Lancy

Un nouveau quartier sort de terre

Le groupe Comptoir Immobilier vient de livrer le 3 avril le second nouvel immeuble du quartier de Surville sur la commune de Lancy. Dessiné par l'atelier d'architecture Jacques Bugna, il offre une vue imprenable sur la zone du PAV (Praille-Acacias-Vernet).

Le 43-45 chemin des Erables offre 47 appartements, principalement des 4 et 5 pièces
Le 43-45 chemin des Erables offre 47 appartements, principalement des 4 et 5 pièces - Copyright (c) Photodrone.pro - Pedro Gutiérrez
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Lundi 3 avril, grâce à la bise, le ciel était entièrement dégagé et les personnes conviées à la remise de clé de l’immeuble 43-45 chemin des Erables, à Lancy (GE), ont pu admirer une vue à 180° allant de la pointe de la Jonction au Stade de Genève, depuis le 8e étage de ce second bâtiment livré par le Comptoir Immobilier. On se croirait presque dans le nid d’un aigle. Et ce n’est ni la future tour de Pictet, ni celles du carrefour de l’Etoile qui viendront enlever ne serait-ce qu’un dixième de ce panorama exceptionnel.

Un PLQ contesté

Petit retour en arrière. Les premières études concernant ce quartier ont été initiées par l’Etat de Genève et Lancy suite au nouveau plan directeur cantonal d’avril 1985 proposant de mettre en zone de «développement 3» ce périmètre d’environ 122’000 m2, soit 12 hectares alors qu’il s’agissait d’un quartier comprenant une vingtaine de villas, la mission diplomatique de Chine et le parc Chuit de la ville de Lancy. La population lancéenne s’était opposée à ce vaste déclassement. En 1998, un premier plan localisé de quartier avait été retoqué par voie de référendum. Puis en 2001, la population avait accepté une initiative pour des quartiers verdoyants et son contre-projet préconisant une révision à la baisse des objectifs de densification.

Sur ce, le Comptoir Immobilier a dès lors commencé à œuvrer sur l’aménagement de cette zone. En 2014, le PLQ «Surville» est entré en force (malgré un certain nombre d’oppositions) permettant d’accueillir, à terme, 800 logements et deux tours d’activités, tout en maintenant le parc Chuit, avec son extension sur la parcelle voisine de plus de 2 hectares.

Déjà 95 logements

La vue depuis le 8e étage est impressionnante. On domine la quasi-totalité de la ville de Genèvediaporama
La vue depuis le 8e étage est impressionnante. On domine la quasi-totalité de la ville de Genève

Avec la cérémonie du 3 avril, à laquelle étaient conviées les autorités lancéennes, ce sont 47 logements supplémentaires qui viennent d’être livrés. Concrètement, on parle d’un six pièces, de 16 cinq pièces, de 22 quatre pièces et de 8 trois pièces en loyer dit «libre», bien que contrôlés financièrement par l’Etat vu que nous sommes en zone de développement. Rappelons que ceux-ci viennent s’ajouter aux 48 logements livrés en juin dernier.

Ainsi, pour ces deux immeubles, dont la construction a été intégralement pilotée par les assistants des Maîtres d’ouvrage, soit Arnaud Hubmann et Sébastien Saudan du Comptoir Immobilier, ce ne sont pas moins de 95 logements qui voient le jour. Précisons à ce propos que le Comptoir Immobilier va construire un 3e immeuble prévu par le PLQ. «Mais à ce stade, nous n’avons pas débuté les études. Nous allons travailler avec le bureau Clavien. Il s’agira d’une PPE et d’une coopérative d’habitations», nous confie Arnaud Hubmann, membre de la direction générale ajointe et chef de projet au sein de la division études & développement.

Point fort du projet: la nature!

Si l’architecture globale des deux bâtiments respecte les normes en vigueur en matière de construction durable et a été pensée avec bon goût, c’est avant tout la proximité du Parc Chuit qui donne à ce projet ses lettres de noblesse. Arnaud Hubmann revient sur ce projet humain et durable: «Pour Surville, le développement durable et la mobilité douce n’étaient pas de simples orientations. Cela constituait un leitmotiv permanent. Ce n’est pas exagéré de dire que chaque arbre et chaque espèce ont entièrement compté sur ce projet, ils en étaient véritablement le point d’orgue. Nous avons transplanté des arbres, pour qu’ils retrouvent exactement leur terre d’origine. Nous avons réduit de 30% le nombre de stationnements par rapport au règlement initial et entrepris la complète électrification du parking, afin de favoriser les véhicules électriques. Nous avons installé le local à vélo au rez-de-chaussée afin d’en faciliter l’accès. Notons également qu’un raccordement au réseau GeniLac est prévu courant 2025 afin d’ancrer définitivement ce projet dans ses racines durables et responsables.»

Un milan venu nicher au coeur du site a provoqué un retard de cinq mois.

La meilleure réponse architecturale

Comme l’a relevé Jacques Bugna, l’architecte du projet: «C’est en septembre 2016 qu’a commencé notre relation avec le Maître d’ouvrage suite au concours qu’il avait organisé. Il s’agissait avant tout de trouver la meilleure réponse architecturale sur un magnifique site dominant la ville. Notre première réflexion fut de trouver une réponse adéquate pour le socle, qui voit sa dimension s’agrandir pour épouser parfaitement la forme du terrain. Le PLQ imposait un rez libre et nous avons opté pour un rez-de-chaussée hébergeant l’ensemble des espaces communs qui font vivre l’immeuble: un généreux hall reliant deux cages d’escalier, une buanderie, une salle commune, des caves, un spacieux local destiné aux vélos et aux poussettes. Notre seconde réflexion fut la réponse à la surface brute de plancher supplémentaire dont nous pouvions disposer, compte tenu des qualités thermiques de notre bâtiment. Nous avons opté pour un étage supplémentaire.» Et Jacques Bugna d’affirmer «que le sentiment de générosité exprimé par les espaces intérieurs illustre l’idée maîtresse de l’architecture qui est d’offrir à l’homme des espaces pleins d’inspiration où il fait bon vivre.»

Des imprévus malgré tout

Enfin, l’architecte a rappelé quelques épisodes qui ont marqué le chantier: la découverte de fleurs protégées sur le site, les ophioglossums, une fougère dont la particularité est de posséder une seule fronde entière; le cèdre situé pas très loin de l’entrée, ce qui a contraint et compliqué l’accès au parking souterrain de 49 places, toutes électrifiées, mais qui a malheureusement dépéri avant même le début du chantier ; le milan qui est venu nicher dans un marronnier situé au cœur de la parcelle, ce qui a obligé à retarder le chantier de cinq mois; la pandémie du Covid qui a stoppé le chantier ; sans oublier, pour finir, une erreur de l’entreprise fournissant les préfabriqués, mais qui a heureusement été corrigée par cette dernière. «Cependant, tout se termine sereinement dans les temps, et ce, en respectant le budget.»