Neuchâtel

Tivoli Sud, l’ambition d’une autre vie urbaine

Tivoli Sud, c’est un nouveau morceau de ville qui remplacera la friche constituée des anciennes usines du chocolatier Suchard à Serrières, quartier ouest de la ville de Neuchâtel. Le projet est attendu depuis longtemps ; il est espéré dans un quartier qui est une des portes d’entrées de la Ville ; raison de plus pour y mettre en œuvre de légitimes ambitions.

L’ancien vallon industriel de Serrières connaîtra une vie nouvelle avec le projet Tivoli sud.
L’ancien vallon industriel de Serrières connaîtra une vie nouvelle avec le projet Tivoli sud.
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Faire de l’ancienne friche industrielle Suchard de Serrières un véritable lieu de vie, c’est l’objectif du projet Tivoli Sud. Aujourd’hui, cette nouvelle étape dans la revitalisation du secteur se concrétise. Enfin. Car ce quartier de l’ouest de Neuchâtel attend depuis des décennies que ses vieilles usines, là où étaient notamment fabriqués les bonbons Sugus, disparaissent pour laisser place à une vie de quartier revivifiée au cœur de nouvelles constructions. «La mise à l’enquête du projet devrait démarrer en ce mois de mai», se réjouit Stefan Rudy, chef de projet.

Porté par deux investisseurs, Implenia et Ina Invest, Tivoli Sud entend être bien plus qu’un simple quartier d’habitations et d’activités. Il s’agit de redonner vie à tout ce morceau de quartier, créer du lien, réunir à nouveau le plateau de Serrières avec le Vallon où coule la rivière éponyme. En clair, il s’agit tout simplement de proposer une autre vie urbaine. Ainsi, le projet remet à ciel ouvert La Serrière, qui avait disparu sous les usines. Ce n'est pas tout bien sûr, Tivoli Sud privilégie la verdure et l’espace non-construit; ceux-ci occuperont une plus grande surface que les bâtiments, et seront considérés comme le trait d’union entre les immeubles et leurs habitants.

Quatre architectes pour un morceau de ville

Autre particularité du projet, sa conception même est l’œuvre non pas d’un, mais de quatre auteurs. En effet, le concours d’architectures voulu par Implenia a désigné quatre vainqueurs, qui travaillent ensemble, chacun exécutant une partie de ses propositions de départ. «Cette façon de faire nous semble cohérente car nous voulions éviter une monoculture architecturale pour le projet. Nous aurons désormais quatre langages différents pour construire non pas un simple lotissement, mais un véritable morceau de ville», explique Stefan Rudy.

Les aménagements laisseront une large place à l’espace et à la verdure pour devenir plus qu’un lotissement, mais un véritable bout de ville.diaporama
Les aménagements laisseront une large place à l’espace et à la verdure pour devenir plus qu’un lotissement, mais un véritable bout de ville.

Ainsi, GD architectes (Geninasca Delefortrie) de Neuchâtel est en charge d’un bâtiment de logements et commerces sur la Rue de Tivoli. Le bureau Localarchitecture de Lausanne a proposé des immeubles consacrés également à de l’habitation dont des logements d’utilité publique et avec encadrement. Lopes & Perinet Hurzeler, à Genève, est responsable du projet de deux bâtiments dont le rez-de-chaussée participera à la vie sociale du fond du vallon de la Serrière, en proposant notamment commerces et ateliers d’artistes. Le quatrième lauréat est Pascal Heyraud, architecte paysagiste à Neuchâtel. Il est chargé de concevoir le parc et les cheminements piétonniers entre les cinq immeubles du projet qui offriront 260 logements et au total un maximum de 400 places de parc, la totalité de façon souterraine. Devisés à près de 100 millions, les travaux devraient débuter dans le deuxième semestre 2022 et durer jusqu’en 2026, sous condition évidemment d’éventuelles oppositions.

Un pan d’histoire industrielle

L’héritage Suchard pourrait être subtilement rappelé ici ou là.diaporama
L’héritage Suchard pourrait être subtilement rappelé ici ou là.

«Il s’agit de redonner au site de Suchard une envergure digne de son histoire, en faisant de Serrières l’un des trois pôles de développement stratégique de la Ville, avec le Crêt-Taconnet et Monruz», écrivait la Ville de Neuchâtel en 2017 lors de la mise à l’enquête du plan de quartier. Car le lieu est un ancien fleuron de l’industrie neuchâteloise. Dès 1826, l’empereur du chocolat, Philippe Suchard, avait peu à peu colonisé tout ce vallon pour y installer ses unités de production. Au fil du temps, l’industrie chocolatière avait entièrement modelé le quartier. Las… au début des années 1990, rachetée par des capitaux étrangers, la marque Suchard avait rejoint progressivement d’autres horizons, laissant derrière elle tout un quartier d’immeubles industriels ou administratifs, pour beaucoup inoccupés durant de trop nombreuses années. Depuis lors, les autorités – mais aussi de nombreux habitants du quartier – souhaitaient voir l’endroit revivre. C’est ce qui s’est très partiellement produit, dans sa partie nord surtout, grâce à divers projets d’aménagement de lofts ou d’une résidence pour étudiants notamment. Mais la partie sud, face au lac et la plus ensoleillée, attend toujours. La faute notamment à l’établissement problématique du plan de quartier longtemps retardé par de nombreuses oppositions de voisins privés.

Il s’agit de redonner au site de Suchard une envergure
digne de son histoire.

Ville de Neuchâtel

Enfin sur de bons rails, Tivoli Sud entend dès lors être un projet d’avenir qui rend hommage au passé, comme le relève encore Stefan Rudy: «Notre volonté est de valoriser la culture du lieu. C’est pourquoi le projet comportera de subtils clins d’œil qui rappelleront l’héritage de Suchard».

Tivoli Nord pour l’administration cantonale

Autre projet actuellement en chantier dans le secteur de Serrières, « Tivoli nord », développé par la société Quadro Bau Seeland, proposera plus de 10’000 m2 de surfaces administratives sur plusieurs bâtiments, ainsi qu’un parking souterrain. Ces surfaces seront principalement occupées par des services de l’Etat de Neuchâtel dans le cadre de son « pôle de Tivoli » (un second pôle étant prévu à La Chaux-de-Fonds). La Ville de Neuchâtel, quant à elle, regroupera dans les sous-sols les collections de ses trois musées et du Jardin botanique (près d’un million de pièces).

Une certification sévère

Les porteurs du projet Tivoli Sud souhaitent le faire certifier SEED dans le domaine de la durabilité. La démarche implique un processus participatif qui a débouché sur près de 350 propositions remises récemment. Parmi celles-ci, des jardins potagers communautaires, un espace pour les jeunes, des façades de panneaux solaires évoquant le patrimoine Suchard, une conciergerie offrant un service de réception ou encore une réduction de loyers pour les personnes renonçant à la voiture.

Ces propositions ont été définies au terme de quatre séances qui ont réuni des habitants du quartier ainsi que divers spécialistes. Toutes les propositions seront désormais transmises à un responsable de l’association SEED qui doit les évaluer et, le cas échéant, les implémenter dans le projet.

La certification SEED, next generation living a été élaborée par l’Association suisse pour des quartiers durables, fondée en 2018 par le WWF Suisse et Implenia Suisse SA. Celle-ci rassemble quatre catégories de membres, représentés à parts égales au sein du comité – des promoteurs / investisseurs / développeurs, des collectivités publiques et organisations gouvernementales, des associations et coopératives d’usagers ou d’habitants, des professionnels et prestataires de services. Son ambition est de réduire l’empreinte écologique des habitants en visant la diminution des émissions de CO2, en favorisant la biodiversité sur le site tout en maintenant un cadre harmonieux et une bonne qualité de vie, grâce à la certification SEED délivrée aux acteurs de l’immobilier et aux acteurs publics.

Le certificat SEED est l’un des plus sévères dans le domaine du développement durable en milieu urbain. Trois autres projets romands sont en cours de certification, le quartier Gruvatiez à Orbe (VD), l’Ancienne Papeterie à Marly (FR), Green Village au Grand-Saconnex (GE).

https://seed-certification.ch/