Energie - Saxon

Mutualisation du chauffage: Saxon innove

En Suisse, 40% des foyers sont encore chauffés au mazout. Or le prix de ce combustible a augmenté de 11,2% en octobre 2021. Et celui du gaz a grimpé de 6,7% entre septembre et octobre 2021. Comment réduire cette facture?

A Saxon, ce réseau monotube 100% renouvelable à très basse température sans sondes géothermiques permet de réinjecter la chaleur et le froid des commerces afin de mutualiser les rejets thermiques
A Saxon, ce réseau monotube 100% renouvelable à très basse température sans sondes géothermiques permet de réinjecter la chaleur et le froid des commerces afin de mutualiser les rejets thermiques - Copyright (c) STEEN Sustainable Energy SA
diaporama

Devons-nous attendre l’interdiction généralisée des énergies fossiles dans nos systèmes de chauffage pour réagir alors que des solutions pionnières existent depuis longtemps? Les résultats probants d’un quartier de Saxon (VS) sont en train de donner des idées à d’autres communes.

Fini le chacun pour soi

Des panneaux photovoltaïques permettent d’optimiser la part d’autoconsommation du réseaudiaporama
Des panneaux photovoltaïques permettent d’optimiser la part d’autoconsommation du réseau

La nouveauté consiste à abandonner le principe du chacun pour soi, à savoir celui du choix individuel des systèmes de chauffage, au profit de la notion de mutualisation. «Imaginez que vous êtes une commune qui veut construire un nouveau quartier. Soit vous laissez chaque consommateur choisir dans son coin le mazout ou le gaz, par exemple, et c’est de la pollution et du gaspillage, soit vous créez d’emblée en amont un réseau collectif communal de mutualisation avec pompes à chaleur qui intègre les surplus de rejets thermiques, et vous proposez à chaque consommateur de se brancher sur ce réseau commun», explique Romain Chauvet, ingénieur de projet chez STEEN Sustainable Energy à Lausanne. Si un projet de nouveau quartier se construit, il est possible de raccorder les immeubles existants à proximité si les propriétaires souhaitent ou ont besoin de changer les installations de chauffage qui étaient à ce jour individuelles.

Avec ce nouveau concept, à la différence des sondes géothermiques, il n’y a pas d’intervention sous le radier à réaliser avant le gros œuvre, ni de délai de planning supplémentaire, l’impact sur le chantier étant faible puisque les travaux se font en parallèle à ceux du gros œuvre et du terrassement», ajoute Adrien Galland, responsable marketing et communication chez STEEN Sustainable Energy. Autres avantages: la durée de vie d’un monotube en fonte (Von Roll) est de cent quarante ans, alors que celle d’une sonde géothermique n’est que de cinquante ans. En cas de défaillance du monotube, il est facile d’accéder au lieu du dommage en rouvrant simplement la parafouille (la tranchée remblayée entre le mur du sous-sol et le talus du terrassement). Dans le cas d’un champ de sondes géothermiques, si une sonde ne fonctionne plus, elle doit généralement être condamnée.

Avantage pour les locataires

L’avantage est aussi pour les locataires: si l’on avait opté pour les énergies fossiles, outre des investissements conséquents à l’avenir, ils auraient vu leurs charges de chauffage augmenter d’année en année. Actuellement fixée à 96 francs la tonne, la taxe sur le CO2 aurait pu s’accroître jusqu’à 210 francs la tonne si la loi sur le CO2 avait été adoptée. Les Suisses ne sont pas à l’abri d’une montée des prix des énergies fossiles ces prochaines années.

Dans un horizon à dix ans, les locataires ont donc tout intérêt à opter pour des logements qui sont raccordés à un réseau collectif communal de mutualisation. Quant aux collectivités qui n’auraient pas les moyens de financer un réseau communal, la solution du «contracting» est une offre globale de services énergétiques qui permet d’acheter une prestation et d’en confier les aspects techniques et financiers à un spécialiste de l’énergie, ce qui permet de lisser les coûts et de calculer avec précision le rendement à long terme.

4% des bâtiments résidentiels raccordés

Romain Chauvet, ingénieur de projet chez STEEN Sustainable Energydiaporama
Romain Chauvet, ingénieur de projet chez STEEN Sustainable Energy

«Jusqu’à présent, on connaissait les systèmes bitubes de chauffage à distance (CAD) centralisés traditionnels à bois, gaz et géothermie, dont l’unique fonction est de transporter la chaleur à haute température à partir d’un point central en la distribuant vers le consommateur final», poursuit Romain Chauvet. Mais avec nos systèmes décentralisés monotubes sans sondes géothermiques, comme le montre l’exemple du quartier de Gottefrey à Saxon (voir encadré et infographies), on valorise les ressources locales et les rejets thermiques. Le réseau a dès lors une fonction de stockage en plus de sa fonction de transport de l’énergie.

Ainsi, pour 1 kWh d’électricité acheté, votre pompe à chaleur restitue 4 kWh de chaleur (son coefficient de performance est de 4). Vous aurez donc récupéré 3 kWh d’énergie renouvelable gratuite. Plus ce coefficient est élevé, plus la consommation d’énergie électrique est faible, ce qui réduit d’autant votre facture. Et l’énergie non consommée en direct est stockée dans le réseau pour répondre aux futurs pics de demande. «Nos réseaux à boucle anergie* ont un bilan carbone inférieur à 5 kg de CO2 par m2 de surface de référence énergétique (mesure-étalon), soit la limite qui aurait été édictée par la loi sur le CO2 en 2038», assure Romain Chauvet. Pour prendre un point de comparaison, la moyenne actuelle du parc genevois, selon l’Office cantonal de l’énergie, se situe à 27 kg. En 2010, en Suisse, seuls 4% des bâtiments résidentiels étaient raccordés à un chauffage à distance. L’Association suisse du chauffage à distance estime que 38% des besoins thermiques pour- raient être couverts par de tels réseaux. Avec les avantages de cette solution et l’élimination de différentes contraintes, même de petites communes avec une densité d’habitants plus faible qu’à Saxon peuvent désormais installer un réseau renouvelable et contribuer à la transition énergétique.

«Dès lors, pour ces communes, nos réseaux monotube anergie simplement enfouis dans la parafouille des bâtiments ou dans les fouilles des routes méritent pour le moins une étude de faisabilité», relève Romain Chauvet.

Une solution qui fait des émules

Grâce à la distribution par le biais d’un réseau à très basse température (de 0 à 15 degrés), ce système couvre de longues distances tout en limitant les pertes thermiques. 100% renouvelable, cette solution à basse pression est dotée d’un système de stockage dynamique de l’énergie qui intègre les pics de besoins à certains moments clés de la journée. Elle permet un raccordement collectif de bâtiments résidentiels, de supermarchés, de commerces ou d’usines avoisinantes à un quartier. Des habitations peuvent être raccordées jusqu’à 300 mètres du réseau si leur consommation énergétique est suffisante. En Valais, Saxon et Anniviers font figure de communes pionnières dans la planification de systèmes anergie monotubes décentralisés à très basse température sans sondes géothermiques. A Estavayer-le-Lac (FR), un réseau anergie est en cours de construction pour un quartier de 14 bâtiments, et de nombreuses communes romandes envisagent de créer des réseaux de mutualisation similaires.

* L’anergie désigne la partie perdue de l’énergie générée dans un système traditionnel (les pertes). Celle-ci peut être valorisée grâce aux solutions de récupération d’un système comme celui de STEEN.

Pompes à chaleur

Eviter les déconvenues

Au vu de l’engouement que rencontrent aujourd’hui les pompes à chaleur, pour éviter toute déconvenue, les propriétaires ont tout intérêt à ne choisir que parmi les marques de pompes à chaleur certifiées selon le label de qualité du GSP*. Les propriétaires insatisfaits des performances de leurs pompes à chaleur, des coûts d’exploitation ou des niveaux sonores, et qui ne sont pas pris en charge par leur installateur, fournisseur ou entreprise électrique, peuvent contacter le service de médiation du GSP pour les pompes à chaleur.

Quant aux sondes géothermiques, les meilleurs fournisseurs proposent des garanties de durée de vie jusqu’à cent ans. Les réseaux monotubes en boucle fermée réunissant consommateurs et producteurs en série sur une même conduite ne sont adaptés que s’il existe une alternance de besoins en chaud et en froid. Sinon la température baisse inexorablement le long de la boucle. Les profils des consommateurs et producteurs, petits ou gros, doivent se compenser pour éviter que le dernier consommateur de la boucle ne reçoive moins d’énergie que les autres.

Si les besoins simultanés en chaud et froid sont mal répartis dans l’espace, un investissement dans un ou plusieurs tubes supplémentaires peut se justifier. Dans les réseaux bitubes, la mutualisation est moins exigeante. Tous les consommateurs reçoivent de l’eau à la même température et la remettent dans le deuxième tube à une température donnée. Ainsi, tous les clients bénéficient toute l’année des mêmes conditions. P.-A. R.

* www.fws.ch/fr/le-certificat-de-qualite-pac/

Exemple de réalisation

72 logements neufs à Saxon

Projet

Saxon (Valais) –-Un immeuble – 72 logements & 9 commerces

Composition

  • Boucle anergie de 260 m
  • 500 panneaux photovoltaïques en toiture
  • 4 pompes à chaleur eau/eau

Implémentation du réseau

Lors de la construction, dans la parafouille des bâtiments (faible impact sur le chantier)

Valorisation

Chaleur et froid des commerces (Migros) récupérés et réinjectés dans le réseau afin de mutualiser les rejets thermiques

Résultats écologiques

  • Aucune pollution sonore, visuelle et de l’air (0 microparticule)
  • Bilan CO2: 2.40 Kg / m2 / surface de référence énergétiqueLimite de la loi sur le CO2 (refusée): 5 kg en 2038

Suite

Création possible d’un réseau communal (techniquement prévue)