporter les horaires et conditions de travail difficiles associés à la restauration. «Trouver un personnel qualifié désireux de se lancer dans le domaine n’est pas simple. A la suite du Covid-19, il y a eu une réelle rupture avec notre métier. Avant, un collaborateur pouvait quitter un établissement pour en rejoindre un autre. Maintenant, il quitte tout simplement la profession pour une autre», constate tristement Alexandra Vialettes.

Comment faire pour assurer un service de qualité alors que la difficulté du métier est responsable d’un exode du personnel attiré par d’autres professions? Une remise en question est nécessaire à ce stade et nos quatre patronnes en sont bien conscientes. «Malgré toutes ces difficultés, nous sommes toujours aussi motivées et essayons de maintenir un esprit d’équipe», rassure Ariane Boada.

Compassion

La terrasse de la brasserie Maxdiaporama
La terrasse de la brasserie Max

Sachant qu’une nouvelle forme de restauration est sur le point de voir le jour, les quatre fondatrices sont toutes désireuses d’en être les actrices et non les spectatrices: rotation des tables, double service, service à l’emporter, liste d’attente ou prise de garanties bancaires au moment de la réservation: les mœurs évoluent pour leur plus grand bonheur. «En dépit d’avoir un temps de retard sur nos voisins européens, nous constatons une réelle prise de conscience envers notre métier. C’est l’aspect positif post-crise sanitaire: les gens ont un peu plus de compassion envers nous après tout ce que nous avons traversé», admet Femke. Baignant dans un univers traditionnellement dominé par la gent masculine, le quatuor subit rarement des remarques sexistes malintentionnées. Etant de jeunes patronnes, les commentaires fusent en fonction de leur âge. «Je ne pense pas que cela soit fait exprès mais certaines personnes sont toujours étonnées de nous voir à des postes à responsabilité à nos âges. Malheureusement, je ne crois pas que la restauration fasse exception à la règle», relève Camille. L’entretien touchant à sa fin, chacune d’entre elles rejoint son royaume gastronomique. Quelle joie de constater que la cuisine au féminin a un avenir assuré. Encore impensable il y a peu, cette jeunesse apporte par son flegme et son talent un vent de fraîcheur dans la cité de Calvin. Très en phase avec leur univers culinaire, cette nouvelle génération n’en est qu’au balbutiement d’une (r)évolution à venir. Mesdames, merci!