L'aérogel: un matériau qui isole et protège
Leader dans son domaine, l'entreprise zurichoise AGITEC fait des miracles dans la construction avec son aérogel polyvalent, sans cesse amélioré.

Son principe, qui a provoqué un big bang dans l’ingénierie n’est pas une nouveauté. Et pour cause, l’invention date de... 1929! Mais il a fallu vingt ans pour que ce matériau créé par Samuel Kistler soit enfin commercialisé. L’idée de départ du chimiste américain, due à un pari avec un collègue, est simple: faire en sorte que le liquide contenu dans un bocal de gel ne se rétracte pas. Et la solution viendra du gaz avec lequel il remplacera le liquide. Ainsi naîtra l’aérogel, un matériau à faible densité et avec une propriété d’isolation thermique remarquable. Depuis, plusieurs sortes de ce produit ont été imaginées et développées par des têtes savantes.
Léger, robuste, esthétique

En Suisse, c’est la société AGITEC qui fait office d’experte incontestée du sujet. Sebastian von Stauffenberg, son CEO, souligne: «Aujourd’hui, le vrai défi de tous les bâtiments est leur efficacité énergétique. Avec les aérogels que nous avons développés, plus question d’être une passoire thermique.» Composés généralement de dioxyde de silicium amorphe, ces matériaux sont constitués de pores dont 90% sont remplis d’air. Une particularité qui les rend très isolants, mais également très légers. Ainsi, un litre de cet aérogel ne pèse que 70 à 100 grammes, soit dix fois moins que l’eau. De plus, ce produit agit comme une éponge sonore en absorbant les bruits. Sans oublier son aspect visuel à effet plutôt design. «Lors de la fabrication, un aérogel de silicate est d’un bleu laiteux sur un fond sombre avec une impression de transparence ou de semi-transparence», explique Sebastian. Il est ensuite transformé en granulés, en éléments composites, etc. pour diverses applications. Parmi eux, le plâtre thermique qui recouvre les façades des bâtiments historiques, ou encore le remplissage des cavités par des granulés d’aérogel. Polyvalent, ce matériau est à ce jour utilisé aussi bien dans les véhicules électriques que dans le secteur de la construction. «À Genève, ce sont, entre autres, les tours du Lignon qui ont bénéficié de notre technologie.»
Mais plutôt cher
«Par rapport à l’offre traditionnelle en isolation, notre produit n’est pas tellement compétitif en termes de prix», reconnaît le CEO de 45 ans. Cependant, il affirme que les matériaux habituellement utilisés dans la construction, eux, sont jusqu’à trois fois plus volumineux que ceux de son entreprise. Or, note-t-il, aujourd’hui, beaucoup d’usagers souhaitent gagner de la place, surtout dans des locaux qui ne sont pas très spacieux. «De plus, notre système composite d’isolation thermique (ETICS) permet d’atteindre des zones auparavant inaccessibles d’un point de vue esthétique ou structurel». Quant à la durée de vie des aérogels AGITEC, elle est quasi illimitée, car il s’agit d’un minéral. En résumé, pour se mettre à la place des cosmonautes, les premiers usagers des aérogels, il vaut mieux être certain de ce que l’on veut et surtout avoir les moyens d’y mettre le prix.