Un parc urbain de 70’000 m2 sur les Jeunes-Rives
Davantage de plage, de verdure, de culture et de loisirs au bord du lac. À Neuchâtel, les Jeunes-Rives deviendront bientôt un parc urbain de 70’000 m2 à deux pas du centre-ville. Gros plan sur un projet ambitieux.

Vingt ans après Expo.02, la ville de Neuchâtel s’apprête à se réconcilier avec son lac
Le réaménagement des Jeunes-Rives va enfin démarrer. La fin d’un vrai feuilleton, avec son lot de rebondissements. « Ce projet est en effet très attendu par notre population », souligne Violaine Blétry-de Montmollin, conseillère communale en charge du développement territorial. Si les dernières oppositions parviennent à être levées cette automne, les premiers coups de pioche seront donnés en mars 2022, et pour l’été 2023 la première partie du projet sera réalisée.
Poumon vert et espace de loisirs
À terme, le futur Parc des Jeunes-Rives proposera près de 70’000 mètres d’ambiances diversifiées, grâce à une arborisation variée mettant à l’honneur la biodiversité et les plantes indigènes. Mais les Jeunes-Rives ne seront pas qu’un poumon vert entre cité et lac. Elles resteront pour les Neuchâtelois un lieu de rencontre et surtout de loisirs. C’est bien là que chaque été se tient Festi’neuch depuis vingt ans. C’était bien là qu’Expo.02 avait déroulé ses fastes sur un arteplage qui est encore dans tous les souvenirs (voir encadré). C’est bien là qu’aujourd’hui encore, baigneurs, pique-niqueurs, étudiants, sportifs ou familles s’y retrouvent chaque jour.
Le nouveau parc des Jeunes-Rives entend continuer de célébrer les échanges. Avec son espace dédié aux manifestations (ex-Place Rouge), le secteur offrira de multiples possibilités pour partager des instants uniques. Aussi et surtout au long d’une grande plage urbaine d’environ 150 mètres engazonnée et ombragée par les arbres préservés, qui offrira un accès facilité à l’eau.
Sans oublier le point de ralliement et atout indéniable du futur parc : un nouveau restaurant, ouvert toute l’année, avec deux terrasses extérieures donnant sur le lac. À l’autre extrémité, un second établissement public, sous la forme d’un café-bain, permettra de profiter d’une petite restauration et d’un espace dédié au bien-être, avec vue sur une crique renaturalisée.
L’actuelle place du Douze-Septembre, marquée par une architecture faisant la part belle au béton, sera déconstruite. À sa place sera érigée une grande place de jeux, et la petite colline sera légèrement aplanie pour permettre un dégagement de la vue sur l’ensemble du parc. Le coût total des travaux est devisé à 26,6 millions de francs, dont 16,8 millions pour le premier secteur.
Large consultation publique
Le concept initial, le projet Ring du bureau Frundgallina, avait remporté en 2010 le concours Europan 10. Prudentes, les autorités avaient voulu d’abord prendre la température. Elles avaient initié, dès 2014, un large processus participatif.
Une démarche qui avait permis de mesurer l’adhésion de la population (80% d’avis positifs) et de prendre acte des attentes pour les Jeunes-Rives. « Le projet a été passé au crible de quatre commissions du législatif, des partis politiques, d’une trentaine d’associations ainsi que de la population » rappelle Violaine Blétry-de Montmollin. Ring a ainsi été passablement modifié, en collaboration avec les architectes, pour coller aux attentes et enfin contenter tout le monde. Ou presque, puisque quelques abattages d’arbres divisent encore.
Parking : la solution reste à trouver
« Le Conseil communal a choisi de réaliser le projet en deux grands secteurs, pour des questions de phasage des travaux et des dépenses, ainsi que pour maintenir l’activité sur le site durant les travaux » souligne encore Violaine Blétry-de Montmollin. Mais aussi pour trouver une solution au parcage. Car les 300 places de l’actuel parking vont en effet disparaître sous la verdure. « Elles seront compensées ailleurs, mais d’une manière concertée, notamment avec le projet de campus universitaire qui va se développer à proximité » promet Violaine Blétry-de Montmollin. La solution est encore toutefois à l’étude.
Terrain gagné sur le lac dès les années cinquante
La genèse des Jeunes-Rives date de la fin des années 1950, quand la ville de Neuchâtel décide de s’étendre sur le lac. Pour cela, elle profite de matériaux d’excavation disponibles en quantité suite aux nombreuses constructions immobilières réalisées durant l’après-guerre.
Le remblayage débute en 1960 et se poursuit jusqu’en 1970. Les Jeunes-Rives sont créées d’abord pour y installer la STEP et des installations sportives. Puis, dans les années 1980 suivent le grand parking et la place du 12-Septembre (1981), la salle omnisport (1985 et 1987), les patinoires (1986) et le port de plaisance en 1988. Sans oublier l’aménagement de certaines portions de la rive pour la baignade.
En 2002, les Jeunes-Rives sont totalement transformées pour accueillir l’exposition nationale. Arteplage, restaurants, bars ainsi qu’une multitude d’autres activités font bouillonner le site. En quelques mois, des centaines de milliers de personnes visitent Neuchâtel. Ce qui révèle le potentiel du secteur et suscite une envie de changement au sein de la population neuchâteloise.
Des projets plus ou moins aboutis se succèdent. L’un d’eux finit même en votation populaire, mais est rejeté par six citoyens sur dix. Ceci avant qu’un concept global, RING, ne soit choisi en 2010. Ce qui n’empêche pas un groupe de Neuchâtelois de proposer la création de la Swiss Watch Arena, une montre géante comprenant un centre de congrès ! Une idée refusée toutefois par les autorités qui préfèrent avancer avec RING.
Or, en 2013, un autre projet urbanistique communal, celui du réaménagement de la Place Numa-Droz, est sèchement balayé en référendum populaire. Echaudées, les autorités mettent le projet RING en consultation dans le cadre d’une démarche participative « Centre et rives », qui concerne également la place Alexis-Marie-Piaget, la place du Port et la place Numa-Droz. Après un long processus de maturation, le projet de Parc est finalement mis à l’enquête publique en été 2021.