L’ordre des Hospitaliers

La plus vieille maison de Bardonnex

La construction de la Commanderie de Compesières remonte au moins au XVe siècle. Cette maison forte a appartenu à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, connu aussi sous le nom d’Ordre de Malte.

A gauche, l'église et au centre la commanderie qui abrite à l'étage un musée consacré à l'Ordre de Malte.
A gauche, l'église et au centre la commanderie qui abrite à l'étage un musée consacré à l'Ordre de Malte.
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Des trois ordres religieux et militaires fondés en Palestine au temps des croisades, le plus ancien est celui des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, né en 1099, l’année de la prise de la ville sainte lors de la première croisade. Cette congrégation fut chargée du service de l’hôpital dédié à Saint-Jean-Baptiste pour accueillir et soigner des pèlerins malades.

Après la chute de Jérusalem en 1187, les hospitaliers errèrent de ville en ville. En 1310, ils s’emparèrent de l’île de Rhodes et s’y maintinrent pendant deux siècles. Mais en 1522, l’armée turque de Soliman le Magnifique les en chassent. En 1530, l’empereur Charles-Quint leur céda l’île de Malte en toute propriété. Ils la gardèrent jusqu’en 1798. Le général Bonaparte en route pour l’Egypte s’empara aisément de l’île que le grand maître lui livra sans combat. Aujourd’hui, l’ordre n’exerce plus qu’une activité charitable en entretenant des hôpitaux, des infirmeries et des léproseries.

La commanderie aurait été bâtie entre le XIVe siècle et le XVe siècle. La date exacte de la construction n’est pas connue. Il semblerait qu’elle ait été édifiée à l’emplacement d’une maison forte créée vers 1050 par les marchands d’Amalfi. Le but était de recueillir les pèlerins se rendant à la Ville Sainte. La construction est un quadrilatère carré, doté de mâchicoulis et de meurtrières, flanqué d’une tour ronde dans laquelle se trouve un escalier de pierre.

En 1536, après avoir conclu un accord avec le roi de France, les Bernois, alliés des Genevois depuis 1526, déclarèrent la guerre au Duc de Savoie. Ils s’emparèrent du Pays de Vaud, du Chablais et d’une partie du territoire entourant Genève. La Commanderie de Compesières subit le pillage des Bernois. Cette occupation dura de 1536 à 1567, des années durant lesquelles la commanderie servira de résidence au bailli bernois. Lors des guerres de la fin du XVIe siècle entre le duché de Savoie et Genève, le roi de France Henri IV va intervenir pour protéger et sauvegarder ce bâtiment, menacé de destruction par les belligérants.

Peintures au plafond

Le plafond héraldique de la salle des chevaliers, sise au 2e étage, contient 165 caissons peints de symboles religieux et héraldiques, et remonte justement à la fin du XVIe siècle. A partir de 1617, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem reprend possession de la commanderie et va procéder à divers agrandissements, jusqu’à la Révolution française. Cette commanderie servit alors de refuge pour les missionnaires capucins, lazaristes et jésuites chargés de la recatholisation du Genevois.

En 1792, lors de l’occupation par les troupes françaises, ce bâtiment est transformé en «bien national», et ses tours, ainsi que le clocher de l’église voisine, sont détruits. Toutes les mentions de l’ordre sont également supprimées. Les occupants transforment alors le bâtiment en fabrique de salpêtre…

La construction remonterait à la période allant de la fin du XIVe siècle au début du XVe siècle.diaporama
La construction remonterait à la période allant de la fin du XIVe siècle au début du XVe siècle.

La naissance de Bardonnex

Devenue genevoise grâce au traité de Turin de 1816 (Ndlr. il s’agit de l’acte par lequel le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel Ier de Savoie, et Charles Pictet de Rochemont, représentant la Confédération suisse et le canton de Genève, effectuent un partage territorial permettant le désenclavement du canton et la neutralisation de la Savoie du Nord en cas de conflit), la commune de Compesières cherchait des locaux pour sa mairie, ses écoles et le logement du curé. En 1822, après de longues discussions, le Conseil municipal décida d’acheter la commanderie. L’église sera presque entièrement reconstruite entre 1834 et 1835, tandis que l’enceinte est détruite au début du XXe siècle. Précisons qu’en 1851, la commune de Compesières donna naissance aux communes de Bardonnex et de Plan-les-Ouates. En 1914, la salle des Chevaliers qui, pendant le XIXe siècle avait servi de dépôt de bois et de charbon, fut rénovée et devint la salle des délibérations du Conseil municipal de Bardonnex.

En piteux état au tout début des années 1950, la Commanderie sera rénovée grâce à l’énergique impulsion donnée par la Société d’Art Public, section genevoise du Heimatschutz qui a mené une étude sous le patronage du Département des travaux publics, dirigé alors par Louis Casaï. Le projet de restauration avait été rédigé par Edmond Fatio. Une vente d’écus d’or, ces pièces en chocolat, s’était déroulée en faveur de ce projet.

Cette vaste rénovation s’est déroulée en 1954 grâce au financement de la Confédération, du canton de Genève et du Heimatschutz. Rappelons que ce lieu a été reconnu comme étant un bien culturel d’importance nationale. L’inauguration officielle de l’exposition permanente de la Commanderie de Compesières, consacrée à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, plus connu sous le nom de l’Ordre de Malte, a eu lieu début juin 1956.

Les tours dont le sommet avait été couvert de toits plats furent rétablies dans leur hauteur et dans leur forme primitive. Une seconde rénovation, plus réduite, eu lieu entre l’été 1970 et avril 1971. Elle ne concernait que le second étage de la commanderie. Il s’est agi de refaire entièrement la salle des Chevaliers, en respectant son magnifique plafond.