Le quartier des Grottes

Tout le rend unique

Le quartier tiendrait son nom du cours d’eau le Nant des Grottes, selon certain, ou de l’endroit où l’on cachait le vin dans cette zone essentiellement viticole, comme l’indique le nom de la gare qu’il côtoie, corne-à-vin.

Les Grottes, aujourd’hui, c’est le quartier populaire et alternatif par définition. Tout le rend unique.

Le tissu associatif y est tel que les habitants y nouent des liens réels. Un sentiment de proximité renforcé par le fait qu’aucun axe de circulation ne traverse le quartier. La place est aux piétons, aux terrasses et aux initiatives artistiques !

Pour goûter à ce savoir vivre autrement, il suffit de se rendre au marché des Grottes le jeudi dès 16h. Les Genevois s’amassent en nombre sur la place des Grottes dans la bonne humeur autour d’un verre de vin ou d’une brioche salée. La Maison verte participe à cette volonté de rapprocher les gens avec douceur. Les Grottes sont aussi autant de promenades qui charment les yeux autant que le cœur.

La Galerie propose expositions et lectures publiques alors qu’un micro festival débranché fait vibrer l’Almacén, rue des Grottes. Et si par hasard, votre vélo vous lâche en route, aucun problème, Péclôt 13 vous le rafistole, car derrière la façade colorée, il y a aussi un nombre bien grand d’idéaux que l’on défend.

C’est sans doute aussi ce qui fait le charme des grottes, au-delà des maisonnettes et rues décorées. Les Grottes, c’est avant tout une envie de se réunir autour d’autant de rêves que de réalités. Et comme le dit la chanson du quartier : « Dans les Grottes, on restera ! ».

Rédactrice : Zelda Chauvet

Moments de vie

Le quartier des Grottes recèle des trésors en termes d'imagination

Le microcosme constitué par le périmètre situé au nord-ouest de la gare Cornavin recèle des trésors en termes d’imagination. Il présente un large éventail des multiples aspects de la vie socioculturelle inhérents à une cité urbaine moderne, mais accrochée à son passé et son enracinement rural.

L’esprit frondeur qui s’est toujours manifesté dans le quartier des Grottes apparaît comme figé dans le temps. On a l’impression de pénétrer dans un quartier où l’on va retrouver les senteurs du siècle passé. Ses petites échoppes et sa multitude de cafés et restaurants, son marché atypique - qui s’y déroule tous les jeudis en fin de journée avec prolongation en soirée autour d’un verre entre habitants - sont autant d’éléments fédérateurs. Si l’on se réfère au découpage imaginé par la Ville de Genève, l’ensemble des immeubles, rues, places, squares et autres habitations qui défendent leur appartenance aux Grottes ne constitue qu’une partie du quartier homologué sous le nom des Grottes-Saint-Gervais. La réalité est pourtant tout autre, car la vie dans le microcosme des Grottes reflète un caractère très distinctif des autres parties de la ville. L’agrandissement de la gare Cornavin laisse planer son ombre sur plusieurs immeubles du bas du quartier. Mais un projet de gare souterraine – largement défendu par les habitants - vient d’être admis comme étant une alternative envisageable à l’extension en surface et qui sauverait ces immeubles de la démolition.

Une identité bien trempée

Les habitants des Grottes revendiquent haut et fort une identité spécifique qui s’est renforcée au fil de ces dernières décennies à la suite des mouvements de contestation qui ont permis de sauvegarder le site des Grottes ainsi que celui de l’Îlot 13 qui lui est contigu. On ne saurait présenter ce quartier en passant sous silence les immeubles dits des Schtroumpfs, situés au haut des Grottes. L’ensemble cohérent de ses anciens bâtiments, tant leur originalité est déroutante dans cet endroit, pourrait être qualifié de cerise sur le gâteau.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le quartier des Grottes n’est pas érigé sur d’anciennes cavités souterraines, mais tire son nom de l’appellation d’une petite rivière, aujourd’hui disparue, dénommée le nant des Crottes tant elle charriait des eaux glauques. Ce nom fut publiquement rebaptisé en Grottes afin de ne pas choquer la morale et ne pas nuire à la réputation des lieux. Tout comme celui des Pâquis, de Montbrillant et des Délices, le territoire des Grottes fut rattaché à la Ville de Genève en 1850.

La nostalgie d’un prestigieux passé ouvrier et industriel

La plupart des anciens immeubles des Grottes ont été construits entre 1872 et 1880 par un entrepreneur du nom de Jean-Pierre Berger. Les habitants aiment bien parler de leur quartier en lui attribuant le qualitatif de village. Il en a d’ailleurs de nombreux attributs, tels que la place des Grottes, où se tient le marché, et ses rues qui se subdivisent en autant de branches à partir de ce haut lieu de vie culturelle.

Le quartier fait encore perdurer de son héritage industriel et manufacturier. Les plaques des rues nous le rappellent : Cité-de-la-Corderie, Industrie. La cordialité y est aussi bien vivante à la Rue des Amis. Et son ancienne vocation verte est toute proche, avec la Rue du Grand-Pré qui ouvre le quartier sur le vaste Parc des Cropettes.

On trouve aux Grottes de nombreux artisans et commençants. D’autres commerces traditionnels résistent courageusement contre la déferlante des supermarchés et d’Internet, tels que Girard aux Grottes, un incroyable bazar de renom, parce que l’on y trouve tout ce qu’il faut pour s’adonner à la passion de la cuisine. La classe ouvrière laisse peu à peu la place à des logements pour jeunes désœuvrés, mais aussi à une population plus aisée. Celle-ci apprécie la situation du quartier à deux pas de la gare et de la plupart des moyens de transport public qui irradient aux quatre coins de la Cité de Calvin.

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

Photographe : Magali Girardin www.magaligirardin.com

Célèbre à la ronde sur le plan architectural

L’ancien quartier des Grottes a bien failli disparaître totalement dès la fin des années 60. Il était prévu de raser l’ensemble des bâtiments. On envisageait alors d’y ériger un vaste complexe urbain et commercial. La population se mobilisa contre ces démolitions. Seul le haut du quartier succomba aux pelleteuses. Mais la construction des immeubles qui succédèrent aux bâtiments insalubres s’avère être une réussite majeure de l’architecture inspirée par le Catalan Antoni Gaudi et que l’on connaît sous le nom que la population lui affubla dès qu’ils commencèrent à sortir de terre: les Schtroumpfs. Ils ont été construits entre 1982 et 1984 par les architectes Robert Frei, Christian Hunziker et Georges Berthoud, sur l’emplacement de l’ancienne voirie de la Ville de Genève. Ces immeubles d’habitation attirent de nombreux curieux et architectes du monde entier en raison de son caractère hors du commun et révolutionnaire dans une ville pour l’époque.

Les habitants du bas des Grottes donnent pourtant l’impression de renier l’ensemble du lotissement des Schtroumpfs, comme si celui-ci était le symbole d’un combat perdu contre l’avancement de l’urbanisme moderne dans le haut du quartier. Ils ont pourtant tort et devraient en être fiers, d’autant plus que leurs enfants sont scolarisés au cœur de ce complexe architectural. Ils leur fraudaient au contraire le revendiquer haut et fort comme exemple d’une intégration urbaine bien réussie, même si l’ouverture de l’ensemble des immeubles des Schtroumpfs vers l’extérieur (sur la Rue de la Servette) ne se fait que par une entrée relativement modeste.

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

Photographe : Magali Girardin www.magaligirardin.com

Les Vents du Midi

Le souffle d’Otto Hnatek

D’origine tchèque, Otto Hnatek se qualifie comme étant un véritable habitant et artisan des Grottes, où il est arrivé de Suisse alémanique à l’âge de 22 ans. C’est en 1985 qu’il y loua un petit atelier pour assouvir sa passion de la réparation des instruments à vent, avec son épouse Alice. Il travaillait jusqu’ici pour une manufacture horlogère connue de la place. Il lui manquait pourtant le lien entre son métier de base et la musique qui hantait son esprit depuis l’âge de 15 ans. Il a donc fait ses premières armes dans la réparation des instruments à vent, puis est parti pendant trois mois au Japon pour se perfectionner chez un fabricant de flûtes traversières de renommée mondiale.

Aujourd’hui, il est réputé dans toute l’Europe comme le spécialiste de la discipline. Il n’oublie pas pour autant les autres instruments à vent qu’il répare, restaure, modifie et entretient surtout pour les musiciens de Genève et des environs. C’est la passion pour la musique qui l'a amené à mettre sur pied des « master class » pour les musiciens qui désirent se former et perfectionner leur maîtrise des instruments à vent avec l’appui de professeurs de musique. « Il ne s’agit pas de faire concurrence au Conservatoire, mais de répondre à la demande », précise Otto Hnatek.

Son identification avec le quartier est très forte. « Je me suis engagé dans le contrat de quartier qui a débouché entre autres sur la mise à disposition de la maison Bleu pour ses habitants », souligne-t-il. Il regrette seulement de ne pas avoir réussi à faire imposer une zone piétonnière dans l’ensemble du quartier. « Cela permettrait de rendre la rue aux enfants, comme dans un village. »

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

Photographe : Magali Girardin www.magaligirardin.com

Au Bois Logis

Des mezzanines suspendues pour optimiser chaque m2

« Quand j’étais petit, j’habitais en Nouvelle-Zélande. Il y avait une forêt pas loin de chez nous, et j’adorais monter dans les arbres et y construire des cabanes. » C’est ainsi que Vincent Windels, patron de l’échoppe, explique son goût pour les endroits perchés.

Il reproduit ses cabanes adorées dans sa spécialité, des mezzanines suspendues par des cordes au plafond des appartements. « Cela présente l’avantage de ne pas nécessiter de piliers et de gagner beaucoup d’espace libre sous celles-ci », note-t-il fièrement en parlant de son invention.

Il réalise ses étranges constructions de manière individuelle, sur mesure et en fonction des besoins de chacun. « Avec la pénurie de logements qui sévit à Genève, chaque mètre carré gagné est une belle victoire sur l’adversité », raconte ce menuisier qui travaille dans un atelier exigu, équipé bien évidemment d’une mezzanine où il a installé son bureau. En dehors de sa grande spécialité, il réalise d’autres mobiliers en bois, tels que des bibliothèques, des jardinières, etc.

« Je ne suis pas écolo, mais j’utilise un bois certifié et des cires à l’ancienne », confie Vincent Windels. Il a découvert ce quartier en 1996 et s’y est tout de suite très bien senti. Et pour contribuer à sa pérennité, il joue la carte de la proximité.

« Malheureusement, les petits commerces tendent à disparaître au profit de certaines associations qui n’ont pas forcément besoin de s’installer dans des arcades. »

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

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Genèveroule

Vélo et insertion

L’intérêt pour la Petite Reine que l’on constate à Genève vaut bien que l’on facilite l’accès à ce moyen de locomotion économique et écologique. C’est dans cet esprit qu’a été créée l’association Genèveroule, dont l’objectif est de promouvoir l’insertion professionnelle et sociale des personnes qui travaillent dans les ateliers et les magasins qu’elle a ouverts dans la Cité de Calvin.

La boutique de la Place Montbrillant est le lieu historique de l’association. « Il est aménagé avec un équipement de professionnels », nous explique Fabrice Calame, responsable de la gestion de l’activité commerciale et du développement de l’activité de l’association. On y prête gratuitement des vélos pendant 4 heures.

En 2016, pas moins de 36 000 opérations de prêt ont été assurées par l’association dans ses différentes arcades genevoises. Elle gère aussi des opérations de location de vélos à l’année ainsi que des activités de mobilité d’entreprises et s’occupe d’une campagne de promotion du vélo électrique auprès des communes, des entreprises et des organisations internationales. A cela s’ajoute la gestion quotidienne des deux « vélostation » de la Fondation des Parkings.

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

Photographe : Magali Girardin www.magaligirardin.com

Les Ateliers d’ethnomusicologie

L'ADEM

Créés en 1983 par Laurent Aubert et Astrid Stierlin, les Ateliers d’ethnomusicologie (ADEM) se sont fixé comme mission de faire rayonner les musiques du monde et plus largement les cultures musicales internationales. La vision des deux initiateurs de cette association, qui compte 500 membres cotisants et qui est soutenue par la Ville de Genève, était de ne pas combattre les mélanges de genres, mais de promouvoir la diversité musicale et la danse. Ils tirent parti de la diversité ethnique et culturelle dont peut se prévaloir Genève.

« L’ADEM détient une position qui n’a pas d’équivalent en Europe dans ces secteurs », précise Laurent Aubert. Présente à Montbrillant depuis 2001, elle y occupe une salle de danse et deux de musique, dans des locaux qui leur sont mis à disposition par la Ville de Genève. Sans oublier les deux salles de danse et celle de musique au sein du Musée d’ethnographique (MEG) pour des répétitions, des concerts et des spectacles.

« L’ADEM sert de plateforme de rayonnement de la musique et de la danse, et collabore avec diverses associations, fêtes de quartiers, animations scolaires, etc. », enchaîne Astrid Stierlin. « Cela permet ainsi de valoriser le travail et l’intégration des migrants. » L’association est particulièrement fière de son implantation dans le cadre du 21e festival la Croisée des cultures qui se tiendra cette année du 28 juin au 5 juillet, et vise à se faire rencontrer différentes cultures. Il en va de même de la Fête de la musique à laquelle elle a été associée dès le départ en 1992. En plus de ses spectacles, l’ADEM a développé une activité pédagogique dont profitent de nombreux musiciens migrants et qui permet de former des groupes d’origine étrangère. Au total, ce sont plus de 50 cours de musique qui sont dispensés dans de multiples domaines par des professeurs rattachés à l’ADEM. L’atelier de musicologie a compté cette année jusqu’à 200 élèves.

Source : Immoscope, le magazine de la Chambre genevoise immobilière www.immoscope-ge.ch et www.cgionline.ch

Rédacteur : Pierre-Henri Badel

Photographe : Magali Girardin www.magaligirardin.com