Genève

Socratez-moi!

A quelques enjambées de l’Hôpital universitaire de Genève, le restaurant le Socrate continue de nous séduire par son insouciance culinaire, son naturel gourmand et sa fierté bistrotière.

L’intérieur du restaurant est toujours aussi accueillant et ravive l’esprit bistrot.
L’intérieur du restaurant est toujours aussi accueillant et ravive l’esprit bistrot. - Copyright (c) DR
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Avec sa veste chemise portée sous son costume blanc de cuisinier, Nicolas Giraud a une lointaine ressemblance avec le grand Alain Senderens... sans la cravate! Qui était-ce? Le chef parisien qui arborait cette même tenue dans son restaurant Luca Carton et qui fut précurseur de l’accord mets et vins. Bref, retour à Genève. Quel plaisir de voir le patron du Socrate virevolter dans la salle au milieu de ses convives. D’une efficacité redoutable, ce personnage discret respecte tous les codes de l’hospitalité bistrotière. Il débouche les bouteilles, prend les commandes, sert les plats canailles... le tout avec un sourire non dissimulé et une passion intacte du métier. Suis-je bien tombé? Peut-être, qui sait?

Quelle cave!

Du coup, la patience est de rigueur malgré une aide toute en jeunesse qui court aussi vite que son patron. Aucune importance, on se prélasse sur la terrasse bondée qui, malgré le bruit régulier des nouveaux itinéraires des transports publics genevois passant à proximité, conserve son charme estival. Avec ses carreaux noirs et blancs au sol, ses banquettes en velours rouge et son phonographe d’époque, l’intérieur du restaurant est quant à lui toujours aussi accueillant et ravive l’esprit bistrot. Côté flacons, quelle cave... mais quels prix! Les tarifs explosent pour les grands vins. Répercussion logique sur le consommateur, ce qui correspond malheureusement en tout point à l’envolée des prix qui touche actuellement le monde du vin.

Le vol au vent de champignons déglacés au cognac s’impose comme une évidence.diaporama
Le vol au vent de champignons déglacés au cognac s’impose comme une évidence.

Alors que mon cœur balance entre le pâté en croûte pistaché et la terrine à l’ancienne aux morilles, un choix s’impose. Ce sera finalement les deux, afin de bien débuter une soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Il est encore temps de lire les quatre commandements du Socrate avant de passer commande: «Les bons crus font les bonnes cuites; boire un canon c’est sauver un vigneron; j’aime le vin d’ici mais pas de l’eau de là; et n’écoute pas ton médecin, fais comme lui, bois du bon vin.» Un brin désinvolte et poétique, mais la messe est dite!

Nappe phréatique

Le vol au vent de champignons déglacés au cognac s’impose comme une évidence. La pâte feuilletée s’effrite aux premiers contacts d’un couteau pressé d’en découdre avec cette croustade canaille. Une très belle note à la sauce crémeuse. Côté plat, la joue de bœuf et sa (vraie) purée méritent dignement la mention de classique de la maison. Si tendre, si opulent... si bistrot! Quelle joie de constater que l’avocat et le chou kale n’ont pas encore franchi le seuil de la rue Micheli-du-Crest. Du côté ris de veau, une sauce bien trop sucrée enlise le plat dans une nappe phréatique lourde et trop sirupeuse. Dommage!

Les derniers convives quittent les lieux le sourire béat et nous comprenons également cet engouement qui nous submerge. Par les temps qui courent, le Socrate est un épisode de restauration rassurant et fait partie intégrante du peloton de tête des bistrots genevois. Laissez-vous happer par la simplicité maitrisée d’un lieu au charme fou et à la cuisine certes conventionnelle mais finalement si actuelle.