Logements à Fribourg

L'îlot Gachoud sort de terre!

Ce nouvel îlot urbain propose 301 logements, dont 40% en PPE. Il est le fruit d’un partenariat entre quatre propriétaires. Son aboutissement complet est prévu en 2026.

Cette forme en S permet de densifier l'espace tout en préservant l'intimité et les perspectives visuelles
Cette forme en S permet de densifier l'espace tout en préservant l'intimité et les perspectives visuelles - Copyright (c) DR
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L’ancien fleuron industriel Cafag n’est plus ! Deux dalles en béton ont d’ores et déjà été démolies. Fribourg pourra d’ici 2026 compter sur une revalorisation d’une ancienne friche artisanale sur le plateau de Pérolles. Petite précision: à terme, le bâtiment sis rue Jacques- Gachoud 3 sera le seul conservé et rénové sur le site. Au programme, un nouvel ensemble résidentiel en forme de «S» comprenant 301 logements, 604 emplacements pour vélos et 247 places de stationnement en sous-sol, soit une densité de 3,7.

C’est sous l’impulsion de Maurice Pasquier, propriétaire de la parcelle où se situait l’usine Cafag (Ndlr. Cartonnage-Fabrik Freiburg AG, fondée en 1870), que germe l’idée de ce projet de grande envergure. À la tête de l’entreprise, il prend conscience qu’il doit délocaliser une partie de ses activités et réaffecter les lieux en zone résidentielle. En étudiant la situation du quartier, Maurice Pasquier réalise que pour faire de son projet une réussite, il serait judicieux de s’associer aux propriétaires voisins. C’est ainsi qu’en 2010 déjà il les contacte et qu’ensemble, ils lancent en 2011 un mandat d’étude parallèle (MEP) avec la Ville de Fribourg. «Ce projet aura duré 18 ans au total. Il faut donc de la motivation, de la persévérance et certains moyens, car durant toutes ces années, on investit sans avoir de retour», confie Maurice Pasquier. Jacques Ayer, qui représente également Dominique Seydoux et Sarimmob SA, revient sur la naissance de ce projet: «Pour notre part, nous avions acheté notre bâtiment il y a déjà une vingtaine d’années. C’est une dynamique hors du commun de construire à plusieurs, d’autant plus que je suis moi-même architecte».

De Z à S

En 2011, le projet retenu par le MEP propose un bâtiment en forme de «Z», solution optimale pour créer un ouvrage qui unifie de façon homogène tout le terrain. En effet, l’ensemble résidentiel entend tisser des voies de communication avec toutes les rues adjacentes. Le mandat architectural est attribué au bureau fribourgeois Boegli Kramp Architekten. En 2014, Philippe Bodmer et sa famille – propriétaires de la grande tour à la route Wilhem-Kaiser – rejoignent les trois autres partenaires (Cafag & Plaspaq, Cydonia et Sarimmob). La jonction de leur parcelle permet une évolution du plan encore plus harmonieuse: le «Z» se transforme en «S», symbole de la synergie entre les quatre propriétaires. Pour Charmettes Square, intégré en 2014, ce projet à grande échelle aura été une réelle opportunité: cette nouvelle construction leur permet notamment de créer de nouveaux locaux commerciaux. Philippe Bodmer ajoute que «la collaboration a été très bonne et le partage d’opinions a permis beaucoup de créativité. La convention entre propriétaires respecte les intérêts de chacun».

Au final, en fonction des droits à bâtir de chaque partenaire, on arrive à la clé de répartition suivante: Sarimmob: 14 appartements en location (6,64%); Cydonia: 125 appartements en location (37,54%); Charmettes Square: 40 appartements en location (11,81%) et, Cafag & Plaspaq: 122 appartements en PPE (44,01%).

Approbation en 2018

La mise à l’enquête du PAD est déposée la première fois en 2012, mais les propriétaires devront remettre l’ouvrage sur le métier à plusieurs reprises afin de convaincre le Service d’urbanisme de la Ville et les multiples opposants. «Nous avons mis à profit toutes ces années qui nous ont été imposées pour affiner et perfectionner le projet. Nous avons fait au mieux pour transformer ces contraintes en force», souligne Maurice Pasquier. A l’heure où la démolition est bien entamée, Julien Polla (Ndlr. qui représente Cymvest FR SA et Vir-Go FR SA) confie ses espoirs quant à la suite des travaux: «Nous souhaitons que le groupement des maîtres d’ouvrage puisse persévérer, dans la continuité de ce qui a été accompli à ce jour, pour dépasser les objectifs de synergie jusqu’à atteindre une parfaite symbiose qui, nous l’espérons, se fera ressentir durant toute la période de l’exploitation».

Les exigences du Service d’urbanisme

L'ensemble des appartements entend offrir une technologie dernier cri et des matériaux écoresponsablesdiaporama
L'ensemble des appartements entend offrir une technologie dernier cri et des matériaux écoresponsables

Relevons les exigences du Service d’urbanisme: favoriser la densification, définir les contours des rues adjacentes, créer un îlot perméable, construire autour d’une cour centrale, intégrer la topographie et relier harmonieusement les différents niveaux, concevoir des passages et des spatialités de qualité, permettre des échappées visuelles pour les logements déjà existants et à construire, tisser des voies de communication et construire un parking sous-terrain de deux niveaux dans le ravin actuel, enfin, qualifier les espaces extérieurs avec une plantation intelligente.

Après un travail conséquent, le projet semblait être à bout touchant. Mais c’était sans compter l’arrivée du Covid au printemps 2020. Le projet a dès lors été ralenti et parfois même interrompu lorsque le permis de construire a été bloqué par les autorités. Celles-ci affirmant que le PAD n’était plus conforme au Plan d’aménagement local (PAL). C’est finalement en 2021 que le permis de construire fut enfin délivré.

Pourquoi cette forme en S? Pour permettre une densification de l’espace tout en préservant l’intimité et les perspectives visuelles, notamment grâce à des angles ouverts. La cour intérieure est quant à elle divisée en deux pour offrir plus de fonctionnalités. La surélévation du rez-de-chaussée facilite la perméabilité avec les rues adjacentes. Un parking souterrain, doté de grands puits de lumière, libère l’espace au sol de tout véhicule créant ainsi un lieu de vie calme et arborisé.

Présence d’un microgrid

Sur les 301 appartements, il y en aura 27 en attique. Les surfaces seront modulées pour répondre à tous types de besoins : du studio de 26 m2 au 5,5 pièces de 168 m2. «Un soin particulier a été accordé à la matérialité intérieure et extérieure afin d’assurer une certaine harmonie», indique la société en charge de la coordination du projet. L’ensemble des appartements entend offrir une technologie dernier cri, des matériaux écoresponsables, des terrasses ou des loggias. Le complexe sera alimenté par un microgrid, un système de production et de distribution d’énergie à petite échelle. Les panneaux solaires couvriront 25% de la consommation électrique et le chauffage à distance assurera une alimentation en énergie entièrement renouvelable.

Triple vitrage, système de tri des déchets et bornes électriques seront installés. Pour 247 des 301 appartements, la technologie e-SMART sera mise en place, une technologie qui permet à chacun de gérer sa consommation, son chauffage, ses stores et son visiophone. Quant aux attiques, ils ont été imaginés comme de véritables villas en pleine ville, bénéficiant d’un standing supérieur et d’équipements haut de gamme.