Trèfle-Blanc

Une patinoire ambitieuse nichée à Genève

Les amateurs du Genève-Servette Hockey Club devront patienter jusqu’en 2028 pour voir l’aigle Sherkan survoler la nouvelle glace prévue à son effigie. Le projet architectural de cet édifice monumental tout juste présenté, le voyage sera néanmoins encore long avant sa concrétisation.

La future patinoire du GSHC conçue par Architech SA
La future patinoire du GSHC conçue par Architech SA - Copyright (c) Architech sa
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Concevoir une patinoire en 2024 n’a rien d’un jeu d’enfant. Entre les attentes des fans, du club, des joueurs, des associations, des habitants, des autorités et des écologistes, remporter le concours d’architecture pour la future patinoire du GSHC relevait presque d’une mission impossible. Pourtant un bureau d’architectes a su séduire le Jury en remplissant un cahier des charges ambitieux: le genevois Architech SA.

La vision de l’architecte lauréat

Au terme d’un an et demi de travail, revoyant la copie à de multiples reprises, c’est finalement le projet du doux nom de «Nid des Aigles» (en hommage à la célèbre mascotte du club) qui vient d’être déclaré lauréat. Une conception dont les contours ont été exposés fin mars au public afin de donner un avant-goût de cette patinoire tant fantasmée. Les intéressés devront malgré tout patienter jusqu’à fin 2028 avant de voir le palet frôler la glace de l’enceinte fraîchement sortie de terre...

En attendant, voici le détail de cette œuvre inédite en tous points. «Le Nid des Aigles» prévoit une patinoire principale d’une capacité de 8500 places (sachant que la moyenne suisse se situe à 8700 places et que la fréquentation habituelle aux Vernets côtoie les 6200 spectateurs), la taille de l’édifice sera ainsi agrandie sans tomber dans la démesure. D’autant qu’une deuxième patinoire, plus petite, pouvant accueillir 300 personnes sera placée juste à côté, dans une salle indépendante dédiée au patinage amateur. Côté volumétrie, le bâtiment sera composé de plusieurs plateaux en décalage afin d’atténuer sa masse quelque peu imposante vue de l’extérieur, ce qui offrira des terrasses à différents étages ainsi que des cercles de déambulation pour faciliter les flux de visiteurs entre les gradins. Tout autour de ces parvis, des zones de restauration, de salons VIP, de boutiques, d’ex- position ou de coins pétanque viendront agrémenter l’ensemble.

Des zones de restauration, de salons VIP, de boutiques, d'exposition ou de coins pétanque viendront agrémenter l'ensemblediaporama
Des zones de restauration, de salons VIP, de boutiques, d'exposition ou de coins pétanque viendront agrémenter l'ensemble

Mais le grand marqueur de cette conception coliséenne reste sa coupole. Garni en surface de panneaux photovoltaïques, son couvert formera le nid inversé d’un aigle, une structure en charpente de bois qui démontre une attention particulière portée aux matériaux biosourcés. Un parking de 1000 places est aussi programmé à Trèfle-Blanc ainsi qu'une passerelle de mobilité douce franchissant la route de St-Julien qui viendra faciliter les nœuds multimodaux (train, tram, bus, vélo) de ce complexe. Enfin, pour parfaire le tout, un immeuble annexe d’activités de 24’000 m2 fera partie du dessein, où une médiathèque et une salle de spectacle (entre autres) devraient être inaugurées pour la Ville de Lancy.

«L’avantage avec ces grandes infrastructures sportives c’est qu’elles marquent le paysage et identifient durablement tout un périmètre. Cette patinoire esthétiquement réussie placera ainsi le quartier méconnu de Lancy-Sud sur la carte du canton», décrit le conseiller d’État en charge du territoire, Antonio Hodgers. Avant d’ajouter: «En s’insérant autour de l’interface en pleine mutation de Bachet-de-Pesay, elle complétera l’offre déjà fournie du Stade de la Praille ou encore du Village du soir pour créer un véritable pôle d’attraction».

Seul hic, le projet de patinoire à Trèfle-Blanc ne date pas d’hier et n’avance malheureusement pas aussi vite que ses développements aux alentours. En effet, si ses prémices datent d’il y a près de quinze ans, le processus avait depuis patiné. Une lenteur d’action étalée sur le temps malgré l’urgente nécessité de remplacer le site historique des Vernets, construit en 1958 (puis rénové partiellement en 2008 et 2011) devenu peu à peu vétuste.

Des étapes encore à venir

Parmi les freins qui ont retardé l’avancée de ce projet, le financement est notamment en cause. Après avoir refusé l’apport privé porté par des investisseurs canadiens en 2019, les autorités genevoises ont fixé un budget de 138 millions de francs, entièrement couvert par les contribuables. Au fil de la décennie, il aura fallu s’assurer de la disponibilité foncière du lieu, via une série d’acquisitions, puis initier le concours, fin 2022. Un temps additionnel qui en valait la peine selon Francesco Della Casa, architecte cantonal. «En étant les derniers à construire notre patinoire, cela nous a permis de faire l’inventaire de ce qui n’allait pas dans celles existantes et d’estimer au mieux les besoins actuels ou futurs de notre propre temple du sport», témoigne-t-il.

Pour l’heure et afin de confirmer cet élan pour l’instant réjouissant, il faudra encore affiner le projet, définir le crédit d’investissement (pour la construction) en vue d’un dépôt de loi à l’été 2025 auprès du Grand Conseil. Il faudra également parvenir à acheter le dernier bout de terrain qu’un irréductible couple de retraités possède in situ, fixer le modèle d’exploitation et surtout éviter les perpétuelles oppositions. Puisqu’autrement, le délai de livraison de 2028 pourrait une fois de plus s’éterniser et, à terme, voir à nouveau le projet battre de l’aile...