Analyse

Logement et télétravail, un combo d'avenir?

Parallèlement à la pandémie, la tendance pour un travail multilocalisé s'est imposée, devenant au passage un nouveau facteur d'influence dans le choix de son habitation.

Comportements en matière de déménagement et d'habitat en fonction de l'âge
Comportements en matière de déménagement et d'habitat en fonction de l'âge - Copyright (c) OFL
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Contrairement à la fin plutôt abrupte de la crise sanitaire, la possibilité de travailler davantage hors du bureau est quant à elle restée dans la pratique. En chiffres, si moins de 1% de la population active occupée travaillait à domicile (au moins la moitié de son temps) en 2001, cette proportion est passée à 50% au printemps 2020 et devrait rester stable autour de 40% ces dix prochaines années prédit l’Office fédéral du logement (OFL). Ce dernier, dans une étude publiée début avril, a d’ailleurs souligné le nouveau rôle que jouerait le télétravail dans le choix d’un logement.

L’âge comme facteur clé

A savoir qu’en matière d’habitation, des schémas de comportement sont ancrés tout au long de notre vie (voir graphique). Malgré une mobilité des ménages assez faible dans notre pays, avec un taux de déménagements de 10% en moyenne par année, il est fréquent de retrouver les mêmes «cycles» en fonction de l’âge. Les jeunes adultes déménagent pour leur part plus souvent et plus loin que la moyenne, généralement vers un centre-ville, mais une fois la trentaine entamée, l’âge avançant, on remarque que la fréquence des changements, la distance et la centralité diminuent, alors que la surface habitable et le taux de propriétaires augmentent sensiblement. Et ce, jusqu’à 70 ans, âge à partir duquel, le taux de propriété diminue à nouveau.

Des changements en vue

Selon l’OFL, télétravailler n’aurait pourtant pas eu pour effet de provoquer un renversement total de ce schéma, ni de déménagements en masse par ailleurs.

Cependant, quelques effets sont prévisibles à l’avenir et devraient prochaine- ment représenter des défis/opportunités pour le développement territorial. Parmi eux, on estime que le travail hors du bureau classique pourrait renforcer la demande de surface habitable, du moins au sein des ménages qui ont les moyens nécessaires. Dans la lignée d’une présence accrue chez soi et d’un besoin supplémentaire d’espace, l’attention portée au cadre de vie et à un extérieur attrayant devrait gagner en importance. On entend par là, le besoin de disposer d’un jardin ainsi que d’un accès à des commerces et services proches de son domicile. Autrement, le travail multilocalisé renforcera probablement la demande de résidences secondaires dans les régions touristiques, ce qui stimulerait ces localités (réduisant leur dépendance à l’enneigement par exemple) mais qui, en contrepartie, élèverait le niveau des prix de l’immobilier sur place. Enfin, le télétravail généralisé pourrait également avoir un effet sur les modes de transport puisque la fréquence des trajets domicile-travail va forcément décroître et leur distance s’allonger, provoquant l’attrait du trafic individuel motorisé par rapport aux transports publics.

Dans l’ensemble, avec ces nouvelles attentes on peut ainsi prévoir dans le futur une plus forte décentralisation du domicile, notamment vers des zones urbaines périphériques de petite et moyenne taille, tandis que les régions touristiques se verront quant à elles vivifiées grâce au renforcement de la demande de logements