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Sacha Prost

De « fils de » à entrepreneur menant de front vie de famille en tribu et engagements professionnels polymorphes, Sacha Prost navigue entre vues et visions. Voilà qui valait bien une visite de ses deux cocons vaudois.

Gaia et Sacha Prost posent ici devant la baie vitrée de leur salon ouvrant sur le Lac Léman.
Gaia et Sacha Prost posent ici devant la baie vitrée de leur salon ouvrant sur le Lac Léman.
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Des fenêtres de ses bureaux ouvrant sur les toits de Nyon au balcon de sa demeure surplombant le bleu grisé des eaux lémaniques, seuls quelques centaines de mètres séparent les lieux de vie de Sacha Prost. Malgré la grisaille du jour, le salon des Prost est baigné d’une lumière blanche, reflet d’une baie vitrée où eaux du lac et nuages gris s’unissent sans réelle ligne d’horizon. Pièce névralgique au coeur du duplex familial, le salon accueille souvenirs personnels, meubles soignés et livres d’art. Au centre de celle-ci trône un large canapé dans lequel se love toute la famille : son épouse Gaia, leurs deux enfants, et Sacha lui-même. Malgré une enfance entourée de célébrités, Sacha a grandi en Suisse, éloigné du tumulte généré par les exploits sportifs de son père Alain.

La famille au complet : Gaia Prost avec le petit dernier Lapo sur ses genoux, l’aîné Liam et le chien Brooklyn.diaporama
La famille au complet : Gaia Prost avec le petit dernier Lapo sur ses genoux, l’aîné Liam et le chien Brooklyn.

« Je suis né à Lausanne en 1990, une année où mon père était chez Ferrari. Une saison assez tumultueuse puisqu’il avait perdu le championnat de très peu face à Ayrton Senna, un final historique resté dans l’histoire de la Formule 1. » La famille était arrivée en Suisse sept ans plus tôt, lorsque Nicolas, le grand-frère, n’avait que deux ans. « En 1983, il était moins facile de s’implanter pour les étrangers. Voilà pourquoi mes parents avaient choisi de s’établir à Sainte-Croix, au-dessus d’Yverdon. De là, nous sommes partis à Yens, puis Nyon. J’avais alors 9 ans ; j’y vis encore. »

« Le professeur » a pris sa retraite de pilote alors que Sacha n’avait que trois ans. « J’avais déjà réalisé que j’avais un papa connu. Je me souviens de scènes assez incroyables lorsqu’il venait me chercher à l’école, où les gens se précipitaient pour avoir une photo ou un autographe. Pour moi, il était un peu comme Buzz l’éclair. » Mais lorsque l’on est enfant, qu’est-ce qui est normal, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Malgré ces quelques épisodes, Sacha se considère chanceux d’avoir pu vivre une enfance assez normale. « Nous ne parlions quasi jamais de Formule 1. À l’époque, j’étais totalement passionné par le hockey sur glace, un sport que mes parents ne connaissaient pas du tout et que je pratique encore. J’ai aussi compris plus tard que ma vie n’aurait pas été aussi normale si mon père n’avait pas fait le choix de nous élever en Suisse. » Les origines de Sacha sont françaises, avec des racines italiennes du côté de sa mère et arméniennes du côté de son père. « Je ne suis peut-être pas un vrai Suisse de souche, mais ici, c’est ma maison, mon mode de vie. En France, il me manque mes Läkerli, mon Cenovis et mon Ovomaltine ! » Malgré son attachement à la Confédération, il se sent parfois encore perçu comme suisse en France et français en Suisse.

Après des études aux Etats-Unis, Sacha a décidé de poursuivre sa formation à l’école hôtelière de Glion en se spécialisant dans l’événementiel et le sport, avec, en point de mire, une carrière d’agent de sportifs. C’est là qu’il a rencontré Gaia, celle qui allait devenir sa femme. « J’étais en cours de comptabilité, un cours auquel j’étais d’ailleurs peu assidu. J’ai décidé de faire une petite pause et de sortir de la classe, et là je tombe sur Gaia, que j’avais déjà remarquée. J’ai tenté ma chance. Elle a accepté d’aller manger des sushis avec moi ». Originaire de Naples, Gaia avait vécu enfant quelque temps à Erevan (capitale de l’Arménie), où son papa avait travaillé. « J’ai voulu voir un signe dans cette coïncidence, moi qui ai des origines arméniennes. Et ça a collé. »

Depuis, Gaia a décidé de rester en Suisse et d’épouser Sacha. Une union de laquelle sont nés deux enfants. « Pour la petite anecdote, je leur parle en français, et ma femme leur parle en italien. En revanche, nous communiquons en anglais. Cela vient du fait que lorsque nous nous sommes rencontrés, je ne parlais pas encore italien, ni elle le français. Désormais, elle maîtrise parfaitement le français et s’est beaucoup attachée à sa vie ici. Elle a d’ailleurs choisi de s’appuyer sur sa formation hôtelière pour se diversifier dans le courtage de biens immobiliers de prestige auprès de Luxury Places, une agence immobilière haut de gamme qui possède des bureaux à Genève et Lausanne.

Les trois associés et fondateurs de la marque 8JS : Delphine, Nicolas et Sacha Prost dans leurs bureaux nyonnais.diaporama
Les trois associés et fondateurs de la marque 8JS : Delphine, Nicolas et Sacha Prost dans leurs bureaux nyonnais.

Outre sa vie familiale, l’activité professionnelle de Sacha a aussi été dictée par son passage à Glion. « De retour d’un stage à Paris chez Havas Media, mon frère Nicolas, ma belle-sœur Delphine et moi avons eu pendant mon dernier semestre cette idée folle : créer une marque de vêtements ! » Une discussion pour rire qui a fini par prendre vie : « nous n’avions aucune notion de l’univers du textile, mais Delphine maîtrisait le design après avoir suivi les cours de l’ECAL à Lausanne. La question de donner un nom à cette marque s’est immédiatement posée. En regardant un documentaire de la BBC, j’ai réalisé la récurrence de l’initiale J parmi les champions de F1 : Juan, Jack, Jim, John, Jackie, Jochen, James, Jody... huit ! Et voilà, 8JS était née. L’histoire peut paraître un peu biscornue mais elle nous semblait très cohérente : ancrer le style de nos créations dans l’ambiance de l’époque dorée de la course automobile. Le lendemain de ma cérémonie de remise de diplôme nous étions en Italie pour rencontrer nos futurs fournisseurs. C’était le début d’un processus d’apprentissage de la mode qui se poursuit encore. »

La première collection de la marque 8JS vit le jour en 2014. Aujourd’hui la marque occupe le dernier étage d’un immeuble de bureaux au cœur de Nyon. Là, nous accompagnons Sacha qui y retrouve son frère Nicolas et sa belle-sœur Delphine. Devant une large rangée de fenêtres ouvrant sur les toits de la ville avec au loin les cimes du Jura, ils décident des étoffes dont sortiront leurs prochains modèles. Au fil des saisons, leur marque a trouvé sa clientèle et leurs créations se vendent dans le monde entier grâce à internet, ainsi que dans leur propre boutique du sud de la France, logée à proximité du circuit Paul Ricard. On ne se refait pas.

Les créations 8JS s’inspirent du style des pilotes de Formule 1 des années 70 et 80, l’époque dorée de la course automobile.diaporama
Les créations 8JS s’inspirent du style des pilotes de Formule 1 des années 70 et 80, l’époque dorée de la course automobile.

« Neuf ans après la création de 8JS je me dis non seulement que ça valait le coup, mais que ça le vaut plus que jamais ! Notre collaboration est plus construite, complémentaire et efficace qu’elle ne l’a jamais été. D’ailleurs, nous pouvons nous engueuler le vendredi en tant qu’associés et nous retrouver avec bonne humeur autour de la table familiale le samedi. C’est peut-être notre plus belle réussite. » Une gestion optimisée qui a permis à Sacha de diversifier ses activités en acceptant le poste de CEO d’AgFlow, une entreprise genevoise spécialisée dans l’intelligence de marché, leader dans les matières premières et agricoles.