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Gookay table sur la proximité et le haut de gamme

Cette start-up valaisanne n’est pas un clone d’Uber Eats. Elle a trouvé sa voie et compte bien l’adapter dans d’autres régions en Suisse et dans le monde

Jordan Henry, fondateur de Gookay, qui compte 40 employés.
Jordan Henry, fondateur de Gookay, qui compte 40 employés. - Copyright (c) LDD
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Se faire livrer des kebabs ou des hamburgers par un chauffeur privé, ce n’est pas du tout l’idée de la livraison à domicile que se fait Jordan Henry. Pour lui, tout est parti d’une expérience frustrante. Un soir, il est avec des amis et il souhaite commander 20 pizzas à un restaurant de Crans-Montana situé à neuf kilomètres de Chermignon d’en Haut, où il habite. On lui répond que ce ne sera pas possible, non pas pour une question de distance pure, mais de périmètre desservi. En clair, cela ennuie le gérant d’envoyer ses livreurs dans cette localité. Nous étions en 2019.

Un succès immédiat

Gookay permet aux clients de commander des repas, produits du terroir et articles de jardineriediaporama
Gookay permet aux clients de commander des repas, produits du terroir et articles de jardinerie

En 2020, ce Franco-Suisse qui a étudié le marketing et la communication décide donc de lancer sa propre société de livraison. En quelques clics, la plateforme web Gookay vous permet de commander en huit langues ce que vous souhaitez auprès de 160 partenaires valaisans (repas, produits du terroir, articles de jardinerie, etc.). Avec une pointe d’ironie, le nom de ce service résulte de la contraction de «Go» et «Okay». Le succès est très vite au rendez-vous avec un point culminant pendant les fêtes de la fin d’année 2020. Près de 20% du chiffre d’affaires annuel sera réalisé durant cette période. Les prestations cartonnent en particulier du côté de Crans-Montana, grâce à une offre diversifiée et haut de gamme disponible jusqu’à 4 heures du matin, sous certaines conditions.

Les clés de la réussite

Les débuts de l’entreprise ont lieu dans l’appartement de Jordan Henry (aujourd’hui, la start-up occupe trois étages de cette même demeure). «Mon idée a consisté à miser à la fois sur la proximité et sur la qualité, non sur de la junk food. Du coup, mes clients types sont plutôt des cadres qui ont une famille», explique le fondateur et CEO. Initialement seul, il est rapidement rejoint par deux, puis quatre collaborateurs. Les effectifs n’ont cessé de croître, jusqu’à approcher les 40 employés à l’heure actuelle. Particularité, 80% d’entre eux ont moins de 25 ans. Un autre choix fort pour soutenir l’emploi des jeunes. Et chez Gookay, une convention collective leur garantit des conditions de travail équitables. Une fois l’armature de la société mise en place, le hasard fera que le Covid va donner un coup d’accélérateur à ses activités. A tel point que la plateforme de commande en ligne compte aujourd’hui 60’000 clients.

Mon idée a consisté à miser à la fois sur la proximité et sur la qualité

Un business model payant

«Nous ne prenons que 20 à 30% de marge, soit le coût du service en salle, contre 30 à 40% pour nos concurrents. Nous y parvenons du fait que nous réduisons nos frais de fonctionnement, notamment grâce à un logiciel d’optimisation exclusif qui nous permet de grouper les commandes tout en garantissant la même qualité de service», ajoute Jordan Henry. Comme il s’y attendait, la réouverture des restaurants a cependant ralenti son activité. En contrepartie, de nouvelles zones s’apprêtent à être investies à court et moyen terme, comme Zermatt, Verbier ou Monthey. Plus ambitieux encore, un système de franchise est en cours d’introduction. Le Royaume-Uni et la Lettonie ont déjà signé. Chypre, Malte et les Pays-Bas sont en négociation pour acquérir le programme d’exploitation de Gookay. Une levée de fonds de 2,4 millions de francs vient d’être bouclée cet automne en prévision de cette expansion de la franchisation. L’immobilier et les locations de vacances figurent parmi les axes de développement qui ont été retenus. Pour l’instant, les touristes représentent le 25% de la clientèle. Et pour se faire connaître auprès d’eux, rien de tel que les stations de radio régionales comme Rhône FM et l’affichage dans les agglomérations desservies.

Pas le temps de pavoiser

Mais, quand tout va si vite, a-t-on même le temps de prendre conscience du chemin parcouru? «Pas vraiment. On a la tête dans le guidon en permanence. On cherche à conserver une attitude positive et, surtout, on regarde toujours devant», analyse Jordan Henry avant de nous quitter pour (déjà) aller répondre à de nouvelles sollicitations de son équipe.