Urbanisme

Quel avenir pour nos villes?

La génération d’écoquartiers tels qu’on les a connus n’est plus. Désormais, place aux quartiers post-carbone et aux nombreux défis/opportunités qui en découlent.

Exemple du quartier Praille-Acacias-Vernets
Exemple du quartier Praille-Acacias-Vernets - Copyright (c) Mateo Giraud
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Nyon, Gland, Genève, Rolle, Montreux... à quoi ressembleront nos agglomérations d’ici 2050? Telle est la question que tout le monde se pose. Les enjeux de construction en bois, de densité par habitant ou d’installation de panneaux photovoltaïques étant déjà derrière nous, il devient alors nécessaire d’imaginer la ville de demain. Autrement dit: les quartiers post-carbone, comme l’a expliqué Emmanuel Rey, professeur à l’EPFL et architecte, lors d’une conférence organisée fin mars par le service de l’urbanisme d’Yverdon-les-Bains (VD).

La fin d’une société carbonée

Une notion encore méconnue mais prospective sur laquelle nous pourrions désormais nous appuyer pour rendre plus durables nos territoires urbains. Puisqu’en réalité, «80% de la ville du futur existe déjà. Il faut moins penser la ville du futur, que le futur de la ville», insiste le chercheur. Et effectivement, après avoir passé deux siècles à apprendre à émettre du co2, voici qu’il est à présent urgent d’inverser la tendance, et ce, en seulement deux décennies. Un défi de taille. Mais pour y arriver, pas de recette miracle poursuit Emmanuel Rey: «la diversité de nos villes fait que, même si nous avons une philosophie d’intervention identique, chaque quartier aura sa propre logique et sa propre transformation».

C’est ainsi qu’entre en jeu le concept de quartier post-carbone. Pour agir, il n’est aujourd’hui plus question de parler de villes ou de bâtiments mais bel et bien de s’attaquer à l’échelle intermédiaire qu’est celle des quartiers. «À partir de ces sites, nous allons pouvoir repenser l’emprise spatiale et fonctionnelle des énergies qui sont encore liées à certains usages. Typiquement, le centre commercial et son immense parking questionnent sur leur utilité et sur leur devenir. Au même titre que le château fort d’Yverdon ne sert plus à protéger mais à accueillir des événements, certaines infrastructures devront se réorganiser en fonction des besoins de chaque quartier», souligne l’expert.

Vers une requalification urbaine

Exemple parlant du moment, le quartier Praille-Acacias-Vernets (PAV), à Genève, est justement en train de vivre ce type de mutation de fond. Territoire d’envergure, étalé sur près de 230 hectares, ce dernier s’est révélé au fil du temps particulièrement stratégique pour le canton qui subit une pénurie de logements depuis de nombreuses années. À l’origine plutôt austère, industriel et problématique, car propice aux îlots de chaleurs et à une importante mobilité individuelle, le PAV est finalement en train de vivre une requalification de son espace sur 140 hectares.

Le parti pris des autorités a ainsi été de ne pas tout raser pour amener plutôt de la diversité dans ce périmètre. Ceci à l’aide d’ajout de logements, de nouveaux types d’emplois, tout en conservant une partie des fonctions déjà présentes sur le site. À l’image d’une renaturation des rivières de La Drize et de l’Arve. Autrefois canalisées pour répondre aux besoins industriels de l’époque, celles-ci vont prochainement revoir le jour, servant de terreau fertile à l’implantation d’habitations et offrant par la même occasion une nouvelle vie à ce quartier.