Thierry Clauson

Un graphiste rompu aux œuvres digitales

L’artiste genevois est l’un des premiers à avoir intégré les technologies 3D dans ses œuvres. Rencontre à Genève.

KHAOS, peinture digitale en 3D et sur Unreal5 réalité virtuelle.
KHAOS, peinture digitale en 3D et sur Unreal5 réalité virtuelle. - Copyright (c) Thierry Clauson
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Thierry Clauson est à la fois peintre, graphiste, illustrateur, designer, directeur artistique et surtout féru de technologie. C’est dans son atelier situé le long du Rhône dans le quartier de la Jonction qu’il s’amuse à travailler ses oeuvres avec de nombreux logiciels 3D. Ainsi, ses tableaux sont modélisés afin d’y créer des expériences immersives. Une technique qu’il étudie et développe depuis bientôt 4 ans. Pour une récente exposition du photographe David Olifson, il a créé l’œuvre Khaos dans laquelle il a intégré des photos d’animaux de ce dernier dans un univers « chaotique » en 3D.

Thierry Clauson devant son œuvre KHAOS.diaporama
Thierry Clauson devant son œuvre KHAOS.

« Mon travail se fait en partie comme à l’ancienne. Première étape, je fais des esquisses sur papier. Ensuite, je les concrétise sur mon ordinateur en 3D et, parallèlement, je prépare ma toile de lin sur châssis pour finalement l’imprimer sur une imprimante géante. » Son travail n’est pas pour autant fini. Il recommence alors à zéro et réadapte l’ensemble sur le logiciel d’Epic games Unreal 5 afin de réaliser une VR (réalité virtuelle). « Thierry est toujours à la pointe des dernières technologies au niveau de l’art. Il sait créer son univers en maîtrisant toutes les techniques », dit de lui David Olifson.

Parcours de vie

Thierry Clauson dessine tous les jours depuis l’âge de quatre ans. « A l’adolescence, j’ai vite compris que je n’aimais faire que ça. » C’est enfant qu’il vient s’installer à Genève avec sa sœur et sa maman qui travaille, alors, pour le CERN. Cette dernière aspire à voir son fils devenir un grand scientifique. « J’étais toutefois trop mauvais en mathématiques. » Alors que Thierry est étudiant au Collège Voltaire, ses professeurs se rendent compte de son talent pour le dessin et le poussent à faire les cinq ans d’arts décoratifs, puis de s’inscrire à l’École supérieure des beaux-arts (HEAD actuelle). « Un drame pour ma mère qui ne voulait pas en entendre parler. » Thierry se retrouve pourtant au « paradis », à découvrir le graphisme et à dessiner. L’aventure tourne cependant court puisqu’il se fait renvoyer en 4e année de l’Ecole des beaux-arts à cause d’un mauvais comportement. Celui qui assume son côté « provocateur » démarre rapidement un travail d’illustrateur pour de grandes agences de communication. Cela lui permet de toucher de généreux droits d’auteur. A 27 ans, il expose avec HR Giger (voir p.32), le père d’Alien, à Zurich. Rapidement, il acquiert une réputation internationale pour ses compétences en aérographie. « J’ai malheureusement enchaîné les laryngites. C’est ce qui m’a poussé à changer de technique pour faire de la peinture à l’huile.»

Arrêt graffiti Station, peinture digitale 3D impression sur toile.diaporama
Arrêt graffiti Station, peinture digitale 3D impression sur toile.

S’ensuit une période d’hyper-réalisme. Il travaille alors pour des maisons horlogères, des groupes de presse, des chocolatiers et d’autres entreprises internationales. Il réalise de nombreux portraits de philosophes tels que Bernard-Henri Levy ou André Glucksmann. Depuis, il a touché à tout: des storyboards pour le cinéma, l’identité visuelle de nombreuses multinationales, des scènes de spectacle, des dessins de mode et même des pochettes de disque, notamment celle de Jermaine Jackson. Il obtient également plusieurs mandats dans l’architecture comme celui de l’aménagement de la galerie commerciale de la gare (CFF) des Eaux-Vives, réalisée par Jean Nouvel en collaboration avec le bureau d’architectes Brodbeck Roulet. « J’amène un style, et une scénographie originale et contemporaine. Je fais en quelque sorte du marketing architectural. » Il dessinera également l’identité du restaurant-bar Les Voiles à Genève. « J’ai donné le ton pour que l’esprit soit reconnaissable. » Il y a dix ans, il commence à intégrer des images de synthèse à des photos de mode. Une nouvelle passion est née. Depuis lors, il réalise, grâce à la technologie, de gigantesques fresques. Son style mélange science-fiction, surréalisme, futurisme avec une touche provocatrice.

White blockchain, peinture digitale en 3D - impression sur toile.diaporama
White blockchain, peinture digitale en 3D - impression sur toile.

Il crée ainsi des sculptures digitales hyperréalistes. « Je joue avec les vernis, les matières, les imperfections, avec des images de synthèse qui donnent un aspect « ancien tableau à l’huile ». Ma technique fait ressortir tous les détails, la profondeur des noirs, la structure, la matité. » Dessiner continue à être un véritable bonheur pour l’artiste genevois. « C’est profond, j’utilise mon intuition.» Quant à travailler sur l’ordinateur, c’est passionnant mais plus compliqué, parce qu’il faut connaître les codes, « l’intuition ne suffit plus ».

Cette année, Thierry Clauson enchaîne les projets. Il travaille en collaboration avec la start-up technologique basée à Morges Cybel’Art sur la mise en scène en réalité virtuelle d’un opéra de Richard Wagner pour l’Université de Cambridge et également sur la réalisation de l’une des plus grandes fresques jamais exposées à Genève.

Une grande partie de ses œuvres peuvent être achetées sur art.clauson.ch et aussi en NFT sur le site américain OpenSea.