Une crèche s'ouvre aux Eaux-Vives
La Villa Ambrosetti s’est transformée en crèche. Accueil transitoire pour la «Madeleine des Enfants» qui doit être rénovée, elle constitue un nécessaire apport pour ce quartier en manque d’infrastructures pour la petite enfance.

A l'extérieur, une intervention lourde, mais aussi discrète que possible pour respecter la qualité patrimoniale de la Villa Ambrosetti, sise route de Frontenex 54, bâtisse construite en 1868 dont les chaînes d'angle en pierre naturelle ont été soigneusement restaurées. A l'intérieur, tous les espaces ont été remodelés sur les deux premiers niveaux pour accueillir 96 enfants dès 2022. Côté cour, l'accueil et les espaces communs déployés sur une double hauteur occupent le magnifique espace voûté du socle qui abritait autrefois les caves de Jean-François Fert, fabricant de vermouth et maître de l'ouvrage.
Les enfants bénéficient d'un espace de jeux en mezzanine et d'un accès direct au jardin qui se développe à l'arrière. Respectant le noyau central de distribution existant, la réorganisation des lieux optimise l'apport de lumière naturelle et tisse d'habiles liaisons fonctionnelles entre les différents espaces. Une trémie repose sur les deux niveaux du rez semi-enterré et la salle de jeux est équipée d'un toboggan qui rejoint le niveau d'accueil. La restauration a engendré son lot de défis techniques, comme le percement à travers la voûte, nécessaire à l'insertion d'un grand escalier et d'un ascenseur, la mise en place de cintres stabilisateurs sur mesure et l'important travail de renforcement structurel à l'étage.
Projet élargi de 54 à 96 places
En prévoyant au projet les deux annexes en retour d'équerre qui forment la cour, côté route de Frontenex, la capacité de la crèche est passée à 96 places au lieu des 54 demandées dans l'appel d'offre. Totalement reconfigurées, les ailes sont réservées aux plus grands. Les plus petits seront accueillis dans la bâtisse principale. Radier, dalle, isolation intérieure, toitures et ferblanteries sont autant d'interventions qui ont marqué la transformation conséquente des deux ailes.
Rénovée il y a quelques années, la toiture de la villa n'a pas subi d'intervention si ce n'est l'installation de nichoirs à martinets. Les appartements locatifs, raccordés à la nouvelle chaufferie, profitent des nouvelles canalisations et des vitrages isolants. Dans la cour qui servait autrefois de parking, les pavés d'origine restaurés intègrent un cheminement pour les poussettes et les chariots de la cuisine.
Conclusion de longues attentes
Conçu par le bureau genevois d'architectes Lacroix Chessex, la réalisation contribue, avec la crèche prévue à terme sur le site de la gare des Eaux-Vives, à répondre à un fort besoin. Comme l'indiquait, en 2017, le Département de la cohésion sociale et de la solidarité, il manquait encore 180 places dans ce quartier. Le taux de couverture des besoins exprimés par les familles était alors de 69% contre 82% dans le reste de la ville.
Le crédit de rénovation et reconversion de 9'142'500 millions de francs votés en 2018 a mis fin à de longs atermoiements. Acquise par la Ville de Genève en 1951, la Villa Ambrosetti a en effet traversé une série de turbulences. En 2014, après sept ans de discussions, l'exécutif, décidé à
déloger les locataires des quatre logements sis aux étages au profit d'appartements-relais pour femmes en détresse, a finalement cédé à l'opposition du Municipal en proposant un plan B. La solution d'accueil dans l'ex-maison d'arrêt de Riant-Parc, rachetée par la Ville à l'Etat, a permis au projet d'aller de l'avant.
L'ouverture de la crèche marque aussi le dénouement pour l'espace de vie « La Madeleine des Enfants », située rue de la Madeleine 16. Le projet de rénovation de ce bâtiment historique a dû faire face à dix ans d'attente avant de trouver une solution de relocation transitoire. Malgré les efforts, il s'était avéré impossible de trouver un site en Vieille-Ville permettant d'implanter des pavillons provisoires suffisamment grands pour abriter une
cent d'enfants. Ces derniers seront dégradés au 54, route de Frontenex dès janvier et jusqu'à 2024, le temps de restaurer le bâtiment n'a pas progressé durant cette décennie.