Couple enchanteur - Genève

Passion Thaïlande

Sandrine Pally et Yuttakan Pongkunsup orchestrent avec brio les restaurants Soï et Suahoy à Genève. Histoire d’un duo aussi passionnant que charmant.

Une énergie incroyable émane de Yuttakan Pongkunsup et Sandrine Pally.
Une énergie incroyable émane de Yuttakan Pongkunsup et Sandrine Pally. - Copyright (c) DR
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S’asseoir, ne serait-ce qu’un instant, en compagnie de Sandrine Pally et Yuttakan Pongkunsup est plus efficace que n’importe quelle séance d’éveil spirituel au fin fond du Vercors. Une énergie incroyable émane de ce tandem enchanteur. C’est sur la terrasse de Suahoy, leur deuxième restaurant, que nous prenons le temps d’échanger au sujet de l’univers des fourneaux, d’écouter leur parcours de vie – qui a commencé dans les rues grouillantes de Bangkok pour Yuttakan et dans la campagne genevoise pour Sandrine – et de finalement découvrir deux personnalités que le destin a eu la bonne idée de réunir. Tout en soulignant certaines de leurs différences, le fil de la discussion révèle toute la complémentarité de ce binôme qui, en espace de quelques années, est parvenu à raviver la flamme de la cuisine thaïlandaise à Genève.

Camp militaire

Difficile de masquer le sourire de Yuttakan Pongkunsup, tellement le personnage est solaire et jovial. La bonne humeur est sa marque de fabrique et lui permet d’avancer dans la vie avec légèreté et une certaine innocence quasi enfantine. Un brin plus réservée, Sandrine semble être l’élément raisonnable du couple mais n’en demeure pas moins aussi attachante que son mari. C’est en toute discrétion mais avec néanmoins une sacrée dose de savoir-faire et une connaissance très maitrisée du métier qu’ils séduisent tous deux leurs convives à coup de riz sauté au crabe, d’une entrecôte de bœuf dite «Le Tigre qui pleure», de palourdes à la confiture de piment doux ou d’une souris d’agneau confite durant toute une nuit, accompagnée de son curry massaman.

Petit-fils d’une pâtissière, Yuttakan dégustait les créations sucrées de sa grand-mère aux détours des artères bouillonnantes de la capitale sud-asiatique. «Je me rappelle encore avoir goûté à ses délices sucrés assis sur une feuille de journal dans la maison. Je suis heureux d’avoir grandi comme ça», se remémore le cuisinier. Fils de militaire, le jeune garçon évolue dans un camp de l’armée en pleine campagne thaïlandaise. Une expérience qui forge son caractère sans porter atteinte à sa déconcertante joie de vivre. A mille lieux de là, Sandrine passe son enfance dans la campagne genevoise. Arrière-petite-fille d’hôtelier, elle cultive rapidement la notion de service et de l’accueil. Passionnée par la cuisine du monde, ses parents lui font découvrir la cuisine asiatique. C’est lors de son deuxième stage durant ses études à l’Ecole hôtelière de Glion qu’elle découvre Bangkok et fera la rencontre de l’homme qui va chambouler sa vie.

Coup de foudre à Bangkok

La salle du Suahoy.diaporama
La salle du Suahoy.

Avant de conquérir le cœur de sa dulcinée, le cuisinier en devenir quitte sa ville natale pour Paris où il découvre l’univers culinaire d’un bistrot typiquement français. Tout en tombant sous le charme de la culture gastronomique hexagonale, il prend conscience qu’il doit faire ses preuves. «En plus de la rigueur et de la technique, j’ai appris le culte et le respect du produit. Quelle que soit l’origine culturelle d’une gastronomie, j’aime son côté traditionnel. En revanche, je n’aime pas la cuisine fusion», révèle-t-il. A son retour à Bangkok, il intègre la brigade du restaurant Reflexions à l’hôtel Athénée et rencontre Sandrine, qui effectuait dans la même période le deuxième stage de son cursus hôtelier. C’est le coup de foudre!

Initialement, Genève n’était pas dans le viseur du couple mais c’était sans compter sur le charme de Sandrine qui persuade son bien-aimé de venir sur les bords du Léman. «Sans avoir de projet professionnel bien précis, notre priorité était d’être ensemble», avoue Sandrine. Après une expérience au sein d’un grand hôtel, la voie de l’entrepreneuriat se profile. C’est le restaurant Soï qui ouvre ses portes en premier au cœur du quartier des Pâquis.Le succès ne se fait pas attendre et à ce jour les deux partenaires continuent d’être surpris par l’engouement suscité. Malgré les aléas de la crise sanitaire, ils maintiennent le cap et ouvrent Suahoy, leur deuxième affaire non loin de l’Hôpital universitaire de Genève. «Dès le départ, nous ne voulions pas proposer une cuisine thaïlandaise européanisée. Au contraire, nos plats sont le vrai reflet de la gastronomie en provenance de Thaïlande», rappelle Sandrine. Comment ne pas succomber!