Un espace sur la rive droite ouvert au public
Fait rare à Genève, une plage de galets bordant le Léman a été inaugurée fin mai aux abords du Jardin botanique. Un espace naturel de plus en milieu urbain.
L’accès au lac est un bien commun et gratuit, n’ont pas manqué de rappeler les orateurs présents lors de l’inauguration d’une nouvelle plage, fraîchement créée à Genève, fin mai, dans le cadre de la réorganisation des rives lémaniques qui s’opère depuis un certain temps. «Tandis que le lac Léman fait partie du domaine public cantonal, bien souvent ses accès appartiennent aux municipalités. Il s’agit désormais de trouver des partenariats pour que ces lieux soient dorénavant ouverts à tous», a souligné à cette occasion Antonio Hodgers, le conseiller d’Etat chargé du Territoire. De quoi relancer le débat autour de l’accessibilité de nos rives et donne du fil à retordre aux autorités genevoises. Et pour cause, cela demanderait aux propriétaires concernés de laisser les promeneurs se balader le long du lac.
Rive moins accessible
Néanmoins, l’Etat de Genève a pu élargir son offre de plages publiques avec notamment en août 2020, celle des Eaux-Vives, un aménagement comprenant 400 mètres de plage et un parc de deux hectares. Mais voici que les autorités ont choisi cette fois-ci d’ouvrir une nouvelle parcelle publique et gratuite sur la rive droite, souvent moins bien dotée en matière d’accès à l’eau. Située à côté du port Nautica, dans le parc William-Rappard, cette plage «de la Console», autrefois inaccessible, offre un espace de 130 mètres de rive de galets et de digue destiné à la détente et à la pêche. Ce nouveau lieu de baignade, pensé pour faire cohabiter les citadins et la biodiversité, aura nécessité des travaux importants de l’Office cantonal de l’eau lors des hivers 2020 à 2022.
«La population a besoin de retrouver l’expérience nature»
L’ensemble, qui est désormais libre d’accès grâce à la démolition des anciennes clôtures et la réalisation d’un cheminement en pas japonais, aura nécessité l’importation de plus de 540 plants semi-aquatiques de provenance locale et la suppression de foyers importants d’espèces exotiques invasives, à l’image de la renouée du Japon ou de l’ailante. Si le coût de ces divers réaménagements s’élève à 350’000 francs pour la plage et 80’000 francs pour le port, François Beetschen, chef de projet, l’assure: «C’est un investissement modeste au niveau financier mais riche de sens pour notre société.» Cette plage représentant d’après lui, une opportunité de plus de sensibiliser les Genevois à la nature. «Certains vont s’inquiéter de la déprédation potentielle, c’est effectivement un risque, mais je pense que cela vaut le coup car nous ne ferons pas prendre conscience de la nature en la mettant sous cloche. D’autant que, selon moi, la population a besoin de retrouver l’expérience nature», a commenté à son tour Pierre-André Loizeau, directeur des Conservatoire et Jardin botaniques.
Aménagements prévus
Bientôt rejointe par le site du Vengeron, pour lequel le Grand Conseil a d’ailleurs adopté ce mois-ci un crédit de 55 millions de francs en vue de plusieurs aménagements, cette nouvelle plage publique n’est que le début d’une longue série de transformations sur la rive droite. Le quai Wilson étant lui aussi en ligne de mire, les berges genevoises poursuivent ainsi leur mue.
Les chiffres clés
298 km2 (51,3%) du lac Léman sont situés dans le canton de Vaud
36,7 km2 (6,3%) du lac sont situés dans le canton de Genève
60% des berges genevoises du lac sont inaccessibles aux passants
40% des berges vaudoises du Léman sont inaccessibles aux passants
130 mètres, la longueur de cette nouvelle plage publique
430’000 francs d’investissement financier pour l’aménagement de cet espace