Itten+Brechbühl SA, le dialogue au cœur de la pratique
Fondé en 1922, Itten+Brechbühl SA est l’un des bureaux d’architectes leaders sur le marché suisse avec plus de 300 employés. Zoom sur trois collaborations de grande envergure.
Un nouveau siège en verre pour le CIO
Lorsqu’on lui parle de la Maison Olympique située à Lausanne, les yeux de Robin Kirschke s’illuminent. Pace que tout, dans ce projet, relève de l’exceptionnel. «Il s’agit de l’un des bâtiments les plus durables au monde», s’enthousiasme ce partenaire du bureau Itten+Brechbühl SA (IB). Conçu en collaboration avec le bureau danois 3XN, le nouveau siège du Comité International Olympique (CIO) s’est vu attribuer le plus haut niveau de certification (platine) du programme international LEED (ndlr: Leadership in Energy and Environmental Design). C’est aussi le deuxième bâtiment en Suisse et le premier en Suisse romande à obtenir le niveau le plus élevé du Standard de construction durable suisse (SNBS). «Nous avons installé 1000 m² de panneaux solaires sur le toit, utilisé l’eau du Léman pour le chauffage et le rafraîchissement des espaces, créé un réservoir d’eau de pluie pour les sanitaires, et mis à disposition des places de parc pour vélos et voitures électriques.»
Depuis 2019, ce bâtiment à l’architecture futuriste - ses lignes asymétriques rappellent celle d’un vaisseau et ses panneaux vitrés, habilement positionnés, se succèdent et disparaissent au rythme des pas des visiteurs, tel un éventail se repliant sur lui-même – accueille les 600 collaborateurs de l’organisation. Chaque étage dispose de cloisons modulables, d’espaces informels transparents, de salles de réunion et de cabines pour s’isoler. «Ce projet a donné lieu à une collaboration sans précédent entre les autorités locales, les fournisseurs, les universitaires et hautes écoles de la région, les organismes de certification de la durabilité et les partenaires du CIO, se souvient Robin Kirschke. Nous avons dû faire preuve d’intelligence collective, car chaque point devait répondre à trois critères qui habituellement ne vont pas ensemble: la fonctionnalité, la symbolique, et la durabilité.»
Deux musées en un
3XN n’est pas le seul bureau à s’être associé à IB. Au fil des ans, le bureau suisse a noué de nombreuses collaborations avec des architectes externes. Ainsi, au printemps 2020, les architectes portugais Francisco et Manuel Aires Mateus ont fait appel à IB pour assurer le pilotage, la planification, le respect du budget et la direction des travaux du Musée cantonal de la photographie (Photo Élysée) et du Musée de design et d’arts appliqués contemporains (Mudac), sis à Lausanne. Les deux musées sont regroupés en un seul édifice. L’imposant cube immaculé imaginé par le duo portugais s’installe en fond de parcelle, à l’extrémité de la plateforme du nouveau pôle muséal Plateforme 10. «Dans la partie supérieure, le Mudac se déploie sur un grand plateau et bénéficie d’un éclairage naturel en toiture, précise Robin Kirschke. Dans le socle, au sous-sol, Photo Élysée a trouvé sa place, préservé de la lumière.» Comme pour la Maison Olympique, la réalisation de ce projet ambitieux a été confrontée à de nombreux défis. «Il a fallu jongler avec les délais serrés, les spécificités techniques d’une construction compliquée et les particularités d’un programme muséal, le tout sans trahir le projet de nos partenaires lisboètes. C’est le chantier le plus complexe que nous ayons mené à ce jour.» La clé pour mener à bien cette mission? «Le dialogue, toujours le dialogue!» Fait notable: le New York Times a fait de Lausanne sa destination de 2023, notamment pour les trois musées de Plateforme 10.
Lausanne a été louée par le New York Times pour ses «vues spectaculaires sur le Léman et une scène architecturale et artistique explosive».
Un complexe cylindrique
Autre collaboration importante, celle avec le bureau zürichois Dürig AG, lauréat du concours «Vortex», basé sur le campus de l’Université de Lausanne. «Nous avons travaillé conjointement sur le développement du projet et les demandes d’autorisation. Puis, IB a contribué à l’étude de faisabilité, à la planification de l’exécution et a assuré la direction architecturale.» Inauguré en janvier 2020 pour accueillir les participants aux Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne, ce complexe géant estudiantin en forme d’anneau est une véritable prouesse architecturale.
Concrètement, le bâtiment mesure 137 mètres de diamètre pour 27 mètres de hauteur et déploie une rampe en spirale de 2,8 kilomètres de long. «La difficulté majeure pour concrétiser le Vortex tenait au fait d’insérer les 712 appartements dans cette spirale en béton formée par une rampe en pente douce (environ 1%) sur 27 mètres de hauteur, détaille encore Robin Kirschke. Conçu comme des boîtes rectangulaires d’habitation avec des ouvertures uniquement aux deux extrémités, chaque module s’accole les uns aux autres orthogonalement. Quand on fait un tour complet, on monte un étage sans s’en apercevoir.»
Le complexe abrite également un restaurant, un jardin d’enfants, un café panoramique sur la terrasse en toiture, des commerces ainsi que des salles polyvalentes et des espaces de travail. Plus grande qu’un terrain de foot, la cour intérieure circulaire constitue également un espace vert à usage collectif. Le bâtiment, enfin, est constitué d’une structure en béton coulé et de bois d’épicéa pour les façades, ce qui renforce l’aspect naturel de l’ouvrage.
Au total, celui-ci aura coûté 56 millions de francs à son Maître d’Ouvrage, la Caisse de Pensions de l’État de Vaud. Le Vortex s’est vu décerner la distinction Gold du German Design Awards 2023 (l’une des récompenses les plus prestigieuses dans le paysage du design, tous secteurs confondus), catégorie Excellent Architecture, pour son travail de design «excellent, complet et innovant».