Genève

Une gare souterraine de tous les défis

Dans le cadre des cycles de conférences organisés par l'Hepia et les CFF tout au long de la durée du projet Léman 2030, deux membres de l'équipe d'élaboration de ce chantier hors norme sont revenus sur les enjeux de sa planification.

Une nouvelle gare modernisée, connectée et plus accessible
Une nouvelle gare modernisée, connectée et plus accessible - Copyright (c) CFF
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Les chemins de fer fédéraux n’ont pas la cote en ce moment. Après les diverses polémiques déclenchées par un retard dans le chantier de la gare de Lausanne, une hausse des tarifs décriée et un nouvel horaire loin d’être au goût de tous, le projet de gare souterraine à Genève avance à pas feutrés. Pour rappel, cette extension de l’actuelle gare Cornavin, d’une superficie de 22'000 m2 et devisée à 1,88 milliard de francs, vise à créer un quai central supplémentaire à deux voies. Le tout s’intégrant dans un programme plus vaste nommé Léman 2030, lui-même ayant pour but de doubler le nombre de places assises sur les lignes ferroviaires entre Genève et Lausanne dans la décennie à venir.

Le nombre de places assises serait doublé dans la décennie à venir

Un sujet qui suscite également son lot de réactions négatives depuis 2019. «Le projet va-t-il dérailler?» peut-on encore entendre aujourd’hui. Lors de la 3e conférence organisée conjointement par l’Hepia (Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève) et les CFF, fin mai, deux membres de l’équipe du projet sont venus s’exprimer sur les enjeux de cette planification d’ampleur inédite. Laurent Fournier-Bidoz, co-directeur du nœud ferroviaire de Genève, a d’abord relevé la nécessité de Léman 2030 pour la région: «Le boom économique et démographique que vit actuellement l’Arc lémanique aura un impact fort sur la mobilité. Afin d’anticiper le nombre de voyageurs journalier qui va doubler sur la ligne Genève-Lausanne, passant à 100'000 par jour à l’horizon 2030, ce développement permettra de répondre correctement à la demande.»

Des moyens colossaux engagés

Au 1er sous-sol, la galerie d'accès à la gare et au 2ème sous-sol, les nouvelles deux-voies souterrainesdiaporama
Au 1er sous-sol, la galerie d'accès à la gare et au 2ème sous-sol, les nouvelles deux-voies souterraines

Et toutes les ressources sont déployées en ce sens. Avec près de 4 milliards de francs d’investissement, Léman 2030 mobilise également une quarantaine de bureaux d’ingénieurs et pas moins d’une centaine d’employés CFF. Parmi eux, Sébastien Bustamente est planificateur du projet de la gare souterraine et joue un rôle clé dans le plus gros chantier ferroviaire mené au XXIe siècle à Genève. Une mission à haut risque dont le défi le plus important reste selon lui l’adaptabilité. «Cette gare n’est qu’un élément des 26 autres projets de Léman 2030 et tout le réseau est lié. Il faut donc gérer les différentes durées, les multiples acteurs et phases en décalage de chaque chantier. C’est une planification hors norme à tous les ni- veaux qui est véritablement complexe», décrit-il.

Déjà dans sa dernière phase d’étude depuis début mai, le projet de gare souterraine à Cornavin devrait être mis à l’enquête l’an prochain. Quant aux dates de début de chantier estimées (2027) et de sa durée (8,5 ans), Sébastien Bustamente souligne qu’il s’agit d’un minimum «qui ne prend pas en compte les aléas, tels que des oppositions par exemple». A suivre.