MixCity - Renens VD

Le réemploi du béton plutôt que la déconstruction

Réutiliser plutôt que détruire? La première pierre posée par Steiner Contruction dans la banlieue lausannoise prône le circuit court avec un projet novateur et original.

Le projet Mixcity sera axé sur la durabilité et le circuit court
Le projet Mixcity sera axé sur la durabilité et le circuit court - Copyright (c) Steiner
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Développer l’économie circulaire du bâtiment en augmentant le réemploi dans les milieux de la construction, tel est l’enjeu du projet novateur MixCity qui a démarré fin juin dans la banlieue lausannoise. Un ancien bâtiment de bureaux des années 60, à l’avenue des Baumettes à Renens (VD), va être déconstruit tout en réutilisant les principaux blocs de béton. Ce sera un projet axé sur la durabilité et le circuit court, plus en vogue que jamais avec l’objectif Zéro carbone 2050. Le béton, matériau dont les constructeurs peuvent difficilement se passer, cumule tout à la fois quatre problèmes majeurs: la production de CO2 par les cimenteries, l’épuisement des ressources comme le sable, l’obsolescence qui exige un entretien régulier et la production de déchets lors de la démolition.

Pour Marc Andres Garcia, chef de projet pour Steiner Construction, ce bâtiment tertiaire multi-usages veut repousser les limites de la conception urbaine: «C’est un projet visionnaire qui a pour objectif de créer un écosystème urbain modulable et flexible, intégrant différents services pour construire la ville de demain». Labellisé Minergie, MixCity veut favoriser la création de synergies entre les futurs utilisateurs. Au cœur du projet, on trouvera un maraîcher professionnel et une ferme urbaine fournissant des produits frais et locaux. Ces aliments seront transformés sur place par un traiteur, puis livrés dans l’Ouest Lausannois par des coursiers à vélo électrique selon le principe du circuit court. La chaîne d’alimentation Lidl va occuper également l’espace.

Le groupe Steiner s’est donné la mission d’intégrer les enjeux liés à la gestion d’un projet de déconstruction pendant les étapes de conception. Steiner Construction a ensuite pris le relai pour la phase de chantier proprement dite, qui devrait se terminer en été 2025. Les risques financiers, techniques et de planning ont fait l’objet d’une planification et d’une coordination avec tous les acteurs. Y compris le maître de l’ouvrage, l’Arab Bank Switzerland à Zurich qui a créé un fonds d’investissement pour ses clients.

Maximiser l’utilisation des dalles de béton

Parallèlement d'autre éléments de béton seront utilisés dans trois autres projetsdiaporama
Parallèlement d'autre éléments de béton seront utilisés dans trois autres projets

Selon Marc Andres Garcia, tout est mis en œuvre pour assurer une déconstruction efficace et sécurisée: «Du temps a été investi et des études supplémentaires ont été demandées aux ingénieurs pour garantir la stabilité du bâtiment existant pendant tout le processus de démolition et de déconstruction». Des optimisations ont été requises afin de maximiser l’utilisation des dalles pour la fourniture des éléments de réemploi, en limitant au maximum la production de déchets de construction. Steiner Construction a proposé la réalisation d’un mur de soutènement situé au bord de la parcelle à l’aide d’éléments de réemploi provenant des dalles de l’ancien bâtiment. Parallèlement d’autres éléments de béton seront utilisés dans d'autres projets: RebuiLT de l’EPFL à Ecublens, un abri à vélos à Renens -même à proximité immédiate de MixCity pour la construction du futur Club de pétanque communal, à 2,7 km de là, ce qui réduit les coûts de transport des dalles réutilisées. La phase de déconstruction a nécessité une délicate coordination. Une partie des dalles découpées sera réutilisée directement sur le site de MixCity. Ces éléments seront insérés verticalement dans des piliers métalliques fichés dans le sol afin de créer le mur de séparation avec la parcelle voisine. Selon le chef de projet, le réemploi va coûter plus ou moins le même prix que du neuf mais il faut aussi tenir compte de l’économie assurée par les coûts d’entreposage des déchets et par la réduction de l’empreinte carbone.

Le réemploi plutôt que la démolition

Depuis quelques années les projets de construction incluant des éléments de réemploi issus de bâtiments prévus pour démolition se multiplient en Europe et en Suisse. La pratique du réemploi, autrefois courante pour de pures raisons de coûts, renaît aujourd’hui principalement pour des raisons de préservation des ressources et de réduction de l’impact environnemental: «Il est fort probable que cette tendance continue de croître à l’avenir et que le réemploi se pérennise comme outil à disposition des concepteurs», estime le groupe. Toutefois, en ce qui concerne la construction de structure porteuse, les exemples de réemploi sont encore extrêmement rares et cela à plus forte raison pour le béton armé.

Fondée en 1915, l’entreprise est un leader de l’immobilier en Suisse avec un siège principal situé à Zurich et des succursales à Bâle, Berne, Lucerne, Tolochenaz (VD) et Genève.