Zep embellit la façade d’un bâtiment historique
Une fresque géante mettant en scène le personnage de Titeuf a été inaugurée sur la façade de l’immeuble Etoile-Palettes, lui-même construit jadis par les frères Honegger et tout juste rénové.

Véritable pierre angulaire du quartier, l’immeuble de l’Etoile-Palettes, à Lancy (GE), joue à présent les musées à ciel ouvert. Son pignon surmontant la poste de l’avenue des Communes-Réunies affiche désormais une fresque de 50 mètres de haut représentant le personnage de BD Titeuf. Cette œuvre d'art dévoilée au public le 19 août dernier qui vient également clore près de trois années et demie de travaux de rénovation.
Témoin d’une époque

Il faut dire que cette bâtisse emblématique possède un passé singulier. Commandée auprès des frères Honegger début 1965, des célèbres architectes, elle sera l’un de leurs derniers grands projets après plus de trente ans de conception et de construction aux quatre coins de Genève (dont près de 9000 logements). L’autorisation de construire déposée en mai 1965, le chantier de l’Etoile-Palettes bat dès lors tous les records de vitesse et sera terminé en à peine une année. «Entièrement construit en matériaux préfabriqués, cet immeuble se voulait pionnier pour l’époque. Aujourd’hui nous mettrions plutôt trois ans pour construire ce complexe de seize étages», appuie Stéphane Lorenzini, associé chez 2dlc Architectes partenaires et ancien maire de Lancy.
Il a fallu être très précis dans le tracé du crayon car chaque détail allait être ensuite agrandi
Une rapidité de réalisation qui contraste avec celle de sa rénovation, intérieure et extérieure, qui aura quant à elle demandé pas moins d’une décennie, de la conception à l'achèvement. «L’édifice n’était pas très droit, il y avait pas mal de faux aplombs et de nombreux problèmes liés à soixante années écoulées sans réelles remises en état», précise l’architecte. Ce à quoi le propriétaire, la Fondation de placement Patrimonium, s’est attelé en réhabilitant les 282 appartements de l’ensemble, en ajoutant des panneaux photovoltaïques sur les toits et en assainissant les façades, dont l’une s’est finalement transformée en toile géante.
Un art porteur de sens
Visible au loin, depuis le plateau du Petit-Lancy, cette fresque monumentale dessinée par le Genevois Philippe Chappuis (alias Zep), figure désormais parmi les plus grandes de Suisse. Une prouesse qui aura donné du fil à retordre à l’artiste, plus habitué aux formats réduits. «C’est la première fois qu’un de mes dessins est imprimé à cette taille. Il a fallu être très précis dans le tracé du crayon car chaque détail allait être ensuite agrandi», témoigne le célèbre bédéaste, qui avait déjà dessiné des réalisations similaires à Onex, Lausanne, Bruxelles et Angoulême.
C’est ensuite une entreprise lyonnaise, CitéCréation, qui a pris le relais pour reproduire l’œuvre murale à l’identique, et ce, en l’espace de deux semaines seulement.

Résultat: Titeuf et Nadia, plus grands que jamais, se retrouvent au sommet de deux piles de livres instables et hétéroclites, séparés par une colonne de fenêtres. Bien plus qu’une simple œuvre d’art qui embellit une façade, cette fresque se veut en réalité symbolique pour tout le quartier. Pour Stéphane Lorenzini, «elle contribuera à donner une image positive à ce quartier dont on entend parfois parler en mal», tandis que pour Zep, le message est clair: «A l’image de Titeuf qui s’approche enfin de son but ultime (embrasser Nadia), les livres nous font grandir et nous font atteindre nos rêves.»
Enfin, Armin Gote, le directeur real estate de Patrimonium a profité de l’inauguration pour donner le mot de la fin, soulignant que «cette façade représente un très beau mélange d’art et d’immobilier, permettant une fois de plus d’inscrire ce bâtiment dans l’histoire de la région genevoise».