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La hausse des charges pour les locataires

Avec les premiers frimas de l’hiver à nos portes, les inquiétudes des Genevois se font entendre. En cause: l’augmentation des acomptes mensuels de leurs charges d’habitation. Le point sur la situation.

On annonce 68% d’augmentation du prix du mazout.
On annonce 68% d’augmentation du prix du mazout. - Copyright (c) Unsplash / Aime Cox-Tennant
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Si la question des charges est récurrente chaque année, le contexte actuel, particulièrement délicat, a cristallisé les craintes d’une pénurie sur le front de l’énergie. Une situation responsable de la progression des prix, de l’ordre de 68% pour le chauffage au mazout, de 22% pour l’électricité, et de 34% pour le gaz, selon les derniers chiffres connus. Or, dans notre pays, où les énergies fossiles représentent près de 60% du chauffage, cette évolution promet une hausse des dépenses au sein des ménages.

Thierry de Haan, président de l’Union suisse des professionnels de I’immobilier (USPI) Genève.diaporama
Thierry de Haan, président de l’Union suisse des professionnels de I’immobilier (USPI) Genève.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent les acomptes de charges associés au loyer des locataires?

Thierry de Haan : Les charges locatives dans les immeubles collectifs (eau, chauffage...) donnent lieu au versement d’une provision mensuelle en plus du loyer. Si l’électricité est réglée individuellement et directement aux SIG, ce n’est pas le cas des frais de chauffage (mazout, gaz ou autres) qui sont réglés auprès de la régie.

On annonce 68% d’augmentation du prix du mazout. Mes acomptes vont donc augmenter à hauteur de cette inflation?

Le coût des charges ne correspond pas uniquement à la hausse du prix de l’énergie. Tout dépend de l’immeuble dans lequel vous résidez. Les charges varieront en fonction de l’ancienneté de l’immeuble, de la qualité de son enveloppe énergétique, mais également de l’utilisation des énergies fossiles ou renouvelables, du type de chaudière et de sa vétusté, ainsi que du comportement des locataires. De nombreux paramètres entrent en jeu. Mais pour simplifier, je dirais que 80% du montant des charges sont liés à la matière première et les 20% restant aux frais d’entretien exécutés par les chauffagistes et les ramoneurs.

Mais pourquoi le locataire ne peut-il pas régler sa facture effective à la fin de la saison hivernale?

Parce que cette augmentation des charges agit comme un garde-fou afin d’éviter une facture finale trop salée. La plupart des régies membres de l’USPI Genève ont anticipé les conséquences de la crise énergétique en augmentant sensiblement les acomptes de charges. C’est une protection pour les locataires. Si un trop-perçu est constaté en fin de période, celui-ci est restitué.

Mais comment savoir si ma régie ne se sert pas au passage?

C’est une obligation légale. Il est impossible pour la régie de s’enrichir sur l’énergie. La prestation doit être fournie au coût effectif. De plus, les frais de gestion n’augmentent pas en fonction du prix des matières premières. C’est un forfait calculé d’après le type de machine, entre le gaz et le mazout. La régie ne gagne strictement rien à voir les coûts de l’énergie augmenter.

Et pour 2023?

C’est la grande inconnue. Néanmoins, les prévisions sont négatives. Nous craignons que la plus grande augmentation des charges ne soit pas celle du décompte final de juin 2023, mais celle de juin 2024.

Cela veut-il dire que nous allons devoir nous serrer la ceinture dès juillet 2023?

Je n’ai pas de pouvoir divinatoire et cela dépendra de nombreux facteurs inconnus à ce jour. Est-ce que l’hiver sera rude? Les locataires auront-ils suivi les recommandations en matière d’économie d’énergie individuelle? Quelle sera la situation géopolitique dans le monde? Autant de questions sans réponses. Une chose est sûre, l’anticipation à la hausse des charges programmée par les régies permettra de gérer, autant que faire se peu, de potentielles surprises qui pourraient se profiler à la fin de la période.

Propos recueillis par Audrey Rüfenacht