L'Amigo - Suisse

L'incroyable destin d'une prison devenue palace

En 1957, le chanteur Jacques Brel posait la première pierre. L'année suivant, Gainsbourg en faisait sa résidence bruxelloise. Mais l'Amigo n'a pas toujours été un hôtel de luxe cinq étoiles. Zoom sur son incroyable mue.

Il y a 500 ans, cette adresse historique servait de prison aux opposants politiques, hérétiques et autres gangsters en tous genres
Il y a 500 ans, cette adresse historique servait de prison aux opposants politiques, hérétiques et autres gangsters en tous genres - Copyright (c) Janos Grapow
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Bruxelles s’arpente les yeux levés et le cœur ouvert. Réputée pour sa somptueuse Grand Place, ses rues pavées et ses fontaines mondialement connues, la « capitale de l’Union européenne» comme d’aucuns aiment l’appeler puisque c’est dans cette ville belge que siège la Commission européenne, abrite également en son cœur un hôtel mythique : L’Amigo. Il y a 500 ans, cette adresse historique servait de prison aux opposants politiques, hérétiques et autres gangsters en tous genres. Karl Marx et sa femme Jenny y passeront une nuit. Paul Verlaine aussi.

La Suite Tintindiaporama
La Suite Tintin

De nos jours, l’hôtel – racheté à la famille Blaton en 2000 par le groupe familial Rocco Forte – reçoit une clientèle élégante et internationale. Célébrités, chefs d’État et têtes couronnées s’y rendent en toute discrétion, assurés du service exceptionnel de ce fleuron bruxellois, en plein centre historique. Nicole Kidman, Prince, Beyoncé, Hillary Clinton, Brad Pitt, ou encore Harry Styles, tous ont foulé ses dalles en pierre bleue du Hainaut qui datent du 16e siècle et qui composent le hall d’entrée. Lorsque nous y séjournons, nous croisons le chanteur Bruce Springsteen dans le lobby et le groupe emblématique britannique Queen (dont les membres sont toujours actifs) en train de déguster de délicieuses gaufres liégeoises au petit déjeuner. Que l’on soit star ou anonyme, tout le monde est logé à la même enseigne. L’Amigo met en effet un point d’honneur à ce que ses hôtes, d’où qu’ils soient, se sentent reconnus et accueillis comme chez eux.

L’expérience débute dès le perron de l’hôtel, avec un service voiturier. Une fois à l’intérieur, l’art est omniprésent. Tableaux de maîtres impressionnistes, œuvres anciennes de l’époque de la Renaissance italienne à l’Art Nouveau, vases chinois en porcelaine, en passant par d’imposantes tapisseries des siècles d’or des Pays-Bas espagnols, tout ici exhibe le savoir-faire de générations entières d’artisans.

L'Amigo se compose de 173 chambres, dont 28 suites.diaporama
L'Amigo se compose de 173 chambres, dont 28 suites.

L’Amigo se compose de 173 chambres, dont 28 suites. Alors que l’époque est aux chaînes « uniformisées » où le client retrouve la standardisation des établissements d’une destination à l’autre, L’Amigo se distingue en créant des intérieurs uniques. Chaque chambre est une expérience immersive faisant rayonner le patrimoine belge. Dans la suite Diane von Furstenberg (créatrice de mode belgo-américaine) inaugurée en avril dernier, les tons fuchsias et pop côtoient un mobilier contemporain et deux grands foulards d’Andy Warhol. La suite présidentielle qu’affectionne Emmanuel Macron est quant à elle décorée avec des lithographies de René Magritte. L’hôtel a obtenu le label de qualité Little Guest, qui garantit un accueil V.I.P aux enfants. La chambre la plus demandée par les familles est sans conteste la Suite « Tintin », en hommage au célèbre reporter. Dans ce lieu exceptionnel où fleurissent les références au personnage imaginé par Hergé en 1929, Steven Spielberg a laissé un souvenir lors de son dernier passage: un autoportrait signé qui accueille les visiteurs à l’entrée.

L’Amigo, enfin, c’est aussi le repère des gastronomes. Le restaurant le BoCConi possède sa propre entrée. Ici, on retrouve toutes les saveurs de la Toscane, de la Sicile, des Abruzzes, et des Pouilles, ainsi qu’un personnel aux petits soins originaire d’Italie. On y sert la bière A, créée et brassée pour l’hôtel, et des plats simples et authentiques tels que les paccheri alla genovese, les artichauts alla romana, le risotto du chef préparé en direct et les incontournables lasagnes maison.

Le nom L’Amigo relève d’une erreur d’interprétation historique. Selon les historiens, les soldats espagnols du XVIe siècle connaissaient mal le Flamand. Ils auraient donc confondu le mot «vrunt» (prison) avec le mot «vriend» (ami) et l’ont donc traduit par « amigo ». Le reste appartient à l’histoire...