Château de Neuchâtel

Un abri pour la seigneurie et la poésie médiévale

Bâti dès le XIe siècle, le château de Neuchâtel a hébergé d’illustres et nobles éminences au cours de son histoire, qui lui ont permis de conserver et de valoriser l’héritage de ce monument historique.

L’aile romane du Château, la plus ancienne, a été restaurée en deux temps
L’aile romane du Château, la plus ancienne, a été restaurée en deux temps - Copyright (c) LDD
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Aujourd’hui encore, il est difficile d’ignorer le château qui surplombe la ville quand on se promène à Neuchâtel. Il s’agit du plus vieux bâtiment de la cité. Les recherches archéologiques ont montré qu’une vaste forteresse occupant toute la colline était en 1011 la propriété du roi de Bourgogne, Rodolphe III. Il l’aurait sans doute fait construire lui-même quelques années auparavant.

Christian de Reynier, archéologue du bâti à l’Office du patrimoine et de l’archéologie du cantondiaporama
Christian de Reynier, archéologue du bâti à l’Office du patrimoine et de l’archéologie du canton

Ce qui prouve que le bâtiment était occupé par la noblesse repose sur la taille des constructions, notamment de l’aula (la grande salle) située dans la partie orientale de l’espace fortifié et qui est à l’origine du château proprement-dit. «Une construction de quelque 200 m2 en pierre, alors que la quasi-totalité de l’architecture vernaculaire de l’époque était en bois, laisse peu de place au doute», éclaire Christian de Reynier, archéologue du bâti à l'Office du patrimoine et de l'archéologie du canton.

Après le roi de Bourgogne et une ultime mention du site en 1056, on ignore le devenir de la forteresse pendant près de cent ans. Puis, une nouvelle aile est construite contre l’ancienne aula au milieu du XII siècle, de style roman, et abrite les nouveaux seigneurs de la région. L’occupation par la noblesse est cette fois attestée par la qualité des décors, de la maçonnerie ou encore des cheminées, dont des vestiges, presque uniques en Suisse, ont été retrouvés. A la fin du même siècle, cette aile romane abrite le comte-poète Rodolphe de Fenis, aussi appelé Rodolphe de Neuchâtel. Un personnage important dans le monde de la poésie médiévale, puisqu’il est l’un des trois poètes de cette époque à avoir transmis et adapté des œuvres franco-provençales en allemand. «La datation a permis de faire le lien entre le personnage et son lieu de vie, précise Christian de Reynier. Une chose exceptionnelle pour l’époque.»

Il ne suffit pas à un monument d'être beau et ancien pour être reconnu comme tel

Un bel effort de conservation

Le château connaît pendant les siècles qui suivent de nombreuses étapes d’agrandissement et de changements de styles. Hormis la résidence comtale, peu de constructions du Moyen Age subsistent à Neuchâtel puisque des incendies ont dévasté des quartiers entiers de la ville, au XVe puis au XVIIIe siècle. «Seules des investigations archéologiques ont pu révéler des traces médiévales derrière des façades de style Renaissance ou classiques», évoque le conservateur cantonal Jacques Bujard. C’est en particulier le cas de la maison située rue du Château 9, toujours habitée. Avec le temps, une vision utilitariste de la ville a gagné du terrain. Des tours ou des portes ont été démolies lorsqu’elles gênaient le passage ou se révélaient trop dégradées. Lorsque le château a dû être adapté pour recevoir la nouvelle administration républicaine depuis 1848, il a fallu se battre pour conserver ses parties les plus anciennes et sauvegarder cet héritage. «Il ne suffit pas à un monument d’être beau et ancien pour être reconnu comme tel, rappelle Christian de Reynier. Il faut aussi pouvoir montrer que ses parties historiques revêtent une importance d’identité nationale, ou du moins régionale, notamment en ayant hébergé des personnages importants.» L’aile romane du château a ainsi bénéficié de premiers travaux de restauration et de mise en va- leur en 1866, ainsi que d’une seconde série de rénovations en 2009.