Le radon est enfin passé à la loupe
Bien que ce soit la seule substance dangereuse présente dans l’air intérieur de nos bâtiments à être réglementée en Suisse, le radon réserve encore son lot de mystères qu’une équipe de chercheurs compte bien percer à jour.

Le radon, un gaz noble radioactif qui peut s’infiltrer dans les foyers par le sol, est la deuxième cause principale du cancer des poumons en Suisse, après le tabagisme. 200 à 300 décès par an sont la conséquence directe de l’exposition de la population à cet élément omniprésent dans la croûte terrestre. Il convient donc de le contrôler de manière plus systématique pour en limiter l’accumulation au sein du bâti. Puisqu’en effet, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Ordonnance sur la radioprotection en 2018, notre pays entier est considéré comme une zone à risque...
Un laboratoire se crée

Seul polluant de notre air intérieur à être soumis à une norme (pourtant la liste des substances dangereuses que nous côtoyons au quotidien est longue), le radon est devenu un objet de recherche à part entière pour de nombreux instituts suisses romands. En 2022, la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR) a par exemple effectué 267 mesures au sein des bâtiments scolaires primaires de 23 communes fribourgeoises. Résultat: quatre locaux présentaient des valeurs supérieures à la limite fixée.
Plus récemment, début avril, c’est une collaboration entre l’EPFL Fribourg, ECONS SA et le Centre romand de la qualité de l’air intérieur et du radon (croqAIR) dirigé par la professeure Joëlle Goyette Pernot, qui a débouché sur une démarche inédite en Europe. «Sur le chantier du Smart Living Lab à Fribourg, nous mettons en place une infrastructure de recherche pour étudier le radon. Sous le bâtiment et à ses abords, nous installons des sondes afin de mieux comprendre la dynamique de ce gaz dans le terrain», commente Joëlle Goyette Pernot de l’institut TRANSFORM à la HEIA-FR.
Des influences mesurables

Lorsque le bâtiment en construction sera terminé, ces fameuses sondes seront connectées dans le bâtiment à des appareils pour effectuer des mesures à l’aide de technologies innovantes. «Il s’agit là d’une opportunité de saisir les influences que différents facteurs, tels que la météo ou la géothermie, peuvent avoir sur le radon. L’idée est, notamment, d’observer si un champ de sondes géothermiques en-dessous d’un édifice induit des remontées plus importantes de gaz en surface et d’en tirer des conclusions pour la protection de la population», décrit Joëlle Goyette Pernot. Et, dans l’attente de ces résultats, la spécialiste recommande deux choses: d’aérer autant que possible son logement, ses bureaux et tout lieu clos afin de ne pas accumuler de substances dangereuses qui colonisent nos intérieurs (mobilier, objets, matériaux de construction etc.) et, en parallèle, de s’assurer d’avoir une ventilation adaptée, en bon état et entretenue.