Entreprises

Mettre fin à la voracité du fisc vaudois

Lors de son assemblée générale, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, qui fête ses 125 ans, a effectué un sondage plutôt rassurant concernant les activités de ses membres. Dans la foulée, elle s’en est prise à la voracité du fisc cantonal qui bat des records suisses pour toutes les catégories de revenus.

Le siège du Grand Conseil vaudois à Lausanne
Le siège du Grand Conseil vaudois à Lausanne - Copyright (c) Wikimedia Zacharie Grossen
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« Alors que la conjoncture internationale traverse de fortes turbulences, l’activité des entreprises vaudoises reste soutenue » a rassuré Patrick Zorn, responsable économique à la CVCI lors de son assemblée générale tenue à Lausanne. Selon son enquête conjoncturelle d’automne, lancée fin août, la marche des affaires est jugée «bonne à excellente» pour 38% de ses membres contre «mauvaise à médiocre» pour 17% d’entre eux. L’ensemble des entreprises ayant répondu occupent plus de 47’000 collaborateurs dans le canton, ce qui rend les tendancesdégagées très représentatives. Toutefois, le pic d’activité est bel et bien passé. En particulier dans l’industrie, une situation qui contraste avec le secteur des services: «Le franc fort pèse de tout son poids, note Patrick Zorn. L’inflation grignote aussi les marges bénéficiaires». L’évolution des salaires a progressé de 2,2%, un chiffre inconnu depuis plus d’une dizaine d’années. Les effectifs ont globalement augmenté cette année, mais dans une proportion en-deçà des attentes. Dans l’industrie, une entreprise sur cinq a été contrainte de les réduire. Les perspectives restent cependant positives concernant 2024. Dans les services comme l’hôtellerie et la gastronomie, les entreprises doivent faire face à une pénurie de main d’œuvre, un secteur où le chiffre d’affaires marque le pas après un premier semestre très porteur.

L’intelligence artificielle peu utilisée

Autre fait marquant, l’intelligence artificielle (IA) n’est pas en tête des préoccupations des entreprises. A peine plus d’un quart d’entre elles utilise ces outils (tels que ChatGPT) dans leurs activités, et ce, principalement pour des usages en lien avec la commercialisation (relation clients, vente, communication). Les applications de l’IA se retrouvent aussi dans l’organisation (finances, ressources humaines) ou encore les processus liés à la production et la logistique. La grande majorité des répondants indique n’avoir mis aucune stratégie particulière en place. Parmi les entreprises n’utilisant pas l’IA aujourd’hui, seul un tiers prévoit de le faire dans le futur, signe que son intégration s’annonce progressive. Le manque de temps, de connaissances sur les outils ou de personnel qualifié sont d’autres raisons évoquées. L’impact sur les emplois semble difficile à estimer: seuls 8% s’attendent à ce que leurs effectifs diminuent. La majorité estime que la législation devrait mieux encadrer son utilisation.

Depuis 2008, le canton de Vaud enregistre des comptes largement excédentaires et sa situation financière est excellente.

Réduire les impôts, ça urge!

Côté fiscalité, la CVCI épaulée par la Chambre vaudoise immobilière (CVI) et la Fédération patronale vaudoise (FPV) a lancé une initiative populaire pour que les Vaudois puissent réduire de 12% leur facture fiscale cantonale. L’initiative intitulée «Baisse d’impôts pour tous: redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne» s’inspire du mécanisme déjà entré en vigueur depuis plus de 20 ans dans le canton de Genève: «La population vaudoise a consenti d’importants efforts pour que l’État de Vaud retrouve une situation financière prospère après la crise des années 1990, a relevé Janick Pochon, responsable vaudoise de la fiscalité des entreprises chez KPMG.

Depuis 2008, le canton enregistre des comptes largement excédentaires et sa situation financière est excellente. Vaud demeure pourtant dans le trio de tête des cantons qui imposent le plus lourdement les personnes physiques, en particulier les classes moyennes. Les comparaisons fiscales entre cantons sont cruelles: «Elles mettent en lumière des différences qui ne sont ni justifiées, ni justifiables, surtout si l’on considère des cantons démographiquement et structurellement similaires au nôtre, comme Berne ou Zurich».

En clair, le contribuable pourrait soustraire 12% de sa facture d’impôt cantonal. Concrètement, si l’on prend l’exemple d’un contribuable qui doit payer 10’000 francs d’impôt cantonal au barème actuel, et donc 15’500 francs après application du coefficient aujourd’hui en vigueur, on soustrait 1860 francs pour arriver à un total de 13’640 francs.

Cette réduction de 12% s’applique à l’impôt sur le revenu et à celui sur la fortune, y compris l’impôt d’après la dépense et l’impôt à la source des personnes physiques. Elle est de durée indéterminée: «Vaud doit rester fiscalement attractif. Les Vaudois ont permis au canton de redresser ses finances déficitaires. Or depuis plus de dix ans, il engrange des bénéficies confortables. Notre volonté de réformer l’imposition des personnes physiques ne constituerait qu’un retour sur effort, et cela, sans conséquences sur les prestations de l’État et son budget», plaide Philippe Miauton, directeur de la CVCI.